Le jeune joueur de squash (23 ans) est décédé ce week-end aux Etats-Unis. L’université américaine dans laquelle étudiait et jouait le Calédonien, l’a annoncé. Son coeur et son talent ont marqué ceux qui l’ont côtoyé.
Une personnalité remarquable
Sur le site internet de l’université de St Lawrence, dans la page dédiée aux souvenirs que les étudiants gardent de lui, les messages affluent. Et leur lecture rend compte de la beauté de la personnalité d’Enzo Corigliano. En tant qu’étudiant ou enseignant assistant de langues modernes et tuteur de français, il a bien davantage séduit et émerveillé que par ses talents sportifs, pourtant eux aussi reconnus à leur juste valeur. Sur la toile, ses amis ont publié de nombreux témoignages dans la page créée pour honorer sa mémoire.
Tous évoquent son rire, son sourire, ce frère plein de joie, cette âme pure et honnête, ce copain toujours prêt à aider, à l’éthique de travail admirable, sur et en dehors des terrains. Aminata Sillah a été marquée par l’enseignant. « Chaque cours était plein d’humour et jamais ennuyeux (…) Personne ne pouvait dire quelque chose de mauvais sur lui. Son sourire me remplissait de joie. Sa pureté est inégalable et ne sera jamais oubliée ».
Un garçon qui, sur le campus, a toujours affiché une fierté. « Tu disais toujours que tu ne venais pas de France, mais d’une petite île appelée Nouvelle-Calédonie, que même les français ne connaissent pas » raconte Sofi Ayala.
Du Caillou, à la 136e place mondiale
Oui, Enzo Corigliano est né en Nouvelle-Calédonie où il a commencé le squash à l’âge de trois ans, initié par son père, Grégory, lui-même joueur avant de devenir éducateur de club en métropole à la Flèche, et aujourd’hui à l’Olympique de Nouméa. Sa mère Jennifer, également pratiquante, a été championne de France vétéran.
Au cours de sa carrière, leur fils a gagné quatre titres de champion de France jeunes (U11, U15, U17, U19) et deux titres de vice-champion d’Europe dans ces catégories. Il était le capitaine de l’équipe de France des moins de 15 et des moins de 17 ans. La fédération française, sur les réseaux sociaux, a rappelé ce parcours remarquable et exprimé son « immense tristesse ».
Il avait quitté le Caillou pour rejoindre le pôle espoir du Mans à l’âge de 13 ans, où ses parents l’ont retrouvé un an plus tard. La suite ? Une intégration au pôle France de Créteil et l’INSEP, l’institut national du sport, de l’expertise et de la performance.
En 2017, à 19 ans, il est 218e mondial sur le circuit professionnel avec un jeu offensif qu’il décrivait ainsi à l’INSEP TV :
« Mon style, c’est d’attaquer à tout va ». En août 2018, il devient 136e mondial.
Le rêve américain … et océanien
Quelques mois plus tard, Enzo réalise un autre de ses rêves, imaginé et évoqué cinq ans plus tôt : partir à l’étranger. Il prend la direction de l’université de St Lawrence à Canton, dans l’état de New York, aux Etats-Unis. Parallèlement aux études (brillantes) en arts de la performance et de la communication, il accède sur le plan sportif au circuit universitaire. En Liberty League, cette conférence de la 3e division NCAA, il est élu « débutant de l’année » lors de la saison 2018-2019 après avoir gagné 15 de ses 21 matchs. En 2019-2020, il va jusqu’en finale des championnats individuels nationaux dans la division Molloy North. Il se bat pour réussir sur le sol américain, sans jamais oublier sa Nouvelle-Calédonie. Il est prêt à tout pour elle, jusqu’à rejoindre la sélection cagoue de squash pour les Jeux du Pacifique à Samoa, avec une coupe de cheveux rasée pour le tournoi, et un bilan exceptionnel au bout. La ligue calédonienne de squash écrit ce matin ceci :
" Enzo, petit ange, tu resteras à jamais dans nos mémoires et nos coeurs. Tu vas nous manquer "
https://la1ere.francetvinfo.fr/nouvellecaledonie/grand-chelem-du-squash-voile-vent-aquathlon-boxe-journal-jeux-du-vendredi-18-juillet-732036.html
Gaël Gosse, l'un de ses coéquipiers en sélection, a dit aussi son émotion sur les réseaux :
" Je me souviens encore que tu tenais déjà la raquette avant même de savoir marcher.
Tes premiers coups de raquette qui nous laissaient sans voix.
Notre premier match sur le court jaune à l’olympique alors que tu avais à peine 13 ans .
Tous nos matchs auxquels tu me laissais le service, preuve de respect et de gentillesse.
Sans oublier les jeux du pacifique où tout le squash océanien a pu découvrir l’enfant du pays mais aussi le gamin or que tu étais.Tu vas me manquer. "
Un jeune homme de 23 ans qui n’aura laissé personne indifférent, partout où il est passé. A Nouvelle-Calédonie La 1ère où il est venu faire un stage, une journaliste de la chaîne, Sheïma Riahi, très affectée par l’annonce de sa mort, témoigne de son aura. « Nos tournages ensemble, c’était en 2018. Son humour surtout ! Quelle joie de vivre. Et puis il aurait été un excellent journaliste. C’était un gars curieux, doué et un sportif hors normes évidemment. Il a réalisé seul et en binôme plusieurs reportages pour nous. Quelle tristesse ».
L'ensemble de la rédaction et de la chaîne présente à sa famille et ses proches nos plus sincères condoléances.