Crise en Nouvelle-Calédonie. Dans un courrier en forme de plaidoyer, une partie du monde économique estime que Bruno Le Maire "ne propose pas les bons remèdes"

Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, a annoncé une réunion avec les assureurs de Nouvelle-Calédonie.
L’État doit indemniser les frais fixes des entreprises de manière massive et sans condition, plaide le monde économique calédonien dans un courrier adressé à son ministre de tutelle et rendu public ce jeudi. Pour les nombreux acteurs s'exprimant d'une seule voix, Paris doit prendre conscience que la situation est "gravissime" et qu'une "course contre la montre est engagée".

"Le diagnostic vital de l’économie calédonienne est engagé. Le ministre de l’Économie et des Finances ne propose pas les bons remèdes." C’est le cri d’alarme lancé par de nombreux acteurs économiques dans un courrier commun adressé à Bruno Le Maire. Daté de ce jeudi 4 juillet, il implique le Medef, la CPME, la FINC, le Syndicat des commerçants, la Confédération des professionnels de l’immobilier, l’Union des hôtels  de Nouvelle-Calédonie ou encore la Fédération des professionnels libéraux de santé. Et une longue liste de signataires conclut cette vive alerte.

Une économie "à l'arrêt"

"A part quelques secteurs économiques épargnés, l’ensemble de l’économie calédonienne est à l’arrêt", constatent les auteurs de la lettre. "Les entreprises non brûlées et non vandalisées sont bien malgré elles en train de devenir sinistrées également ; sinistrées par l’arrêt brutal de l’économie, prise en otage par le non-retour de l’ordre public, la perte de confiance et l’arrêt brusque de la consommation."

L’État depuis Paris ne semble pas - ou ne veut pas - prendre conscience de la gravissime situation dans laquelle nous sommes.

Courrier des acteurs économiques à Bruno Le Maire, le 4 juillet 2024

"Mesurette"

Pour ces représentants des professionnels, "une mesurette a certes été mise en place à travers la première phase d’un plan de solidarité, mais cela ne règle rien. L’étude au cas par cas qui devait déboucher sur la deuxième phase du plan de solidarité n’a pas avancé huit semaines après", pointent-ils. "Puis viennent d’être annoncées une nouvelle série d’aides - annoncées comme providentielles et généreuses - pour refinancer les banques dans le but de reconstruire, et dans l’attente des indemnisations des assurances."

"Pas encore l’heure de la reconstruction"

Or, insistent ces acteurs économiques, "ce n’est pas encore l’heure de la reconstruction (…) Il faut d’abord que cessent les destructions et que revienne l’ordre public."

Pour l’instant, ce ne sont pas des prêts pour reconstruire les entreprises qu’il nous faut, mais une indemnisation directe des charges fixes à toute une économie à l’arrêt, que ce soit les entreprises détruites et bien assurées, mais aussi celles moins bien assurées, ou toutes celles qui ne sont pas détruites mais subissent une perte totale ou partielle de leur activité.

Courrier des acteurs économiques

"Un tiers des employés du privé" au chômage à court terme ?

"On parle déjà de 20 000 chômeurs à la fin de ce mois, ce qui représente près d’un tiers des employés du secteur privé !", martèlent-ils. "Ce chiffre hallucinant témoigne par lui-même de la situation de l’économie." Quant aux montants mirobolants des dégâts que le courrier attribue à "des actions terroristes", ils "ne pourront être assumés par les assurances seules".

L’État doit accepter d’indemniser les frais fixes des entreprises de manière massive et sans condition. Sans quoi l’économie de la Nouvelle-Calédonie va s’effondrer, entrainant avec elle le secteur public (…) Suivra aussi une crise sociale sans précédent.

Courrier des acteurs économiques

Une lettre qui termine par cette requête : "De grâce, ne demandez plus aux entreprises de se tourner vers leurs banques pour emprunter de l’argent afin de payer les conséquences de la situation, indemnisez-les dignement. La course contre la montre est engagée, c’est la condition première pour sauver la Nouvelle-Calédonie de ce cataclysme économique et social."