Venus notamment de Nouvelle-Calédonie, d'Australie, d'Afrique du Sud, des États-Unis ou du Portugal, ces scientifiques ont échangé pendant une semaine autour de plusieurs thématiques telles que la prévention des attaques, la connaissance scientifique des requins et les méthodes de gestion du risque. L'objectif est d'améliorer "les connaissances sur les différentes espèces de requins" et d'affiner les stratégies de gestion du risque, a déclaré Patrice Latron, préfet de La Réunion et à ce titre président du Centre sécurité requin (CSR), organisateur du colloque, qui gère ce risque sur l'île française de l'océan Indien.
Deux Calédoniens ont fait le déplacement pour assister et participer aux débats. Tatiana Tchong-Fat, chargée de projet au pôle aménagement de la ville de Nouméa et Emmanuel Coutures, chargé de projet "milieux marins" à la province Sud. Leurs interventions, ainsi que celles des autres participants, sont à retrouver ici.
Réduction du risque
Entre 2011 et 2019, la côte ouest de La Réunion avait enregistré 24 attaques de requins, dont onze mortelles. Les autorités avaient pris des mesures drastiques dès 2013 : interdiction de la baignade et des activités nautiques en dehors du lagon ou de zones sécurisées par des filets de protection, pêche préventive de requins. Ce dispositif, bien que contraignant pour les usagers de la mer, notamment les surfeurs - principales victimes de ces attaques -, a eu des résultats probants. Depuis près de six ans, aucune nouvelle attaque n'a été recensée.
"Nous avons clairement réduit le risque", a estimé Philippe Malizard, sous-préfet de Saint-Paul. De l'avis de spécialistes, les opérations de pêche - notamment de requins bouledogues, principaux responsables de ces attaques - menées ces dernières années autour des côtes de l'île ont contribué à éloigner le risque. Mais le CSR a aussi développé des actions de prévention, de surveillance renforcée avec des vigies fonctionnant sept jours sur sept, tout en tentant d'améliorer les connaissances scientifiques autour du comportement des squales, ce à quoi s'attachait ce symposium.
Le marquage, un outil efficace ?
Présent à La Réunion, le professeur André Afonso, de l'université de Coimbra (Portugal), dit notamment avoir prouvé que "les requins relâchés après marquage ne reviennent pas dans la zone de leur capture"."Si cette méthode fonctionne, nous envisageons de la mettre en place dès 2026", a annoncé Philippe Malizard. Elle permettrait de relâcher des requins tigres, espèce potentiellement dangereuse actuellement "prélevée" si pêchée.
Le colloque intervient alors que l'arrêté préfectoral interdisant depuis 2013 la baignade et les activités nautiques hors du lagon et des zones surveillées, a récemment été modifié, autorisant la reprise de la nage avec palmes, masque et tuba, jusqu'à 300 mètres de la côte.