À trois semaines des élections générales, plus de 50 organisations aborigènes lancent un appel commun aux candidats. Dans cette « déclaration Redfern », elles font part de leurs principales demandes, dont le rétablissement d'un ministère des Affaires indigènes.
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C'est d'une seule voix que de nombreux représentants aborigènes de toute l'Australie ont lancé cet avertissement aux hommes politiques du pays : il faut que le gouvernement change d'approche et vite. Jackie Huggins copréside le Congrès national des Premiers peuples d'Australie : « On présente un front uni. On ne veut pas être marginalisé et on dit au gouvernement : si vous nous ignorez, c'est à vos risques et périls, parce que nous votons, nous aussi. Et ce sont nous qui sommes les plus défavorisés dans ce pays. Il est temps que le gouvernement en prenne conscience et s'implique pour nouer une relation réellement significative et profonde ; c'est ce que nous réclamons depuis des années. »
Ces représentants aborigènes listent des demandes concrètes, qui permettraient, selon eux, d'améliorer la situation des peuples aborigènes. La première chose que le futur gouvernement devra faire, c'est de nommer un ministre des Affaires indigènes, selon eux. Lorsqu'il est arrivé au pouvoir, il y a trois ans, Tony Abbott a pris la charge de ce ministère. Son successeur au poste de Premier ministre, Malcolm Turnbull, n'est pas revenu sur cette nouvelle organisation. Cela partait d'une bonne intention, mais le résultat est décevant, estime Pat Turner, ancienne PDG de la Commission des Aborigènes et indigènes du détroit de Torrès : « Le bureau du Premier ministre fait de la coordination. Ils n'ont aucune idée de comment mettre en place des programmes et ça s'est vu avec la Stratégie pour l'émancipation des peuples indigènes, qui ne sert à rien. Il faut que l'on récupère un ministère et qu'il soit dirigé par un Aborigène ou un indigène du détroit de Torrès compétent pour que l'on puisse travailler plus efficacement avec le gouvernement et avec nos communautés. »
Selon ce groupe, ces vingt-cinq dernières années, les Premiers ministres se sont succédés, de nombreux plans ont été annoncés, des promesses ont été faites, de l'argent a été dépensé, puis des coupes budgétaires ont été réalisées. Résultat : le fossé entre les populations aborigènes et les populations non-aborigènes ne cesse de se creuser. Notamment dans le domaine de la santé, souligne Pat Turner : « Le budget de la santé représente 10% du budget total du gouvernement. 90 milliards de dollars y sont consacrés. Le secteur aborigène bénéficie de 4 milliards. Faites le calcul. Si combler le fossé est si important aux yeux du futur gouvernement, il devra financer la mise en place d'un plan dans le domaine de la santé. »