Selon l’ambassadeur de France au Vanuatu, Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, « le choc est plus violent que Judy, car nous prenons les vents de côté, sans répit. Il n’y a ni eau, ni électricité et les voitures tremblent ». Depuis que le jour s’est levé, il semble impossible de joindre qui que ce soit sur place, les communications sont très perturbées, une grande partie des habitants n’ont pas de courant. L’archipel vanuatais est coupé du monde. D'ailleurs, le diplomate publie des photos et des vidéos du phénomène sur son profil Facebook :
Dans la hiérarchisation des cyclones, le niveau 4 est atteint lorsque les vents soufflent entre 210 et 249 km/h. Au-dessus on entre dans la catégorie reine, celle des super-cylones, avec des vents soufflant à 250 km/h et plus. Ces vidéos ont été réalisées alors que Kévin était en approche :
On peut encore mesurer la forces des vents de Kévin dans cette vidéo :
Si l’on se réfère aux quelques photos qui nous sont parvenues, les vents violents du cyclone Kévin ont arraché les toits des bâtiments, des maisons traditionnelles sont à terre et de nombreux arbres ont été déracinés. “C'est très semblable avec ce qu'on a vécu avec Pam, à l’époque” raconte Olivier Fernandez, membre du Vanuatu Business Resilience Council. Il a aussi rapporté que "la route du wharf s'est à moitié effondrée, on a réussi à passer avec les motos mais les voitures difficilement. Enormément de logements sont affectés. La flotte de bateaux en mesure d'intervenir sur des gros travaux sur les îles a été aussi affectée. Et du côté de l'aéroport, ajoute-t-il, ce n'est pas très joli. La rivière de Tagabe est sortie de son lit, une grosse partie de la zone de Tagabe est sous un mètre d'eau". Il observe que "plus de 300 personnes ont passé la nuit dans le centre de secours" après avoir fait une tournée à Wansmolbag. Mais Olivier Fernandez est assez confiant :
Tout le monde était assez bien préparé étant donné qu'on a enchaîné deux cyclones de catégorie 4 en l'espace de trois jours, Judy et Kévin les "Evil Twins" (les jumeaux maléfiques). Il y a des choses qui se mettent en place d'elles mêmes, on n'attend pas après les secours, les gens sont équipés
Olivier Fernandez - Membre du Vanuatu Business Resilience Council
Deux jours auparavant, le cyclone Judy avait déjà balayé le Vanuatu avec des vents atteignant 200 km/h. Conséquence : l’état d’urgence a été décrété dans l’archipel pour une période de six mois.
Selon le représentant de la Croix Rouge dans le Pacifique, aucune victime n’a été signalée pour l’heure.
Aide humanitaire
La France a été le premier pays à intervenir dans l’archipel. Vendredi 3 mars, les Forces armées de Nouvelle-Calédonie (FANC) ont été sollicitées par le gouvernement du Vanuatu. Un Gardian a été envoyé sur place, pour effectuer les premières constatations des dégâts et évaluer rapidement l’aide pouvant être apportée.
A Nouméa, la Calédonienne des Eaux a été sollicitée elle aussi. Huit cubitainers ont été livrés il y a quelques jours. Ce matériel sera acheminé au Vanuatu dans le cadre d’une mission d’assistance humanitaire et technique.
De son côté, le gouvernement australien va déployer une équipe pour rendre compte des dégâts, dès que les conditions météo le permettent. Et selon nos informations, la Croix Rouge française de Nouvelle-Calédonie a ravitaillé un navire en partance pour le Vanuatu, avec des équipements appartenant au ministère des Affaires étrangères. Et toujours selon Olivier Fernandez, "les équipes du gouvernement sont sur le terrain pour déblayer les routes essentiellement. Ça circule bien dans Port-Vila, il y a encore les routes secondaires qui restent encore un peu bloquées. Tout le monde met la main à la pâte avec le sourire. On garde cet état d'esprit de résilience."
Et après son passage au Vanuatu, Kévin poursuit sa trajectoire vers le Sud-Est. Il s'est renforcé pour passer au stade de super-cyclone.