A peine âgé de deux ans, l'Eveil océanien a participé aux récentes discussions sur l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie tandis que, localement, le jeune parti continue de jouer sa propre partition politique. Son dirigeant était dimanche l'invité du journal télévisé.
Avis de conseil politique, pour l’Eveil océanien. Il aura lieu samedi 3 juillet, au Mont-Dore, et ce ne sont pas les sujets qui manqueront. Un peu plus de deux ans après sa création, en mars 2019, le mouvement porté par la communauté wallisienne et futunienne continue de défendre une forme de pragmatisme et une stratégie de la troisième voie. Un parti qui vient d'être conforté dans sa jeune légitimité : à l'invitation de l'Etat, il a participé aux récentes discussions politiques sur l'avenir institutionnel.
Un rappel de Laurence Pourtau et Nicolas Luiggi :
C’est dans ce contexte que Milakulo Tukumuli, président de l’Eveil océanien, était dimanche 27 juin l’invité de notre journal télévisé. Voici ce qu'il faut retenir de cette interview.
Pas de 17e gouvernement "à cause des indépendantistes"
Bientôt cinq mois que le 16e gouvernement calédonien est tombé... sans que le suivant arrive à se doter d'un président et à prendre ses fonctions. "Premièrement, c’est à cause des indépendantistes et je pense que chaque jour qui passe décrédibilise leur cause et la troisième et dernière consultation", a posé dimanche Milakulo Tukumuli. Non sans avoir rappelé ce qu'il s'est passé durant l'élection du nouvel exécutif : les élus EO du Congrès ont, rappelons-le, contribué à doter le gouvernement d'une majorité indépendantiste en soutenant la liste Union calédonienne.
Mais la répartition des voix a pris une telle tournure que le membre sortant Eveil océanien a perdu sa place, tandis que l'UC et l'UNI se retrouvaient dans cette égalité impossible à départager. Milakulo Tukumuli évoque une fois de plus cette fameuse "voix de l’Avenir en confiance qui [s'est retrouvée] sur les voix de l’UNI pour punir l’Eveil océanien".
L'espoir d'un président "avant le 15 juillet"
Comment sortir d'une impasse qui n'en finit pas de durer ? "A Paris, il y a eu des discussions entre l’Eveil océanien et l’Union calédonienne pour dire qu’il faut se mettre autour de la table dès le retour en Calédonie. C’est ce qui a été fait", a assuré l'invité du JT. "Les discussions ont repris. Des rencontres sont prévues [cette semaine] avec l’Union nationale pour l’indépendance pour essayer de mettre en place ce 17e gouvernement et, je l’espère, avant le 15 juillet."
L'EO restera-t-il dans la majorité avec les indépendantistes ? "On a été avec la majorité de l’Avenir en confiance pendant les dix-huit derniers mois", rétorque son dirigeant, avant de préciser : "Nous ne formons pas de majorité, ni avec l’Avenir en confiance, ni avec les indépendantistes. Nous mettons en place des présidents, au gouvernement et au Congrès." Congrès qui va être renouvelé en juillet. "Et là il y aura une décision importante à prendre pour le mouvement que je représente."
Nous n’appartenons à personne. Nous faisons les choix qui nous paraissent bons pour l’ensemble des Calédoniens.
Le "partage des institutions" implique "un président loyaliste à la tête du Congrès"
Les élus EO aideront-ils à nouveau le candidat indépendantiste à prendre le perchoir du Congrès ? "Je vais parler, moi, de partage des institutions", répond Milakulo Tukumuli. "Nous avons permis aux indépendantistes, quarante ans après, de pouvoir être président du gouvernement. Normalement, on devrait mettre un président loyaliste à la tête du Congrès. Encore faut-il qu’ils se mettent d’accord."
Pour le Comité des signataires en Calédonie, dès que possible
Après la séquence politique parisienne, l'Eveil océanien se sent également légitime pour prendre part au prochain Comité des signataires. "C’est autre chose", cadre son leader, qui qualifie l'exercice de "protocolaire" : il "veille au bon déroulement de l’accord qui va se terminer avec la troisième consultation. Nous avons participé, au premier Comité des signataires de ce mandat. Oui, nous participerons au prochain." Pour Milakulo Tukumuli, il faudra le faire localement et très rapidement "pour ensuite se mettre en ordre de marche pour la dernière consultation".
La participation à la campagne référendaire toujours en question
L’Eveil océanien n’existait pas encore au premier référendum. Lors du deuxième, il ne s’est pas positionné en faveur du Oui ou du Non. Et pour le troisième ? "Ce sont des questions que nous mettons à l’ordre du jour de notre futur conseil politique".
La Calédonie a-t-elle les moyens de son autonomie ? "Aujourd'hui, non"
Début juin, le ministre des Outre-mer reformulait le jeu politique binaire à la Calédonienne, en parlant d’indépendantistes et d’autonomistes. "C’est un débat que nous avons eu au sein de l’Eveil océanien lors de la fondation de notre mouvement", enchérit Milakulo Tukumuli, qui explique trouver du sens, à ce terme d'autonomistes. Quant à la question "la Nouvelle-Calédonie a-t-elle les moyens de son autonomie ?", sa réponse est claire : "Aujourd’hui, clairement, non. Mais je pense qu’on peut y travailler. Pour rendre la Calédonie autonome. L’indépendance, c’est une autre histoire, c’est les rapports qu’on a avec la France."
Il se sent "foncièrement Calédonien"
Quelle nationalité choisirait Milakulo Tukumuli en cas d’indépendance ?, interroge un internaute. "Si le nouveau statut nous permet de conserver les deux nationalités, je conserverai les deux", répond l'intéressé. "S’il fallait en choisir une, personnellement, je suis avant tout Wallisien et Futunien. Je suis Calédonien. Et après, je me sens Français. Donc je choisirais la nationalité du nouvel Etat, parce que je me sens foncièrement Calédonien."
Quid de l’augmentation du SMG et de la vie chère ?
Les questions sociales ont été au cœur des campagnes électorales menées par le jeune parti. Ce qu’un autre internaute interrogeait dimanche. Milakulo Tukumuli a réagi en évoquant les dix mesures avancées par son mouvement il y a deux ans. "Ce New deal est l’un des éléments importants qui nous a permis de conclure un accord avec l’Avenir en confiance. Christopher Gygès, [membre AEC du 16e gouvernement en charge de l’économie], a reçu notre proposition et lui, devait mettre en place, peut-être pas la totalité mais un certain nombre de (…) mesures".
"Deuxième élément de réponse : avec la crise sanitaire mondiale, énormément d’entreprises sont en train de fermer", argumente-t-il. "Il faut, 1., essayer de sauver les emplois, 2., développer notre économie. Il y a des filières que nous devons soutenir : agroalimentaire, de pêche, minière. Ensuite, il faudra parler du pouvoir d’achat."