Près de deux heures de discours et 64 pages plus tard, Louis Mapou a donné le ton de la politique qu'entend mener son 17e gouvernement. En formulant au passage ses souhaits d’avenir pour la Nouvelle-Calédonie. Un discours en demi-teinte, avec de nombreuses intentions et peu de concret. On vous résume.
Un discours plein d’intentions
Le président de l'exécutif a d'entrée dit sa volonté d’aller vers un processus d’émancipation :
Cette déclaration de politique générale doit maintenir la permanence de l’esprit et la logique du processus de décolonisation et d’émancipation engagé depuis 1988.
Louis Mapou
À 17 jours du référendum, il a ouvert, et clôturé, sa déclaration en évoquant cette troisième consultation. “Nous en connaissons par avance l’issue et les implications”, a commencé Louis Mapou. Et pour conclure, il a avancé l’idée d’un seul gagnant face à cette situation : “Ne pourrait-on pas postuler de l’idée que, finalement, quoi qu’on en dise, s’il y a un gagnant, ça ne pourrait être que le pays ? C’est mon intime conviction.”
- Des projets, mais peu de financements évoqués
Entre les deux, un discours présentant plusieurs projets… dont le financement a été très peu évoqué. Louis Mapou a toutefois indiqué la mise en place de taxes afin d’"assurer les urgences". Sur la question du déficit du Ruamm, le président du gouvernement déclare :
Nous espérons présenter au Congrès, d’ici la fin de l’année, le vote de taxes comportementales, de mesures d’ordre social, de taxes sur l’activité minière ainsi qu’une première modification de la TGC afin de dégager un rendement potentiel de l’ordre de 10 milliards de francs pour l’année 2022.
Louis Mapou
La création d’un Fonds d'investissement et d’aménagement (FIA) est aussi à l’étude pour soutenir les programmes d’aménagement ainsi que les travaux liés au développement et à la prévention des grands risques. Son but : aider les communes et les provinces à financer des projets structurants d’aménagement et de rénovation urbaine. “Il sera notamment financé par des taxes additionnelles, principalement sur les véhicules les plus puissants et les plus polluants”. Une taxe 4x4 en vue ?
Vous l’aurez compris, les intentions du 17e gouvernement sont grandes, mais un flou persiste sur la façon de les financer et de les concrétiser.
Une volonté de réunir
Parmi les grands défis que se lance le gouvernement : organiser ses actions autour d’une "seule colonne vertébrale", celle du "lien d’appartenance" à la terre de la Nouvelle-Calédonie.
- La lutte contre les inégalités sociales
L’objectif annoncé par Louis Mapou est de lutter activement contre toutes les inégalités sociales. Parmi elles, le gouvernement compte s’impliquer dans la lutte contre les violences faites aux femmes. “Les chiffres font froid dans le dos", a déclaré le président. "En 2020, près de 3 faits de violences conjugales ont été constatés chaque jour en Nouvelle-Calédonie. Et une femme sur quatre a subi une agression de type physique ou sexuel."
La question des inégalités à l'école a également été évoquée comme une priorité. Une mission qu'il compte remplir en répondant au décrochage scolaire, en promouvant dans les écoles la vie saine et la santé, ou en créant une nouvelle carte scolaire.
Louis Mapou fera aussi de la lutte contre les inégalités au travail son combat :
- renfort du réseau "insertion formation emploi"
- poursuite du rapprochement entre la formation initiale et la formation professionnelle
- création d’un service public de l’emploi
- mise en place d’un fonds d’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap, pour un accès à tous les stades de l’emploi.
Permettre une meilleure cohésion sociale, ça passe aussi par la santé. Notamment en accentuant la prévention sur le volet “bien vieillir”. Le vieillissement devenant un vrai challenge de société : “Une opportunité de croissance économique et de création d’emplois avec la 'silver economy' ou 'économie des seniors', qui va concerner tous les secteurs, des loisirs aux transports".
- La “nouvelle” Nouvelle-Calédonie
A plusieurs reprises, le président du gouvernement a parlé de “nouvelle” Nouvelle-Calédonie. Un concept porté vers l’avenir mais très peu développé avec des exemples concrets :
La construction de la case de cette nouvelle Nouvelle-Calédonie, avec des relations à redéfinir avec la France, est une nécessité pour donner vie à un pays plus juste, plus prévenant, un pays responsable et prospère, une nouvelle Nouvelle-Calédonie qui nous ressemble dans laquelle nous pourrons habiter, vivre et travailler en confiance, et que nous pourrons transmettre à nos enfants
a confié Louis Mapou
Les grands projets prévus
Enfin, parmi les projets concrets évoqués et à retenir de ce discours, on retrouve :
- La création d’un centre hospitalier universitaire : Louis Mapou l’a annoncé, un travail de fond va être engagé par le gouvernement pour déterminer les besoins en cadres calédoniens dans chaque secteur stratégique. Et organiser le dispositif de formation adéquat, qui peut s’appuyer sur le programme Cadres avenir. Dans ce contexte, la création d’un Centre hospitalier universitaire en Nouvelle-Calédonie sera réétudiée.
- Une nouvelle structure de promotion touristique : à vocation internationale, elle est annoncée dès 2022 pour prendre le relais de NCTPS. Objectif ? Coordonner les politiques et la promotion touristiques entre les provinces et les différentes institutions.
- L’amélioration de l’accès aérien à la Nouvelle-Calédonie, pour le rendre compétitif et travailler à la synergie entre les aéroports de La Tontouta et de Magenta.
- La création d’un syndicat mixte en matière de desserte maritime : il s'agit de "garantir la fiabilité en toutes circonstances de la desserte des îles au moyen d’une délégation de service public".
- L’évolution de l’Agence pour la desserte aérienne de la Nouvelle-Calédonie. Le but ? En faire l’Agence de transports de la Calédonie.
- La création d’"un lieu emblématique au profit des start-up", appelé Station N, "pour permettre le développement de projets ambitieux et innovants".
- La relance de chantiers emblématiques menés par les provinces.
- Un “label nickel vert et éthique” : il permettrait de "finaliser une trajectoire énergétique ambitieuse et réaliste pour décarboner" notre industrie métallurgique". Parvenir à produire 70% de notre électricité à base d’énergies renouvelables d’ici 2025. Le but ? Réduire la dépendance aux exportations.
- Un fonds pour la politique de l’eau partagée : il doit permettre de lutter contre la pénurie d’eau en Nouvelle-Calédonie.
Le décryptage de la déclaration de Louis Mapou avec William Kromwell :