Election de Roch Wamytan, crise chez les non indépendantistes... Ce qu’il faut retenir du renouvellement des instances au sein du Congrès

Le bureau du Congrès pour la mandature 2021-2022.
Le candidat indépendantiste a été élu président du Congrès, mercredi, profitant des divisions au sein des loyalistes.

"C'est un signe lancé à quelques mois de la 3e consultation." À l'image de Jean-Pierre Djaïwé (UNI), les indépendantistes peuvent afficher leur satisfaction après le renouvellement des instances au sein du Congrès de la Nouvelle-Calédonie, mercredi 28 juillet. Entre la réélection de Roch Wamytan et les fractures au sein du groupe des non indépendantistes, NC la 1ère revient sur une journée particulièrement chargée. 

  • Roch Wamytan, élu président pour la 3e fois consécutive 

Dès 9 h, l’ensemble des groupes politiques se rassemblent boulevard Vauban. Parmi les élus présents, 18 sièges pour l'Avenir en confiance, 6 pour Calédonie Ensemble, 17 pour l'UC-FLNKS et Nationalistes et l’Éveil océanien, 11 pour l’UNI et 2 non-inscrits. Autour de 9h10, la séance solennelle est ouverte. Les trois candidats en lice : Roch Wamytan, unique candidat indépendantiste, Annie Qaeze de Calédonie ensemble et Virginie Ruffenach de l’Avenir en confiance. A l'issue du dépouillement, le verdict tombe : Roch Wamytan, âgé de 70 ans, a été réélu à la présidence du Congrès pour la troisième fois consécutive.

L’unique candidat indépendantiste, de l’Union calédonienne, est porté par "la majorité océanienne" qu’il avait saluée en 2019 : l’alliance du groupe UC-FLNKS et Nationalistes avec Éveil océanien, et de l’UNI, sans oublier l'élue Parti travailliste. Au total, Roch Wamytan obtient 29 bulletins. Contre six voix à Annie Qaeze (Calédonie ensemble) et sept à Virginie Ruffenach. On compte également douze bulletins blancs. Ils correspondent à onze des 18 élus AEC, qui se sont désolidarisés de leur candidate Virginie Ruffenach, et à Nicolas Metzdorf (Générations NC).

Roch Wamytan prononce son discours en tant que président, quelques minutes après le résultat. "Je voudrais vous assurer que j'assumerai mes responsabilités en tentant de sanctuariser cette institution, qui ne peut être instrumentalisée en permanence, et en particulier en cette période", c'est-à-dire à l'approche de la consultation d'autodétermination prévue le 12 décembre. "La campagne référendaire doit se passer en dehors de cet hémicycle" Avant de conclure : "Un président du Congrès ne se limite pas à distribuer la parole." 

  • Les divisions au sein des loyalistes éclatent au grand jour

Le résultat du vote, avec notamment 12 bulletins blancs, jette une lumière crue sur la division entre Calédonie ensemble et l'Avenir en Confiance. Virginie Ruffenach ne cache sa déception. "Je suis très déçue. Je regrette que l'unité et la solidarité qui nous animaient avant que Philippe Gomès n'entre dans le jeu et ne sème la division entre nous ne soit plus là." Elle ajoute : "J’appelle aujourd’hui l’AEC à retrouver au plus vite cette solidarité. C’est fondamental pour l’avenir des Calédoniens."

Quant à Naïa Wateou, qui s’exprime au nom de l’Avenir en confiance, elle affirme : "​On est à l’aube d’une échéance cruciale qui est le référendum du 12 décembre prochain, il y avait des possibilités. Des chemins d'accords entre les différents groupes non indépendantistes. Une majorité des élus de l’AEC s’étaient portés en faveur de ces propositions. Elles n’ont pas été entendues. Nous le regretterons." 

C’est en ça, où notre vote blanc aujourd’hui s’exprime. Cela ne veut pas dire qu’il y a un décalage, nous voulions montrer sur cette élection notre désaccord et ce loupé.

Naïa Wateou


Pour Philippe Dunoyer les non indépendantistes doivent très vite faire campagne commune pour le référendum : "Je crois qu'on a perdu aujourd'hui une chance supplémentaire d'aller convaincre largement les électeurs de voter non le 12 décembre." De son côté, Nicolas Metzdorf de Générations NC, se montre très déçu après l’élection de Roch Wamytan. "Ça ne ressemble à rien, ce qu'il s'est passé au Congrès", a-t-il déclaré. "On a essayé de tisser les liens entre le Rassemblement et Calédonie ensemble pendant plus d'une semaine, jusqu'à très tard aussi hier. Thierry Santa et Philippe Gomès ne se sont pas entendus. C'est regrettable parce qu'aujourd'hui, ça facilite l'élection d'un indépendantiste à la tête du Congrès."

Le reportage de Dave Waheo-Hnasson, Kaïo Tui et Gaël Detcheverry 

  • Le gouvernement et le Congrès dirigés pour la première fois par les indépendantistes

Pour la première fois dans l'histoire de la Nouvelle-Calédonie, le gouvernement, avec Louis Mapou, ainsi que le Congrès, avec Roch Wamytan, sont dirigés par des indépendantistes. De quoi satisfaire Jean-Pierre Djaïwé de l’UNI :

C'est une grande satisfaction pour nous, de voir Roch Wamytan réélu à la présidence du Congrès de la Nouvelle-Calédonie. (...) Un président du gouvernement collégial indépendantiste, un président du Congrès indépendantiste : à quelques mois de la troisième consultation, c'est un signe qui est lancé aux Calédoniens pour dire que les indépendantistes sont là, dans une conjoncture difficile, mais là pour travailler

Jean-Pierre Djaïwé, chef de groupe UNI.

 

"Pour la première fois depuis l'accord de Nouméa, se dessine une conjoncture institutionnelle inédite", souligne de son côté Roch Wamytan, évoquant "un immense défi qu'il faudra relever impérativement et collectivement". 

Ecoutez les réactions de Pierre-Chanel Tutugoro et Jean-Pierre Djaïwé 

  • La répartition des membres du bureau du Congrès 

Après une suspension de quelques minutes, la séance reprend autour de 11h30 pour l’élection du bureau du Congrès. Les 8 vice-présidents sont élus. Au total, 6 femmes sont vice-présidentes. 

  • Première vice-présidence : Caroline Machoro-Reignier, du groupe UC-FLNKS et Nationalistes avec l'Éveil océanien.
  • Deuxième vice-présidence : Nadine Jalabert, du groupe Avenir en confiance.
  • Troisième vice-présidence : Jean Creugnet, du groupe UNI.
  • Quatrième vice-présidence : Sylvain Pabouty (UC-FLNKS et Nationalistes avec l'Éveil océanien).
  • Cinquième vice-présidence : Naïa Wateou (AEC).
  • Sixième vice-présidence : Ithupane Tieoue (UNI).
  • Septième vice-présidence : Laura Vendegou (AEC).
  • Huitième vice-présidence : Annie Qaeze, du groupe Calédonie ensemble.

Le vote continue ensuite pour les secrétaires du Congrès. Ce sont Alesio Saliga, élu Avenir en confiance pour la province Sud, et Isabelle Kaloï-Bearune, élue du groupe UC-FLNKS et Nationalistes avec l'Éveil océanien, qui sont élus. Quant aux deux questeurs, chargés de l’administratif du bureau du Congrès, ce sont Nadia Héo et Virginie Ruffenach qui sont désignées.

  • L'élection de la commission permanente du Congrès de 2021-2022

La matinée se termine par l'élection des membres de la commission permanente. Un résultat de scrutin à main levée : 29 voix pour les indépendantistes avec l'Eveil océanien (six sièges). Dix-neuf voix pour la liste AEC (quatre sièges). Six voix pour la liste Calédonie ensemble (un siège). Les onze élus qui composeront la commission permanente sont : 

  • Pour l'Avenir en confiance : Virginie Ruffenach, Sonia Backès, Guy-Olivier Cuenot et Marie-Jo Barbier.
  • Pour la liste conjointe des groupes UNI / UC-FLNKS et Nationalistes avec l’Eveil océanien : Milakulo Tukumuli, Charles Washetine, Isabelle Kaloï-Bearune, Sylvain Pabouty, Jean Creugnet et Jean-Pierre Djaïwé.
  • Pour la liste Calédonie ensemble : Philippe Michel.

Dès 14h, la séance se poursuit pour l’élection et la répartition de la commission permanente du bureau du Congrès. Concernant la présidence de la commission permanente, c’est Milakulo Tukumuli, le leader de l'Éveil océanien, qui est élu. Jean Creugnet de l'UNI est nommé vice-président et Philippe Michel de Calédonie Ensemble occupe la fonction de secrétaire. La séance a été levée à 16h30. 

Le reportage de Nadine Goapana