Le Canada, riche en matières premières, veut accélérer sa production de minéraux en simplifiant notamment l'accès des entreprises minières à ces ressources dans l'optique de devenir un "fournisseur vert mondial de premier choix", selon une nouvelle stratégie dévoilée vendredi.
"Ces minéraux représentent pour le Canada l'occasion d'une génération", écrit Jonathan Wilkinson, ministre des Ressources naturelles, en préambule de la stratégie, soulignant la polyvalence canadienne dans ce domaine qui va de "l'exploration" au "recyclage" de ces ressources.
Le document de 61 pages précise notamment que le pays abrite de vastes gisements inexploités de minéraux dits "critiques" tels que le lithium, le graphite, le nickel, le cobalt, ou encore le cuivre.
Mais dans les conditions actuelles, il faut de cinq à 25 ans pour que de nouvelles mines soient approuvées et opérationnelles, indique toutefois le document qui reconnaît la présence de "processus complexes de réglementation et de délivrance de permis" pouvant entraver la "compétitivité économique du secteur" et freiner les investissements.
Le gouvernement de Justin Trudeau prévoit donc de simplifier ce processus, notamment en éliminant les doubles examens aux niveaux fédéral et provincial et en assurant une consultation et un engagement préalables des autochtones.
"Il n'y a pas de transition énergétique sans minéraux critiques", indique pour sa part, le ministre de l'Innovation, François-Philippe Champagne, en soulignant qu'ils sont "indispensables à notre vie quotidienne (...) notamment pour la production d'éoliennes, de batteries pour véhicules électriques, de panneaux solaires et de semi-conducteurs".
La demande mondiale étant appelée à monter en flèche et la Chine contrôlant une grande partie des approvisionnements existants, le ministre estime que le "Canada est très bien positionné pour en tirer parti" alors que les Etats-Unis et ses alliés cherchent de plus à plus à s'émanciper du monopole chinois.
Ottawa espère notamment harmoniser "la réglementation avec (ses) partenaires américains", lit-on dans le document sans donner de précisions.
Il évoque également le besoin de nouvelles infrastructures telles que des routes et des ports afin d'accéder aux gisements et de les exploiter.
La nouvelle stratégie ne s'accompagne d'aucun nouveau financement, mais dans son budget 2022, le gouvernement fédéral a affecté 3,8 milliards de dollars canadiens (2,6 milliards d'euros) sur huit ans au secteur - y compris un crédit d'impôt de 30% pour stimuler l'exploration.
Fin octobre, le Canada avait déjà renforcé ses règles en matière d'investissement afin de rendre plus difficile l'accès des entreprises d'État étrangères à son secteur des minéraux essentiels, en réponse à une levée de boucliers contre les investissements chinois.
Il a également ordonné récemment à trois entreprises chinoises de céder leurs participations dans des entreprises canadiennes du secteur.
Le Canada hésite encore à se lancer dans l'exploitation des nodules polymétalliques, bien qu'il dispose d'une compagnie d'exploration et d'extraction minière sous-marine dont le siège està Vancouver.