"Lorsqu'on s'interroge, qu'on réfléchit et qu'on agit sur la Nouvelle-Calédonie, il faut le faire avec une certaine humilité". C'est en ces termes que l'ancien Premier ministre Edouard Philippe, invité sur LCI dimanche 26 mai, a débuté son entretien concernant la crise en Nouvelle-Calédonie.
Il est revenu sur le contexte "très compliqué", tant d'un point de vue politique, que juridique et humain. Et l'histoire coloniale du territoire. Pour Edouard Philippe, "en Nouvelle-Calédonie, c'est toujours l'accord politique qui prime sur tout (...) le rapport de force ne permettra jamais un retour durable à l'ordre public". Et de poursuivre, "la seule chose qui puisse le garantir, c'est un accord politique entre les responsables qui acceptent de définir le cadre dans lequel ils veulent vivre ensemble".
"Des gestes politiques forts sont nécessaires"
Autre ancien Premier ministre à s'exprimer sur le dossier calédonien, Lionel Jospin a, lui, signé une tribune dans Le Monde, lundi 27 mai. "Pour sortir du mieux possible de l'actuelle épreuve, il faut impérativement renouer avec le désir de concorde et la recherche de consensus, qui ont guidé les forces politiques néo-calédoniennes quand elles étaient assurées de l'impartialité de l'Etat", écrit Lionel Jospin.
L'ancien Premier ministre en 1997 est l'un des signataires de l'Accord de Nouméa, du 5 mai 1998 "avec Jacques Lafleur, Roch Wamytan et Paul Néaoutyine", rappelle-t-il. Il salue la venue d'Emmanuel Macron sur le territoire. Mais, selon lui, "le président est resté ambigu sur des questions essentielles : l'élargissement du corps électoral pour les élections provinciales, le sort de la réforme votée dans les deux chambres, la convocation ou non du congrès", à Versailles.
Il ajoute que "des clarifications rapides de sa part sont nécessaires. Le chef de l'Etat, devrait aussi s'interdire la tentation de l'ultimatum". "Si le retour au calme est à l'évidence urgent, des gestes politiques forts sont nécessaires pour le garantir. Il faut renouer avec la méthode consensuelle", assure Lionel Jospin.
"Le passage en force conduirait au chaos total"
Autre prise de parole, celle de l'ancien Premier ministre Manuel Valls, dans Le Point. Il estime, lui aussi, qu'un "passage en force conduirait au chaos total". Et d'ajouter qu'avec "un référendum, Emmanuel Macron commettrait une faute historique".
Manuel Valls s'est également opposé à un ultimatum, il y a quelques jours dans les colonnes du Figaro. "Si on joue les uns contre les autres, ça ne marchera pas. On ne peut pas travailler sur le dossier calédonien en posant des ultimatums".
Il demande à l’inverse, "un report" de la réunion du congrès (Assemblée nationale et Sénat). "C’est le nœud du désaccord et l’hostilité profonde des indépendantistes".
"L'Etat n'est plus perçu comme un partenaire loyal"
Ce lundi 27 mai, Thierry Lataste, ancien haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie, était l'invité de nos confrères de France info. Il a été négociateur de l'Accord de Nouméa et haut-commissaire sur le territoire, de 1999 à 2002, puis de 2016 à 2019. Selon lui, l’Etat manque d'impartialité depuis plusieurs années.
Il donne plusieurs exemples : le maintien du troisième référendum en 2021, la nomination de Sonia Backès au gouvernement. Pour lui, "si le projet de dégel du corps électoral a été l’élément déclencheur de la crise, ce n’est pas la seule explication. La société calédonienne est marquée par un mal-être, et de très fortes disparités, qui ne cessent d’augmenter".