Deux ans après, ce qu’ils retiennent du référendum de 2018

Un taux de participation historique, un Non à 57% : cette première consultation de sortie de l'Accord de Nouméa le 4 novembre a été saluée comme un succès démocratique. Retour en chiffres et analyses.
En ce 4 novembre 2018, la Nouvelle-Calédonie a rendez-vous avec son Histoire. Pour les quelques 174 000 électeurs de la liste spéciale référendaire, c’est l’heure de choisir Oui ou Non à l’accession à la pleine souveraineté. Et sans surprise, la réponse fut Non à près de 57 %. Sans surprise ? Pas tout à fait. 
« Ça a été une surprise dans le sens des sondages qui annonçaient quand même un écart bien plus important entre le Oui et le Non. Mais quand on regarde un peu les tendances électorales depuis une trentaine d’années aux élections provinciales, ce n’est pas le même électorat, mais globalement, on est dans le même rapport de force » explique Pierre-Christophe Pantz, docteur en géopolitique et spécialiste en géographie électorale. 
 

Des satisfactions dans les deux camps

Un rapport de force qui se matérialise par un écart de 18 535 voix, chacun des camps y trouvant tout de même matière à satisfaction. 
« Le résultat, c’était d’abord la victoire du Oui, parce qu’on nous avait enterré dans notre propre pays, mais on a oublié aussi que dans le Pacifique, dans l’Océanie, les hommes et la terre ne font qu’un seul élément » explique Mickaël Forest pour l’UC-FLNKS.
« Effectivement le score a été une surprise puisqu’il y avait eu des sondages qui disaient le contraire » reconnaît de son côté Sonia Backès pour l’Avenir en confiance.
« On nous avait pronostiqué un écart beaucoup plus large effectivement. Il se trouve que l’écart est plus resserré » renchérit Victor Tutugoro pour l’UNI-Palika.
«  Certains ont pu être surpris par le résultat du Oui ou du Non, mais comme on aime à le rappeler aussi, une victoire à 57 %, c’est une large victoire » estime de son côté Philippe Dunoyer pour Calédonie ensemble.
 

Une participation historique, mais…

L’autre enseignement majeur de ce scrutin aura été la participation. Partout ou presque, de longues files d’attente devant les bureaux de vote, avec un taux de 81,01 %, c’est tout simplement historique. 
« Quand on regarde dans l’ensemble des élections, je crois qu’on n’a jamais eu un taux de participation aussi important » confirme Pierre-Christophe Pantz. « En revanche, ce que l’on peut dire, c’est que c’est un peu l’arbre qui cache la forêt. Quand on regarde les taux de participation aux élections provinciales depuis 2004, on voit une baisse continue du taux  de participation et quelles que soient les élections ». 
 

Où sont les abstentionnistes ?

Etonnamment, deux ans plus tard, défenseurs du Oui et du Non se rejoignent pour noter certains manques dans la mobilisation.  
« On a examiné attentivement les 18 000 électeurs qui n’ont pas voté au référendum de 2018 dans le Grand Nouméa, et on a constaté que ce sont les électeurs loyalistes qui ne se sont pas mobilisés. Et je pense que c’est en partie par un excès de confiance, c’est à dire qu’on a eu des chiffres de sondages qui sont sortis et qui ont démobilisé notre électorat »  explique Sonia Backès. 
« L’un des grands enseignements, c’est l’abstention dans les îles et donc toute l’actualité de ces dernières semaines et notamment l’inscription des îliens sur les bureaux de vote de Nouméa pourrait améliorer le score attendu par le FLNKS. Mais d’une manière générale, pour qu’il y ait moins de contestations, pour que le résultat soit admis partout » estime de son côté Victor Tutugoro. 
Il est vrai qu’aux Loyauté, plus de 8 000 électeurs, soit 39% des inscrits s’étaient abstenus, dont une partie répondait à l’appel de boycott lancé par le parti travailliste. 
 

Un succès démocratique

Ce premier scrutin de l’accord de Nouméa aura été néanmoins un vrai succès démocratique.
« Il faut aussi se souvenir que c’était une organisation qui avait certes été longue, discutée beaucoup, âprement, mais qui avait été validée par tout le monde avec un consensus à tous les niveaux de cette organisation. Et du coup, et ça aussi c’était très important, un résultat qui n’a fait l’objet d’aucune contestation » souligne Philippe Dunoyer.
Une réussite reconnue unanimement, et ce jusqu’au plus haut sommet de l’Etat.
Bernard Lassauce avec Carawiane Carawiane et Cédric Michaut 
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