Début 2020, l’économie calédonienne plonge mais ne coule pas, analyse l'IEOM

Arrivée de paquebot au port autonome de Nouméa... avant la crise du coronavirus.
L'Institut d'émission d'outre-mer présente les tendances conjoncturelles du premier trimestre 2020. Le monde économique semblait reprendre espoir, quand la Nouvelle-Calédonie a été touchée de plein fouet par la crise Covid-19. La pandémie a notamment un très fort impact sur le climat des affaires.
Parmi les indicateurs économiques, le «climat des affaires» consiste à jauger la conjoncture d'après le ressenti des chefs d’entreprise. Là, les voyants clignotent en rouge : moins dix-sept points en un trimestre ! Le climat des affaires tombe à son plus bas niveau historique, relève l'IEOM : 78,2. Il se trouve 21,8 points en dessous de sa moyenne de longue période, effaçant «plus que la totalité de la remontée progressive observée au cours de l’année 2019».
 
 

Le tourisme et les transports d'abord

Car même si le confinement a été décrété en Calédonie fin mars, «les incidences économiques de la pandémie se sont faites ressentir dès le premier trimestre». C’est le cas par exemple de la croisière et, plus largement, du tourisme et des transports qui restent «fortement exposés au contexte mondial». Parmi les professionnels du secteur qui ont été interrogés, près de 20 % ont perdu plus de la moitié de leur chiffre d’affaires
 
 

Le nickel résiste

Certains secteurs résistent mieux à la crise. C’est le cas du nickel. Certes, la production minière a été ralentie par les intempéries et «dans une moindre mesure, par le début du confinement». Mais elle reste sensiblement la même qu’au premier trimestre 2019. En raison des autorisations données à la SLN, les exportations de minerai poursuivent «leur montée en puissance» (+ 27.3 % en volume sur un an). Et la production métallurgique s'avère, elle aussi, à la hausse (+ 11 % en glissement annuel) grâce au ferronickel (+ 5,8%) et à l’oxyde de nickel (+ 33,2%).
 
Conteneur de ferronickel calédonien pour l’acier inoxydable chez Aperam en Belgique.


Comment s’annonce le deuxième trimestre ?

Les professionnels redoutent les conséquences du confinement sur le mois d’avril. Selon les estimations, le produit intérieur brut calédonien aurait reculé de 3,6 points pendant ce mois de mise en sommeil de l'économie, et les effets induits se font ressentir. Trésoreries dégradées, forte hausse des impayés…: «La grande majorité des entrepreneurs participant à l’enquête prévoient de réduire leurs investissements au cours des douze prochains moins», prévient l’IEOM.
 

Pessimisme sur l'emploi

Les perspectives en matières d’emploi semblent «pessimistes». Plus de 7 % des employeurs interrogés disent avoir eu licencié à cause de la pandémie. Même si le recours aux congés forcés, pour plus de la moitié d’entre eux, et au chômage partiel, pour 48 %, «a permis d’atténuer l’effet du confinement sur l’emploi». Les statuts les plus précaires, tels que les CDD et les emplois par intérim, ont servi de «variables d’ajustement».
 
 

Promis à un avenir différent selon le secteur

L’horizon s’avère disparate, selon le secteur d’activité. Les frontières étant toujours fermées, le tourisme devrait rester la filière la plus touchée, avec neuf professionnels sur dix qui prévoient une forte dégradation de leur activité.

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Dans tout l'Outre-mer, «un rattrapage compromis»

Maigre lot de consolation, le Caillou pourrait être moins affecté que d'autres collectivités. Depuis le siège parisien des Instituts d'émission, le bilan a en effet été dressé, cette semaine, de la situation économique et monétaire à l'échelle de l'Outre-mer français - la conjoncture ultramarine en 2019 et les perspectives pour 2020. Il est question d'«un rattrapage compromis».
 
 

Perspectives dégradées

«En 2020, les perspectives sont particulièrement dégradées au regard des caractéristiques structurelles des économies ultramarines et des premières évaluations d’impact de la crise», évalue l'IEOM. Ces économies s'avèrent très dépendantes des échanges extérieurs. «La crise sanitaire, dont l’ampleur est mondiale, impacte directement les chaînes d’approvisionnement et les marchés qui constituent les débouchés habituels de chaque territoire.»
 

La part de TPE

«Le tissu économique, composé à plus de 95 % de TPE [très petites entreprises] dans l’ensemble des Outre-mer, apparaît par ailleurs particulièrement vulnérable aux chocs conjoncturels», poursuit l'analyse. «D’un point de vue sectoriel, la place centrale du tourisme dans les économies ultramarines pourrait pénaliser la reprise de nombreuses activités alors que le secteur devrait être impacté sur une plus longue période.»
 

La crise devrait être d’une ampleur assez proche de celle de l’Hexagone pour la plupart des géographies ultramarines, à l’exception de la Polynésie française, fortement impactée en raison de sa dépendance au tourisme et, par contraste, de moindre amplitude pour la Nouvelle–Calédonie, compte tenu de son tissu industriel plus développé et diversifié que dans d’autres géographies.
- IEOM

 

Poids du public

Raison pour laquelle l'impact de la crise s'annonce particulièrement douloureux pour la Polynésie. Mais «par contraste», il devrait être «de moindre amplitude pour la Nouvelle–Calédonie, compte tenu de son tissu industriel plus développé et diversifié que dans d’autres géographies». Autre élément à prendre en compte en Outre-mer : «le poids plus important du secteur public en outre-mer, touché dans une moindre mesure par la crise, peut jouer un rôle d’amortisseur».