"L’indemnité due au praticien est calculée pour chaque déplacement à partir de son domicile professionnel" : c’est inscrit dans la nomenclature générale des actes professionnels. Les infirmiers libéraux facturaient donc jusque-là le trajet aller-retour entre leur cabinet et l’habitation du patient : un forfait de 350 francs, augmenté de 60 francs par kilomètre, au-delà de 4 km. Dans le cadre de la lutte contre la fraude et de la réduction des dépenses, la Cafat leur demande désormais d'enchaîner les visites selon un ordre géographique rationnel.
"Cela ne correspond pas du tout à la réalité du terrain"
"Cela ne correspond pas du tout à la réalité du terrain. Peut-être que le patient n°5 nécessite des soins à une heure précise", souligne François Delboy, vice-président du Syndicat des infirmiers à domicile. Pour un traitement du diabète par exemple.
Pour les infirmiers libéraux installés dans les îles ou en Brousse, cette indemnité kilométrique permettait aussi de compenser l’augmentation du carburant et l’usure du véhicule, indique François Delboy. En mars, certains avaient fait grève, notamment pour demander une revalorisation des tarifs de leurs actes et des frais de déplacement, inchangés depuis quatorze ans.
La décision de la Cafat a des conséquences pour le professionnel de santé, "qui perd des revenus", résume François Delboy. Mais également pour les patients. "On comprend la rigueur budgétaire mais cette politique pourrait décourager des soignants" alors que leur rôle dans le maintien à domicile d'une population vieillissante est indispensable. Pour le syndicat, elle pourrait accentuer la désertification médicale et priver les malades les plus isolés d'accès aux soins. D'où la demande d'annulation déposée au tribunal administratif.