Une première historique pour les indépendantistes et un revers sévère pour les non indépendantistes à quelques mois du 3e référendum. Roch Wamytan a été réélu président du Congrès, mercredi 28 juillet, dès le premier tour en devançant Virgine Ruffenach et Annie Qaeze.
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Après l'élection de Louis Mapou à la tête du gouvernement au début du mois, c'est la première fois dans l'histoire de la Nouvelle-Calédonie que deux indépendantistes sont à la tête des principales institutions du pays. De quoi susciter de nombreuses réactions à la suite de cette élection. Tour d'horizon.
"Nous avons énormément de travail à faire", assure Roch Wamytan (UC)
"Je suis satisfait", a lancé Roch Wamytan quelques minutes après sa réélection, rappelant qu'il a bénéficié des 26 voix des élus indépendantistes et des 3 voix de l'Eveil océanien. Un contraste face à l'absence d'unité du côté non indépendantiste, qui a présenté deux candidates accueillies par 12 abstentions. "C'est un sujet d'inquiétude car pour les discussions que nous aurons à partir du 13 décembre [au lendemain du 3e référendum et la période de transition], ce n'est pas un bon signal, en ce qui les concerne, envoyé aux électeurs et à l'opinion publique calédonienne, ce qu'il s'est passé aujourd'hui...", a-t-il pointé craignant de ne pas avoir d'interlocuteur dans cette période importante.
Roch Wamytan a ensuite livré ses priorités pour cette nouvelle mandature. "Nous avons énormément de travail à faire, des textes sont en attente, le monde calédonien souffre et nous avons la ferme attention de nous en occuper", a-t-il détaillé. "Les textes doivent être rapidement votés." Ses dossiers chauds seront le Ruamm, la lutte contre les inégalités sociales et la gestion de la crise sanitaire.
"C'est un signe lancé à quelques mois de la 3e consultation", estime Jean-Pierre Djaïwé (UNI)
Le chef de groupe de l'UNI a affiché sa "satisfaction" de voir deux indépendantistes à la tête du Congrès et du gouvernement. "C'est un signe lancé aux Calédoniens, à quelques mois de la 3e consultation, pour dire que les indépendantistes sont là dans une conjoncture difficile pour travailler", a-t-il souligné. "Les non indépendantistes sont dans une difficulté mais ça ne va pas les empêcher de travailler car on a besoin de tout le monde pour sortir le pays de cette situation."
"Les signes ne sont pas très bons au sein des non indépendantistes", note Milakulo Tukumuli (EO)
L'Eveil océanien a appliqué sa consigne de vote lors de cette élection, à savoir : si les non indépendantistes ne présentaient pas de candidature unique, l'EO donnait ses voix à Roch Wamytan. "Ce que je constate aujourd'hui, c'est une espèce de division au sein du groupe Avenir en confiance avec ces 12 votes blancs et 7 voix pour Virginie Ruffenach, ça m'interpelle...", souligne-t-il.
"Les signes ne sont pas très bons au sein des non indépendantistes, à quelques encablures du 3e référendum. J'espère que chaque camp sera groupé parce que le 12 décembre, c'est une date importante pour les Calédoniens, car nous devrons leur expliquer ce qu'entraînera leur choix."
"Nous n'avons pas voulu céder au chantage de Philippe Gomès", souffle Virginie Ruffenach (AEC)
Onze bulletins blancs qui correspondent à des élus Avenir en confiance et le douzième revendiqué par Nicolas Metzdorf... Interrogée durant la suspension de séance suivant l'élection à la présidence, Virginie Ruffenach a regretté "que l'unité et la solidarité qui nous animaient avant que Philippe Gomès n'entre dans le jeu et ne sème la division entre nous ne soit plus là". "Nous n'avons pas voulu céder au chantage de Philippe Gomès qui exigeait cette présidence pour faire campagne", a-t-elle ciblé.
La candidate malheureuse du groupe AEC, dont elle n'a eu qu'une partie des voix, appelle "à retrouver cette solidarité". Et lance que Calédonie ensemble "aurait pu avoir une autre attitude à quatre mois du prochain référendum". Elle a d'ailleurs souhaité se projeter sur cette campagne référendaire. "J'appelle tous les Loyalistes à s'unir pour cette campagne", a-t-elle lancé. "Nous avons eu un épisode institutionnel qui était une affaire de partis politiques, mais la campagne référendaire est une affaire d'hommes et de femmes de Nouvelle-Calédonie, et de notre avenir à tous sur lequel nous devons être rassemblés."
"Il faut que nos campagnes se complètent", souligne Annie Qaeze (CE)
La candidate soutenue par Calédonie ensemble, qui a obtenu les six voix de Calédonie ensemble, a pris la parole pour réagir à ce scrutin. "Je regrette que toutes les propositions qui ont été faites, jusqu'au bout, n'aient pas pu aboutir à une candidature commune", a confié Annie Qaeze. "Mais maintenant, ce qui est important pour moi, c'est de [se] tourner vers l'avenir, la campagne référendaire (…) et ce qui est important, c'est de convaincre, au-delà de nos sensibilités. Les partisans du Non ne doivent pas faire campagne les uns contre les autres. Il faut que nos campagnes se complètent."
"Ça ne ressemble à rien ce qu'il s'est passé aujourd'hui au Congrès", se désole Nicolas Metzdorf (Générations NC)
Le patron de Générations NC, qui a voté blanc, n'a pas caché son amertume face à cette absence d'unité au sein des non indépendantistes. "Je suis très déçu de ce qu'il vient de se passer. On a essayé de tisser des liens entre le Rassemblement ey Calédonie ensemble pendant plus d'une semaine mais Thierry Santa et Philippe Gomès ne se sont pas entendus", a-t-il déploré. "C'est regrettable car aujourd'hui, ça facilite l'élection d'un indépendantiste à la tête du Congrès. Je pense qu'il faut se servir de cet échec pour rebondir."
Nicolas Metzdorf en a profité pour rappeler son souhait de voir la création d'un intergroupe entre tous les non indépendantistes. "Ce serait un bon signal envoyé à nos électeurs pour dire que nos avons compris l'enjeu et que nous sommes prêts à faire une campagne pour le référendum qui soit puissante, coordonnée et qui représente tout le monde." Car, selon lui, ces querelles politiques doivent s'arrêter. "On ne peut pas continuer comme ça, aujourd'hui, ça ne ressemble à rien ce qu'il s'est passé au Congrès et c'est aussi l'échec d'une classe politique."