Covid-19 : à quoi pourrait ressembler un certificat sanitaire ?

A l’heure où les élus du Congrès s’interrogent sur la suite de la gestion de la crise sanitaire, la question d'un certificat sanitaire est à l'étude. Un laissez-passer pour ne plus maintenir la Nouvelle-Calédonie sous cloche et permettre la réouverture de nos frontières. 

Faudra-t-il bientôt présenter un certificat sanitaire pour voyager ? L’idée fait son chemin en Nouvelle-Calédonie alors que les frontières sont fermées depuis un an. Mais à quoi ressemblerait-il ? Que dit la loi ?

Un certificat sanitaire sous quelle forme ?

Il s’agirait d’un document numérique qui prouverait qu'une personne est vaccinée, qu'elle est immunisée ou qu'elle a obtenu un test négatif après avoir été infectée. Une sorte de laissez-passer sanitaire pour voyager entre pays qui l’acceptent, et éviter en conséquence, les mesures de restriction comme la quatorzaine obligatoire à destination. 
 

Le certificat sanitaire, c'est une solution technique. Elle permet deux choses : la sécurité des données et fluidifier les passages.

Docteur Kader Saïdi, chirurgien, gestion du risque et membre de l'institut santé


Un certificat vu comme un sésame selon le représentant des hôteliers de Nouvelle-Calédonie, pour faire revenir les touristes internationaux; une clientèle indispensable pour les grands hôtels de Nouméa notamment, dont le chiffre d’affaires a été divisé par trois avec la crise sanitaire. "On a une crise car nous n'avons plus de touristes qui arrivent de l'extérieur donc je pense que le certificat sanitaire sera développé j'en suis certain, au niveau mondial, puisqu'on est sur une pandémie", explique Jean-Pierre Cuenet, le président de l’Union des hôtels de Nouvelle-Calédonie (UHNC) 

Un laissez-passer pour la reprise économique

La pandémie paralyse le secteur du voyage. Franck Emery, gérant de tour-opérateur, ne vend plus de prestations depuis un an. Six employés au chômage partiel et peu de visibilité sur une éventuelle reprise. Il espère une réouverture des frontières et/ou la création de bulles de voyages. "Si tel pays demain exige tel et tel document, ou tel certificat électronique, il faudra bien qu'on l'ait pour pouvoir accéder à ce pays-là en vacances", explique-t-il.

Un laissez-passer qui permettrait également à des entreprises de faire venir de la main d’œuvre spécialisée pour des opérations très techniques.C’est le cas de la SLN favorable au certificat sanitaire pour des impératifs professionnels et qui permettrait notamment de simplifier la quatorzaine. Charles-François Grose, chef du département achats à la SLN, évoque la possibilité d'avoir une mesure aménagée pour des prestataires qui seraient vaccinés et qui auraient des tests PCR négatifs.
 

Ca nous permettrait d'avoir plus de réactivité, d'avoir un coût moins important permettant de mobiliser des gens moins longtemps et d'arriver à convaincre nos sous-traitants de bien vouloir mettre leurs agents à disposition.

Charles-François Grose, chef du département achats à la SLN

 

En complément, le Docteur Kader Saïdi indique : "Ce pass sanitaire, c'est juste un outil dans la stratégie de réouverture des frontières. On a une stratégie Covid-free qui n'est pas tenable sur le long terme, on est obligés d'évoluer vers une stratégie de Covid maîtrisé." 

Une mesure qui inquiète

Ce document suscite des inquiétudes concernant de possibles discriminations entre citoyens car le certificat sanitaire reviendrait à rendre la vaccination obligatoire, selon le collectif Reinfo Covid. "Ce pass sanitaire mettrait réellement en péril nos droits fondamentaux humains et ouvrirait la porte à une société totalitaire et de contrôle des populations, une société à deux vitesses avec deux catégories de citoyens : les vaccinés et les non-vaccinés. Est-ce que les gens qui n'ont pas été vaccinés pour raison médicale pourraient eux voyager ?", s'interroge Gaëlle Wery, la porte-parole et coordinatrice du collectif.

Pour le docteur Kader Saïdi, il faut insister auprès des anti-vaccins sur la maladie elle-même et ses conséquences sur la santé. "Il faut qu'ils reconnaissent qu'avec les données scientifiques, que les gens qui sont vaccinés sur certains variants, ils ne sont pas transmissibles donc on n'a pas à leur imposer autant de restrictions qu'une personne qui n'est pas vaccinée : c'est du bon sens", explique-t-il.
 

Des questions juridiques 

De nombreuses questions subsistent. Juridiquement, le certificat sanitaire est-il ainsi possible ? Oui, mais à certaines conditions, selon Charles Froger, Maître de conférences en droit public, car cela porte atteinte à certains nombres de droits et de libertés comme la liberté de conscience, de ne pas vouloir se faire vacciner, la libre disposition de son corps... "qui sont des droits garantis par les textes constitutionnels français, internationaux et européens", indique Charles Froger.

Par ailleurs, concernant la vaccination obligatoire, cette dernière ne serait pas impossible juridiquement "dès lors qu'elle est réduite à un certain nombre de personnes. C'est une délibération du Congrès à minima, qu'il faudrait adopter et il ne serait pas non plus impossible de passer par la loi du pays, qui permettrait un débat plus approfondi sur cette question qui clive la société calédonienne et qui pose une question éthique important.e" 

Reste à la Nouvelle-Calédonie, compétente en matière de santé, à définir les critères d’un éventuel certificat sanitaire. 

Retrouvez l'intégralité de l'entretien du Docteur Kader Saïdi, avec Loreleï Aubry.