Plongée dans une crise économique sans précédent, elle-même consécutive à une crise sociale et politique inédite, la Nouvelle-Calédonie pourra-t-elle se redresser ? Les membres de NC Eco, groupement de chambres consulaires, d'organisations et de syndicats patronaux veulent en tous les cas y croire.
C'est dans cette perspective qu'ils ont présenté à la presse ce lundi 4 novembre, une liste de mesures, issues d'une concertation avec 150 chefs d'entreprise. Concertation qui a nécessité près de 1000 heures de travail. Un plan de 140 pages, consultable ici, qui devrait être bientôt présenté au Congrès de la Nouvelle-Calédonie, au Sénat coutumier et aux acteurs économiques du territoire.
La réduction des dépenses publiques
Condition sine qua none du projet : "une réduction drastique de la dépense publique" visant à ramener en 5 ans "les dépenses de fonctionnement à 12% du PIB contre 20% aujourd'hui". Un objectif que le monde économique pense pouvoir atteindre, entre autres par le biais de mesures qui ne susciteront pas l'enthousiasme de la fonction publique : NC Eco évoque ainsi la suppression de 5000 postes de fonctionnaires et contractuels ainsi que la désindexation des futurs agents.
Un autre sujet politiquement sensible est posé sur la table : le transfert de compétences "non ou mal exercées" vers l'Etat. Le droit civil, le droit des assurances, la sécurité civile sont notamment cités. Enfin, "certains secteurs devront être privatisés selon des critères de priorisation". Si le document ne mentionne aucune entreprise, difficile de ne pas penser à l'OPT, l'un des plus importants monopoles publics en Nouvelle-Calédonie. Un projet de loi de pays porté en début d'année par Christopher Gygès prévoyait d'ailleurs d'ouvrir le marché de l'accès à Internet, suscitant quelques inquiétudes parmi les syndicats de l'Office des postes et télécommunications.
Une refonte du système fiscal
Parmi les principaux axes de ce plan, le groupement préconise également une refonte "totale" du système fiscal, dont les récentes réformes engagées par le gouvernement Mapou avaient suscité une levée de boucliers de la part du patronat. Il s'agirait notamment de simplifier les dispositifs "en instaurant 9 taxes au lieu des 140 actuelles, en privilégiant les assiettes larges et la progressivité de l'impôt".
Dans le détail, ces neuf taxes concerneraient des domaines "classiques" comme les revenus des personnes physiques, la consommation, la propriété ou encore l'importation. Fait nouveau, les transactions financières ("par carte, virements, retraits-dépôts de liquide ou de chèques") seraient elles aussi ponctionnées.
NC Eco évoque "une amélioration de la compétitivité", "une réduction du coût de travail" et in fine, un "meilleur développement économique". "On veut arriver à un système lisible, équitable et soutenable pour l'ensemble des Calédoniens", assure Mimsy Daly, présidente du Medef-NC et membre de NC Eco.
Le soutien aux filières locales
Quid du nickel, secteur vital pour l'économie calédonienne ? Le plan de NC Eco évoque des axes de travail et de développement sans vraiment rentrer dans le concret. Seules deux mesures précises sont évoquées :
- La compensation du surcoût structurel de l'énergie, qui constituait déjà l'axe principal du projet de pacte nickel.
- L'abaissement de la pression fiscale sur l'industrie minière pour "assurer un fléchage plus important des recettes au bénéfice des populations à proximité des sites miniers".
Outre le nickel, le groupement insiste sur le soutien aux autres filières, dont le développement "nécessite une stratégie de long terme" et pose "la question de la gouvernance". Il préconise en parallèle une généralisation des dispositifs de formation professionnelle et un meilleur accompagnement vers l'insertion.
Des mesures d'urgence au préalable
Avant de pouvoir mettre en pratique les idées du plan, NC Eco insiste sur l'urgence de réunir des conditions favorables à la reprise économique. Parmi elles, le maintien d'un dispositif de forces de l'ordre suffisant pour garantir l'ordre public, le retour au dialogue de la part des acteurs politiques ainsi que la prolongation du soutien d'urgence de l'Etat "au moins jusqu'à mi-2025".
Un accompagnement dont la visibilité demeure très restreinte pour le moment. La récente visite du ministre des Outre-mer François Noël Buffet avait laissé pantois les acteurs économiques, qui s'attendaient à des mesures significatives de la part du gouvernement national.