La Nouvelle-Calédonie perd aujourd’hui l’un de ses grands serviteurs de la justice. Il faisait partie des premiers étudiants kanak à quitter la Calédonie afin de poursuivre des études dans l’Hexagone et qui ont réussi.
Il a contribué notamment à l’émancipation du peuple kanak. Ancien des Foulards rouges, Fote Trolue a toujours milité pour une justice sociale et la paix. Il a d’ailleurs été l’un des membres du Comité des sages. Son souhait était de reposer sur la terre de ses pères à Xodre, à Lifou.
Généreux et attentif aux autres
Jean-Pierre Flotat, le président du Comité des sages l'a bien connu. "C'était un homme qui était discret et humble, mais très généreux, ouvert et attentif aux autres. Il avait une intelligence très vive. Il était aussi fortement engagé dans le destin de son peuple. C'était un homme malicieux qui aimait rire aussi. Fote était un bon vivant." Toujours selon Jean-Pierre Flotat, sa maladie l'obligeait à mener une vie sédentaire. "Il est resté fidèle en amitié, même si on se voyait épisodiquement. Nous avons fait un bout de chemin ensemble, au Comité des sages, sous la présidence de Jean Lèques, puis sous la mienne. Je regrette sa disparition, c'était une personnalité attachante et importante pour le pays. "
Fote Trolue avait reçu la médaille de chevalier de la légion d'honneur en juillet 1998.
"Ne sommes-nous pas français ?"
Fote Trolue était à l'origine du tract intitulé "Ne sommes-nous pas français?" Après avoir subi, fin août 1969, des discriminations dans un restaurant de Nouméa. Il rédige ce tract qui sera traduit en langue kanak, ce qui est interdit à l'époque, et dans lequel il dénonce cette mise à l'écart.
Un tract qui sera retrouvé sur Nidoïsh Naisseline le 2 septembre 1969. Celui-ci est arrêté et emmené au commissariat. Son arrestation va provoquer une émeute de 400 kanak dans le centre-ville de Nouméa qui réclament la libération du fils du grand chef.
Ils portent sur eux des tissus rouges aux poignets et à la tête, couleur du district de Guahma, ce sera le lancement des foulards rouges.
À l’époque Fote Trolue comme Nidoish Naisseline, reviennent des études en France et ont vécu mai 1968. En France, ils se sentent égaux aux Français. De retour en Calédonie, on pointe leur différence.
Le témoignage de ceux qui ont participé à la construction du pays
En décembre 2021, l’historien Louis-José Barbançon avait présenté son nouvel ouvrage :"Nos ailes ont des racines". Un livre sur l’apport des gens de Lifou et de Tiga dans la construction du pays. Une mise en lumière de l’héritage laissé par celles et ceux qui ont marqué l’histoire calédonienne, notamment le magistrat, Fote Trolue.
Retrouvez ci-dessous le reportage de Thérèse Waïa et René Molé :