Covid-19 : le témoignage d’un Calédonien qui a frôlé la mort

Ses proches l’ont surnommé « le miraculé de Pâques ». En début d'année, Jacques Pignol contracte le Covid-19 lors d’une évasan à Paris. Déjà atteint d’un cancer, ce Nouméen perd connaissance et part en réanimation. Pour les médecins, il est condamné. La vie en a décidé autrement.
Quand Jacques Pignol quitte la Calédonie pour la Métropole, la France est sur le point d’entrer en confinement. A Paris, il passe un examen pour une tumeur à l’intestin. Diagnostiqué positif au coronavirus, on lui prescrit de l’hydroxychloroquine.
 

« Ce médicament, j’avais l’impression qu’il m’avait anéanti »

« Je suis resté la première nuit aux urgences, et le lendemain matin, on est venu m’apporter le Plaquenil, le fameux traitement contre ce virus » explique Jacques Pignol. « J’étais étonné de le voir sur ma table. Je l’ai pris, j’ai obéi à ce que l’infirmière m’a ordonné. Et à partir de ce moment là, dans la journée, mon état s’est dégradé avec une extrême fatigue. Ce médicament, j’avais l’impression qu’il m’avait anéanti ». 
Au deuxième cachet, Jacques perd connaissance. C’est le trou noir.
 

La famille prévenue d’une mort prochaine

A 22 000 km de là, sa femme Brigitte apprend que la fin est proche.
« C’est la médecin qui m’appelle pour me dire : votre mari a 75 ans, et en plus il a un cancer. Le surlendemain, on me dit : Madame Pignol, on aide votre mari à partir en douceur. Mais je peux vous dire que c’est un coup de poignard que l’on reçoit, un tsunami vous envahit. J’ai du mal à trouver vraiment les mots » confie l’épouse de Jacques.   
Installée à Bordeaux, leur fille Céline est autorisée à le voir. Une exception. Après neuf jours en réanimation, Jacques reprend connaissance, mais le réveil est rude.
« C’est ma fille Céline qui est venue m’assister qui m’a expliqué quinze jours après que j’avais frôlé la mort, que les médecins ont prévenu ma famille que j’étais en fin de vie et qu’il fallait faire les démarches administratives. Et ça, ça a été un moment très difficile ». 
 

Volontaire pour une étude

De retour en Calédonie mi-juillet, Jacques est placé en quatorzaine à l’hôtel avant de rentrer enfin chez lui. Peu à peu, la vie reprend son cours, aux cotés de Brigitte, mais certains réflexes restent.
« Quand je vais dans un magasin, je mets le masque, encore. Mais en Métropole, il n’y a pas de discipline. Ici, on est sorti du point critique de cette pandémie, alors qu’en Métropole, on y revient ».   
Aujourd’hui, Jacques veut aider la recherche à sa façon.
Il s’est porté volontaire pour une étude sur les patients atteints d’un cancer, porteurs du Covid-19 et traités à l’hydroxychloroquine.
Le reportage de Coralie Cochin et Carawiane Carawiane 
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