Lors d’une expédition au cœur des îles Salomon, des chercheurs de National Geographic ont mis au jour un corail d’une taille spectaculaire, bien plus large qu’une baleine bleue. Ce géant des profondeurs, resté caché des yeux humains pendant plusieurs siècles, pourrait devenir un symbole de résilience pour les récifs en danger.
Un colosse marin sans égal
Il mesure 34 mètres de large, 32 mètres de diamètre et 5,5 mètres de haut, ce corail unique surpasse les précédents records, comme celui de “Big Momma” aux Samoa américaines. Située dans l’archipel des Three Sisters, cette formation colossale, du type Pavona clavus, a d’abord été confondue avec un rocher ou les vestiges d’une épave par l’équipe de plongeurs.
Selon Enric Sala, explorateur pour National Geographic, cette découverte est un événement scientifique majeur, comparable à la découverte d’un arbre millénaire caché dans une forêt isolée. "À une époque où nous pouvons observer chaque parcelle de terre grâce aux satellites, l’océan continue de garder des secrets fascinants", souligne-t-il.
Un sanctuaire de vie sous-marine
Ce corail géant, malgré son âge estimé entre 300 et 500 ans, affiche une santé étonnante. Situé en eaux profondes, il prospère là où d’autres récifs proches montrent des signes de dégradation, victimes du réchauffement des eaux.
C’est un bastion de biodiversité, qui prouve que certains récifs peuvent résister au changement climatique dans des conditions optimales.
Eric Brown, biologiste spécialiste des coraux et membre de l’expédition
Avec sa structure complexe, il attire une grande variété de poissons, des nettoyeurs aux raies manta, et joue un rôle de refuge et de point d’ancrage pour la faune marine locale. Sa capacité de reproduction pourrait, à terme, aider à repeupler les récifs environnants.
Un monument naturel pour les îles Salomon
Pour Adam Smith, professeur associé de l’université James Cook, en Australie, ce corail revêt une importance culturelle et écologique.
Pour cette région, c’est une structure emblématique, un repère aussi notable que le Sydney Opera House pour l’Australie.
Adam Smith, professeur associé de l’université James Cook en Australie
Selon lui, sa protection et son étude permettront de mieux comprendre les conditions favorisant la longévité des coraux géants.
Ronnie Posala, du ministère des Pêches des îles Salomon, espère que cette découverte sensibilisera davantage les communautés locales aux enjeux de préservation marine. "Notre culture est liée à notre océan. Cette découverte renforce notre devoir de protéger ce qui nous soutient", déclare-t-il. Dennis Marita, chef de la communauté locale, prévoit déjà un intérêt accru pour cette zone reculée et appelle à des mesures de conservation adaptées pour éviter les dommages liés à un potentiel afflux touristique.
Une mission pour la survie des océans
L’équipe Pristine Seas de National Geographic a lancé cette expédition en octobre, avec l’objectif de mieux documenter les écosystèmes marins des îles Salomon et de soutenir les efforts de protection des océans de la région. Grâce à des équipements innovants comme des caméras sous-marines et un submersible sur mesure, les chercheurs espèrent révéler d’autres trésors naturels, essentiels à la survie de la biodiversité marine.
Pour le Premier ministre des îles Salomon, Jeremiah Manele, ce corail n’est pas qu’une curiosité : il est l’illustration de la fragilité et de la richesse des récifs coralliens du Pacifique. "Notre avenir dépend de la santé de ces écosystèmes. Protégeons-les pour les générations futures", affirme-t-il.
La force tranquille des récifs, un modèle de résilience
Malgré sa résistance apparente, ce corail reste vulnérable aux effets du réchauffement climatique, notamment au phénomène de blanchiment. Cependant, sa taille pourrait lui offrir un avantage unique : "même en cas de stress thermique, une partie de cette formation pourrait survivre et faciliter le rétablissement des parties touchées", comme l’espère le professeur Mumby, spécialiste des récifs coralliens.
La découverte de ce géant marin aux îles Salomon rappelle, une fois encore, la nécessité de préserver les océans. Face aux menaces croissantes, chaque refuge de biodiversité compte – et ce corail géant en est un puissant symbole.