Devant la grogne des infirmiers libéraux, le gouvernement rassure

Manifestation des soignants en décembre 2022 à Nouméa
Des soignants protestaient ce matin à Nouméa contre la politique de santé du gouvernement autour des autorisations d'exercer la profession d'infirmier. L'exécutif a finalement réussi à faire retomber la pression.

A l'appel du syndicat des infirmiers à domicile, une cinquantaine de professionnels de santé était mobilisée dès 8h30 ce matin devant les portes du gouvernement. Une démonstration de force pour exprimer leur opposition au projet de l'exécutif de permettre à de nouveaux libéraux de s'installer dans le Grand Nouméa. Selon les contestataires, "les ouvertures massives et non concertées de ces conventionnements sur les quatre communes régulées" risqueraient de fragiliser les cabinets déjà existants, sans régler les problèmes d'accès aux soins dans les zones désertées. 

Mieux réguler les installations d'infirmiers 

Coralie Levesque, vice-présidente du syndicat des infirmiers à domicile, se dit insatisfaite des politiques de santé menées actuellement par le gouvernement. Elle développe, " il a été décidé d'ouvrir de nombreux conventionnements pour l'année prochaine, mais ce n'est pas abouti. Il ne faut pas se satisfaire d'ouvertures, il faut réguler beaucoup plus précisément les installations d'infirmiers, afin de permettre à la population d'avoir un meilleur accès aux soins.

De son côté, François Delboy qui exerce depuis quinze ans à Païta s'inquiète, "nous sommes une vingtaine d'infirmiers sur cette commune et on arrive à soigner tout le monde. Et là, la Cafat souhaite perturber cet équilibre en ne nous écoutant pas, d'une part, et en augmentant le nombre de soignants, d'autre part. Ils pensent diminuer les frais hors c'est exactement l'inverse! Si vous augmentez le nombre de soignants, vous augmentez les actes de la Cafat.

Une demande d'aide à la pompe 

Par ailleurs, les infirmiers libéraux réclament également une revalorisation des indemnités de déplacement. Car la quasi-totalité de leur activité s'effectue chez leurs patients, dans un contexte mondial d'inflation. 

"Sur Païta, chaque année, on fait entre 70 et 100 000 km. Il y a un problème de rémunération par rapport à ces kilomètres et l'essence que cela nécessite. Nous avons une revendication sur ce point, car nous avons acheté la voiture, nous avons un crédit dessus, on a aussi un entretien énorme... Or quand on va chez quelqu'un, quelle que soit la distance, le déplacement nous est payé 300 francs. Une boite d'œufs, quoi!" s'insurge un manifestant.

Vers une augmentation des tarifs des actes ? 

Un dialogue de sourds qui a conduit les professionnels de santé à annoncer une "grève des nouveaux soins", c'est à dire la fin des nouvelles prises en charge de patients toutes provenances confondues. Une menace payante. A la mi-journée, la délégation était reçue par Yannick Slamet, le membre du gouvernement en charge de la santé. A l'issue de cet entretien d'environ une heure, les manifestants sont ressortis avec le sourire. "Le dialogue est renoué", a souligné la présidente du syndicat des infirmiers à domicile, Laure Favreau. "Monsieur Slamet s’est engagé à revenir vers nous à la rentrée,  avec une priorité donnée aux revalorisations (des tarifs des actes ndlr). » 

Annonce suffisamment satisfaisante pour que les infirmiers décident de lever leur mouvement et leur menace de grève. Ils affirment néanmoins qu'ils « resteront vigilants », dans l'attente de ce rendez-vous promis par le membre du gouvernement.

Regardez le reportage de Charlotte Mannevy et Nicolas Fasquel : 

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