Ce sont les plus vulnérables face à la pandémie de Covid 19 : les personnes âgées représentent aujourd’hui la majorité des décès. Et à l’angoisse de contracter la maladie s’ajoute la difficulté à supporter le confinement, non sans conséquence sur leur santé morale.
Des pensionnaires isolés
Dans une maison de retraite de Dumbéa, le déjeuner n’est pas des plus conviviaux mais la sécurité sanitaire, à son maximum. Repas en tout petit groupe, respect des gestes barrières et des règles de distanciation, suspension des visites.
Colette Ahon, 79 ans, explique que le plus difficile pour elle est de ne pas voir souvent sa fille : " avant, elle venait me voir une fois par semaine à peu près. Et de ne pas voir mes petits-enfants, c’est dur aussi".
Même son de cloche du côté de Claude Guillerme, un pensionnaire de 84 ans qui avoue vivre cette période "avec difficulté".
"Je me sens pas bien dans mon milieu, avec les problèmes qu’il peut y avoir, à droite, à gauche, sur la santé… Y’a des décès autour de moi aussi, c’est pas facile à supporter".
Garder le lien avec les familles
Reste à rompre la monotonie des journées pendant des ateliers, animés par des aides-soignants qui tentent aussi de soulager les angoisses des résidents.
"Pour garder quand même ce lien avec les familles, on a un groupe Facebook où là, ils peuvent parler avec leur famille par Messenger en vidéo" explique Robertina Helevaut, aide-soignante. "Dès qu’ils se disent j’ai envie de parler à ma femme, à mes enfants, tout de suite on les appelle".
Au CHS, des patients déboussolés
Même défi face à l’isolement des personnes âgées au CHS de Nouville où cinq patients Covid de plus de 60 ans sont pris en charge. Des patients coupés de tout contact, pour leur sécurité. Un quotidien chamboulé.
"D’habitude les couloirs sont ouverts ils vont en salle de kiné, il y a une vie quand même un peu. Ils vont manger tous ensemble, et là ils peuvent pas donc ils se retrouvent un peu enfermés dans leur chambre" explique le Dr Valérie Albert-Dunais, gériatre chef de service CHS – centre de gérontologie clinique. "On essaye d’être avec eux mais on voit que c’est difficile et puis notre habillement, le fait qu’on ait les masques, ils nous reconnaissent pas alors que d’habitude ils nous reconnaissent … on le voit à l’unité Alzheimer, le kiné me disait hier que d’habitude il arrive à les faire marcher et là, habillés comme des cosmonautes, ils ont peur".
Et c’est bien l’un des risques associés à cette période d’isolement : l’accélération des syndromes dits de glissement ou quand les seniors perdent toute envie de vivre par désespoir.
Le reportage de Loreleï Aubry et Gaël Detcheverry