"Christian Tein a rencontré Emmanuel Macron avec la délégation du FLNKS. Il a tenu à s’adresser aux soutiens CCAT, au pays." Ces mots introduisent le montage vidéo d’une demi-douzaine de minutes diffusé sur les réseaux sociaux ce vendredi, en début de nuit, par la Cellule de coordination des actions de terrain. Une "communication afin de donner les directives", attendues par les manifestants toujours déployés à Nouméa et le Grand Nouméa, mais aussi à travers le pays.
Une réaction scrutée
La réaction de la structure qui porte la mobilisation contre l’ouverture du corps électoral était scrutée, après la déclaration faite par le président de la République jeudi : "Je demande, a dit le chef de l’Etat, à ce que tous les responsables appellent explicitement à la levée des barrages et des points fixes. Il faut que cela se fasse dans les jours et les heures qui viennent. Dès que ce sera le cas, l'état d’urgence sera levé." Qu’apprend-on dans cette vidéo ?
Un appel à rester "mobilisés"
Pas d’appel immédiat à la suspension ou à la levée du mouvement. "On reste mobilisés", lance au contraire Christian Tein, considéré comme le leader de la structure. "On maintient toute la résistance dans les quartiers. Mais c’est une résistance où on fait attention à nos vies, on fait attention à nos enfants."
Mais aussi à "desserrer un peu l’étau"
Il mentionne toutefois la volonté d’aller sur le terrain "quartier par quartier, zone par zone, pour demander à ce qu’on puisse, sur les artères principales, desserrer un peu l’étau de manière à ce que le carburant puisse aller aux îles, au Nord, au Sud pour servir nos populations. Les médicaments, les gens qui sont dialysés, qui ont besoin de soins. C’est notre priorité, jamais la CCAT n’a eu pour objectif d’atteindre la vie des gens", formule-t-il.
"L’objectif principal, l’accession à la pleine souveraineté"
"Là où la CCAT est en responsabilité, on dit qu’on doit y aller jusqu’au bout sur ce sujet, qu’on ne lâchera pas prise", dit-il encore à propos du corps électoral, face caméra, entouré de nombreuses personnes. "Il y a trop de souffrances, trop d’enjeux qui ont été mis là-dedans, et il faut y aller jusqu’au bout. Mais de manière coordonnée, structurée, organisée, pour qu’on puisse atteindre les objectifs. L’objectif principal, c’est l’accession de notre pays à la pleine souveraineté."
"Plus de deux heures" avec Emmanuel Macron
Christian Tein évoque cette rencontre avec le président de la République qui "a duré plus de deux heures", jeudi soir, à Nouméa, au haut-commissariat. "On a défendu, jusqu’au bout, le positionnement que la CCAT a porté", déclare-t-il. "Non au dégel du corps électoral, Non à la recolonisation de notre pays. Et dans les interventions qu’on a [faites], on a rappelé au président de la République les sept mois [durant] lesquels on s’est mobilisés pacifiquement pour rappeler (…) l’enjeu de ce sujet".
On a été dire, avec le premier représentant de la France, notre mécontentement sur la manière dont ce sujet [du corps électoral] a été traité par son cabinet et surtout le ministre de l’Intérieur M. Darmanin.
Christian Tein, responsable de la CCAT, dans une vidéo diffusée le 24 mai 2024
Le président "a pris un engagement"
"On lui a dit, avec les camarades du FLNKS, que ce sujet-là doit être reposé sur la table. Il a pris un engagement de dire qu’il n’allait pas forcer le Congrès de Versailles", retient Christian Tein. "C’est ce qu’on attend." Il évoque aussi la démarche de médiation confiée par l’Etat à trois hauts fonctionnaires. "La CCAT s’approchera et s’intéressera à cette mission, pour savoir c’est quoi exactement l’enjeu dans lequel on est inscrits."
Demande de "lever" les assignations et de "lever le pied" sur les interventions policières
La Cellule de coordination des actions de terrain a des requêtes immédiates pour "Paris et le haut-commissariat". "Suite à la rencontre avec le président de la République, une demande forte a été faite, de lever l’ensemble des assignations [à résidence] des responsables de la CCAT pour qu’on puisse aller sur le terrain. On ne peut pas aller expliquer les enjeux, apaiser les choses, si on n’a pas levé ces obstacles."
On ne peut pas demander de faire un certain nombre de choses en quarante-huit heures et en même temps, être contraints de ne pas pouvoir sortir.
Christian Tein
Enfin, concernant "les différentes interventions du Raid et de la police en ce moment dans les quartiers", la CCAT demande à l’Etat de "lever le pied". En glissant : "On a joué le jeu en rencontrant le président de la République pour ramener le calme au niveau du pays."