Émeutes en Nouvelle-Calédonie : les établissements scolaires fermés sur l'ensemble de la Grande terre jusqu'au 17 juin

Le lycée protestant Do Kamo, à Nouméa Vallée-des-Colons. Image d'illustration.
Une vingtaine d'écoles pillées, une dizaine de collèges et lycées dégradés... L'ensemble des établissements scolaires de la Grande terre resteront fermés, la semaine prochaine. Compte tenu des vacances scolaires, la rentrée ne se fera que le 17 juin.

Établissements scolaires pillés et dégradés, personnel d’éducation en danger, continuité pédagogique… Isabelle Champmoreau, vice-présidente du gouvernement en charge de l’enseignement, faisait le point, ce vendredi 24 mai après-midi, sur la situation de l’éducation en Nouvelle-Calédonie.

Personnel en danger 

Elle a tout d’abord tenu à saluer l’engagement du personnel des établissements scolaires et des citoyens, “qui protègent les écoles, lycées et collèges”. Un premier bilan matériel a été établi et un calendrier de reprise, mis en place. “On a surtout la priorité de protéger les personnes et le personnel”, révèle Isabelle Champmoreau. “On a dû reloger un certain nombre de membres du personnel, pour qu’ils soient en sécurité. Les dégâts matériels sont considérables, mais il faudra aussi tenir compte des dégâts psychologiques sur nos personnels et les élèves”.

Un numéro vert dédié au personnel des établissements scolaires du privé et du public est mis en place : il s’agit du 05 00 16.

La reprise doit se faire dans les meilleurs délais, “mais elle ne se fera que quand la sécurité sera rétablie”, indique la vice-présidente de l’exécutif.

Bilan matériel encore en cours

Le bilan matériel est encore en cours, parce que l’accès à tous les sites est encore compliqué. Mais plusieurs écoles ont été fortement dégradées. “On estime à une vingtaine, les écoles (publiques et privées) partiellement dégradées et pillées”. Difficile pour l’heure d’établir un bilan financier, à ce stade.

Concernant les collèges et lycées, “une dizaine d’établissements ont été dégradés totalement ou partiellement”. A Nouméa, dans le quartier de Rivière-Salée, le lycée professionnel Petro-Attiti a été totalement dégradé. De même que les collèges de Kaméré, à Nouméa sur la presqu'île de Ducos ; Auteuil, à Dumbéa ; et Boulari, au Mont-Dore.

Ceux des Portes de fer, de Rivière-Salée et de Tuband à Nouméa, celui de Dumbéa-sur-mer et le lycée catholique Saint-Pierre-Chanel à La Conception, au Mont-Dore, ont été partiellement dégradés. “Des évaluations sont toujours en cours, mais 4 000 élèves dans le secondaire et 1 000 dans le primaire sont touchés”. Une aide est sollicitée auprès de l’État, pour lancer une phase de réparation et de reconstruction des établissements scolaires.

Le calendrier scolaire inchangé

Le calendrier scolaire, reste quant à lui inchangé. La semaine prochaine, “les établissements scolaires primaires et secondaires vont rester fermés, sur tout le territoire. On attend encore une confirmation pour les îles”, précise Isabelle Champmoreau. Les élèves enchaîneront avec deux semaines de vacances scolaires, comme prévu. La rentrée doit avoir lieu le 17 juin.

En attendant, “pour les élèves, des activités pédagogiques vont leur être transmises. Les établissements scolaires communiqueront avec les familles”.  Et avant le retour sur les bancs de l’école, “il y a un gros travail à faire, sur les conditions de retour en classe. Nous devons travailler sur des protocoles d’accueil avec les inspecteurs, chefs d’établissements et enseignants. Nous allons avoir une attention particulière pour les élèves qui ont des examens à la fin de l’année”, assure la vice-présidente du gouvernement, en charge de l’enseignement.

Les campus de Nouville et de Baco fermés

Concernant les universités, les campus de Nouville, à Nouméa, et de Baco, à Koné, restent également fermés la semaine prochaine, “jusqu’à ce que les conditions de sécurité soient réunies, déclare Catherine Ris, présidente de l’Université de la Nouvelle-Calédonie.  Les étudiants hébergés sur le campus de Nouville sont ravitaillés et ils ne sont pas seuls. Ils sont dans un environnement qui les met en sécurité. Ils ont aussi accès à la connexion internet. Même si certain d’entre eux sont partis”, indique Catherine Ris.

Concernant la continuité pédagogique, “des ressources ont déjà été mises en ligne pour les étudiants, certains contrôle ont aussi pu avoir lieu en ligne”.

  • La priorité est portée sur les étudiants en licence : car l’année universitaire se termine au mois de juin. “La priorité sera mise dès la semaine prochaine, sur l’organisation de cette fin de semestre, pour qu’ils puissent finir leur année de la meilleure façon possible”, révèle la présidente de l’Université de la Nouvelle-Calédonie.
  • Concernant les étudiants dans des situation de concours, les licences accés santé ou ceux qui préparent l’accès au corps professoral, “beaucoup d’épreuves écrites et orales, en visio, ont déjà eu lieu. Pour ce qui n’est pas encore fait, on a un délai qui nous permet d’aller jusqu’à la fin juin, pour organiser les épreuves écrites, avant les épreuves orales. On travaille en lien avec les universités, qui les accueilleront ensuite”, explique Catherine Ris. 

Un dispositif est également mis en place avec l’OPT, “pour remettre en place l’accès aux ressources pédagogique sur le serveur de l’université”.

Le soutien psychologique est également assuré, pour le personnel et les étudiants. La cellule d’écoute est toujours en place, à l’université de Nouville, avec des consultations gratuites par téléphone.

L’heure est aussi à la préparation du retour des étudiants sur les campus. “Cela ne se fera pas sans temps de parole, d’écoute et de médiation”, assure Catherine Ris.

Une difficulté : le lycée Petro-Attiti

De son côté, le vice-recteur Didier Vin-Datiche adresse un message de soutien au personnel des établissements scolaires. Le personnel qui loge dans certains établissements scolaires a été placé dans des situation de danger extrême. Il a fallu les exfiltrer quand c’était possible. Nous leurs avons proposé des opérations de relogement”, révèle le vice-recteur.

Une difficulté persiste, selon Didier Vin-Datiche : le lycée Petro-Attiti. “Nous avons commencé, avec l’aide de l’enseignement privé, à chercher des capacités d’accueil sur des formations similaires. Nous portons une attention particulière sur ces classes, qui ont un examen en fin d’année”.