Le changement climatique va accentuer les effets de La Niña et El Niño sur la formation des cyclones dans le Pacifique: plus fréquents sous El Niño, moins fréquents sous La Niña.
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C'est ce que montre une étude australienne parue dans la revue scientifique "Nature climate change" la semaine dernière, et pilotée par l'université de la Fédération, le bureau australien de météorologie et l'université de Melbourne.
Ils se sont penchés sur les effets de l'oscillation La Niña - El Niño sur le Pacifique. El Niño, un phénomène climatique qui s'installe tous les 2 à 7 ans, provoque le réchauffement de la surface d'une partie de l'océan Pacifique, qui déclenche des inondations et des sécheresses dans différentes parties du monde. La Niña prend le relais du Niño et elle refroidit les eaux.
« Dans le climat actuel, beaucoup de cyclones se forment dans le Pacifique pendant les années El Niño, mais moins pendant les années La Niña », explique Savin Chand, l'un des auteurs de l'étude, climatologue à l'université de la Fédération.
Cette variabilité risque de s'intensifier sous l'effet du changement climatique. Les eaux du Pacifique devraient se réchauffer et cela aura un impact direct sur les cyclones.
« Nous démontrons dans notre étude que les cyclones seront 20% à 40% plus fréquents dans le Pacifique pendant les périodes d'El Niño, par rapport à avant », prédit Savin Chand, interrogé sur ABC.
Le phénomène concernera avant tout les Fidji, le Vanuatu, les Îles Salomon, les Îles Marshall et Hawaï, à partir de 2070 jusqu'à la fin du siècle. Les chercheurs n'ont pas étudié l'intensité des cyclones, juste leur fréquence.
Autre facteur aggravant lié au changement climatique: le niveau de l'océan s'élève, ce qui accentuera les inondations des îles pendant les cyclones. Les marées de tempêtes seront plus fortes. Et l'eau salée est très destructrice pour les cultures.
Voilà pour les années El Niño. En revanche, sous La Niña, les pays du Pacifique seront épargnés.
« Et à l'avenir, les cyclones seront jusqu'à 60% moins fréquents pendant les périodes de La Niña », annonce Savin Chand.
Les chercheurs australiens n'ont produit ces prévisions que dans le cas où le pire des scénarios envisagés par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) se réalise: « 3.7 à 4 degrés de plus d'ici la fin du siècle, la population mondiale double, et la technologie ne progresse pas pour contrecarrer les effets de l'évolution du climat », souligne Savin Chand.