Disparition de LNC : la Société des journalistes évoque "une situation sidérante", "de nombreuses erreurs stratégiques" et "une catastrophe"

Le quotidien LNC a commencé à paraître en 1971.
A la veille du dernier jour à la rédaction des Nouvelles calédoniennes, ses journalistes réunis en SDJ déplorent le délai "plus que bref" entre l'annonce de la disparition du titre et la cessation effective de l'activité. Ils s'inquiètent des conditions de départ. Evoquent "une catastrophe pour la démocratie". Et remercient les lecteurs.

Les journalistes des Nouvelles réaliseront ce mercredi la dernière édition du quotidien. Avant la mise en liquidation imminente, la SDJ réagit officiellement à la disparition du titre. "Bien que redoutée depuis de longues semaines, l’annonce, vendredi, de la fermeture des Nouvelles calédoniennes, tout comme des IRN et du Gratuit, propriétés du groupe Melchior, a été des plus brutales", écrit la Société des journalistes, qui représente une trentaine de journalistes, soit la majorité des équipes au sein du journal et de ses magazines. 

"Choqués"

Ses membres s'avouent "profondément choqués par le délai, plus que bref, qui nous a été laissé avant la cessation d’activité. L’ensemble des salariés, soit quelque 120 personnes, ont obligation de quitter les locaux d’ici mercredi soir. Une situation sidérante qui ne nous laisse que trois jours pour boucler les dernières éditions et récupérer toutes nos données et nos archives, qui représentent plus de quinze ans de travail pour certains journalistes." Mais de préciser : "Malgré ce contexte violent, la rédaction a décidé de continuer d’informer les Calédoniens jusqu’au bout avec une dernière parution du quotidien et du magazine, jeudi."

"Refus d'écouter"

"La direction et les actionnaires ont le sentiment d’avoir tout fait pour sauver le seul quotidien du pays. La SDJ, quant à elle, déplore de nombreuses erreurs stratégiques, dont le refus des dirigeants d’écouter les propositions et les suggestions que nous avons formulées ces dernières années, pointe le communiqué. Avant même l’arrêt du journal papier quotidien, le 30 décembre, les annonces du gel des embauches et des investissements, en particulier pour le nouveau modèle numérique, avaient profondément inquiété la SDJ. Lors d’une rencontre demandée en urgence avec l’actionnaire majoritaire du groupe, Johanna Jeandot avait, fin novembre, assuré au bureau de la SDJ qu’un point d’étape serait réalisé en mars, mais qu’en aucun cas une cessation d’activité aussi brutale n’était envisagée." 

"Incertitude"

Cette liquidation du groupe Melchior, à l’exception de la radio NRJ, est qualifiée par la Société des journalistes de "catastrophe sociale pour les 120 salariés touchés qui n’ont, à ce jour, aucune autre garantie que de recevoir leur salaire du mois de mars. Sur ce point, ni la direction, ni les actionnaires, ne nous ont assuré de pouvoir toucher les indemnités de départ dans de brefs délais. Une incertitude qui plongera la plupart des familles dans la précarité." Au-delà, "la perte du seul titre de presse quotidienne du pays, dans une quasi-indifférence des politiques et des institutions, est également une catastrophe pour la démocratie, en particulier au vu des échéances institutionnelles qui attendent les Calédoniens." 

Nous mesurons à quel point le journal manquera à bon nombre de Calédoniens, pour qui Les Nouvelles étaient un rendez-nous. Les membres de la SDJ les remercient pour leur fidélité et leur confiance. 

La Société des journalistes des Nouvelles calédoniennes, communiqué du 14 mars