Débat houleux sur l'utilisation des couleurs tricolores pour le référendum

Pour ou contre la modification des règles organisant le référendum ? Débats vigoureux, au Congrès de la Nouvelle-Calédonie. En jeu, un avis quant à l'utilisation du drapeau français sur la propagande référendaire. Après quatre heures de discussions musclées, la question... n'a pas été tranchée.
Quand les deux drapeaux se réinvitent dans le débat politique… Ce vendredi matin, à la demande du haut-commissariat, le Congrès était réuni en session extraordinaire. L’objet : donner son avis sur un projet de décret autour du prochain référendum. Le texte concernait la convocation des électeurs et l’organisation globale
 

Un alinéa qui a du poids

Pour faire court, si le décret était pris en l’état, les règles pour la consultation du 6 septembre 2020 seraient les mêmes que celles du 4 novembre 2018. A une exception près : dans un article du code électoral, un alinéa serait supprimé. Celui qui interdit habituellement l’utilisation du drapeau français sur les affiches et circulaires électorales. 
 
 

Paradoxe ?

Raison invoquée : cette règle nuirait à la symétrie des moyens, les partis indépendantistes étant autorisés à utiliser le drapeau du FLNKS, alors que les partis non indépendantistes n’ont pas le droit d’utiliser le drapeau français. Relevant un paradoxe, en 2018, le Conseil supérieur de l’audiovisuel avait choisi d’interdire les deux drapeaux dans les clips officiels. 
  

«Liberté d'expression»

La nouvelle règle autoriserait donc l’utilisation de l’emblème tricolore dans un souci d’équité. C’est du moins l’avis du camp non-indépendantiste. Il invoque entre autres la liberté d'expression dans le fait d'utiliser le symbole de la République à laquelle les loyalistes sont attachés.
 
 

«Atteinte aux conditions du scrutin»

Les indépendantistes estiment au contraire qu’une telle modification est un acte politique majeur qui entache la neutralité de l’Etat. Pour Louis Mapou, l’introduction de cette disposition porte atteinte aux bonnes conditions du scrutin.
 

Nous considérons, en ce qui nous concerne, que l’Etat prend position en faveur du maintien au sein de la République.

- Louis Mapou, président du groupe Uni

  

Un avis qui divise

Rappelons qu’il s’agissait d’un avis demandé au Congrès, c’est à dire une position qui a une valeur consultative. Ce qui n’a pas empêché quatre heures d’échanges houleux. L’Avenir en confiance a mis fin à ce débat intense en déposant ce qu’on appelle une «motion préjudicielle». 
 

Puisque les indépendantiste et l’Eveil océanien étaient opposés, nous étions minoritaires. Nous avons déposé cette motion pour ajourner le débat.
- Virginie Ruffenach, présidente du groupe Avenir en confiance

 
Philippe Michel pour Calédonie ensemble.
 

Ne pas «porter à confusion»

«L’Eveil océanien, concernant ce décret, va s’abstenir», avait en effet annoncé Milakulo Tukumuli. «L’idée de l’Etat de pouvoir insérer le drapeau français va porter à confusion.»
 

Nous souhaitons que les conditions du premier référendum soient les mêmes au second et au troisième référendums.
- Milakulo Tukumuli, pour L'Eveil océanien

 

Renvoi au Conseil d'Etat

La motion préjudicielle a été adoptée, renvoyant de fait la balle dans le camp du Conseil d’Etat : c'est lui qui pourra valider ce projet de décret ou pas. Elle a reçu 27 voix pour, 25 voix contre et une abstention. Celle de Milakulo Tukumuli, sachant que les deux autres élus appartenant à l’Eveil océanien ont voté pour. 

Le reportage télé de Caroline Antic-Martin et Gaël Detcheverry :
©nouvellecaledonie

Le reportage radio de Jeannette Peteisi : 

Débat au Congrès sur le drapeau