Emeutes en Nouvelle-Calédonie : "Les poches de non-droit existent encore même si dans Nouméa beaucoup de choses se sont largement améliorées", assure Gérald Darmanin

Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur, lors de la commission des lois du mardi 21 mai 2024.
Près de mille arrestations qui ont donné lieu à 248 gardes à vue, dont une trentaine de mineurs. 29 procédures d’assignation à résidence en cours. Encore quatre avions militaires et civils avec l’équivalent de six escadrons de gendarmerie, de CRS et de personnel des forces armées. Ce sont quelques-uns des chiffres détaillés par Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur et des Outre-Mer la nuit dernière lors de la commission des lois à Paris.

Avant son départ pour la Nouvelle-Calédonie avec le président de la République, le ministre de l'intérieur et des Outre-mer a fait un point complet sur l'évolution de la situation sur le plan sécuritaire, mais aussi sur les moyens déployés sur le Caillou."Nous avons fait 29 procédures d'assignations à résidence, dont 17 ont été notifiées", indique ce mardi Gérald Darmanin lors de son audition devant la commission des lois de l'Assemblée nationale.

Le ministre a rappelé que la notification d'une assignation à résidence doit être remise en main propre, ce qui n'est "pas toujours facile". Ces assignations concernent "essentiellement des personnes souvent membres de la CCAT, [la cellule de coordination des actions de terrain], susceptibles d'avoir organisé des éléments subversifs ou d'encouragements à la subversion ou d'appels à la violence." 

Concrètement les assignations à résidence ne consiste pas à rester 24H/24 dans son domicile précise t-il, mais bien à "pointer dans les commissariats ou brigades de gendarmerie plusieurs fois dans la journée et à ne pas entrer en relation avec d'autres personnes afin d'éviter que les personnes que nous soupçonnons d'être les organisateurs de cette insurrection ne puissent pas continuer à travailler à cette insurrection." 

Une trentaine de mineurs

"Nous avons fait, tout confondu c'est-à-dire y compris des choses qui ne relèvent pas de l'état d'urgence, 276 interpellations, qui ont donné lieu à 248 gardes à vue", a également déclaré Gérald Darmanin. Parmi ces gardes à vue figurent "une trentaine de mineurs".

Le locataire de la place Beauvau  concède que "les poches de non-droit existent encore même si dans Nouméa beaucoup de choses se sont largement améliorées." Il y a par ailleurs "23 perquisitions administratives" prévues, "dont cinq qui ont été réalisées", a-t-il ajouté.

Pas de précision en revanche concernant la prolongation ou non de l'état d'urgence lors de cette commission. 

L'auteur du tir sur le gendarme aurait été identifié

Gérald Darmanin est ensuite revenu sur l'avancée des différentes enquêtes ouvertes pour assassinat, meurtre, homicide involontaire. "Parmi ces interpellations et ces gardes à vue, il y a donc ces auteurs d'homicides. A l'exception de l'auteur de l'homicide contre le gendarme, ils ont tous été interpellés et présentés devant la justice." Il précise d'ailleurs que l'auteur du tir sur le gendarme mobile n'a pas été interpellé mais qu'il aurait cependant été "identifié"

Il y a aussi de nombreuses personnes qui ont été interpellées pour pillage, pour agressions physiques et pour mise en place d'éléments qu'on pourrait qualifier de contraire à l'ordre public.

Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur

Quatre avions sur le point d'arriver

Concernant les moyens humains, Gérald Darmanin rappelle que 1131 personnels en renfort sont mobilisés répartis en neuf escadrons de gendarmerie mobile, dont 57 membres du GIGN et quatorze membres du Raid.  A noter également pour assurer les enquêtes 26 officiers de police judicaire de la police nationale, et 41 de la gendarmerie nationale. "J'ai dépéché sur place le numéro 2 de la police nationale, des spécialistes de commandements et de soutien, deux sous-préfets qui aident le Haut-commissaire au fonctionement 24h/24 de l'Etat."

En renfort également, soixante-cinq sapeurs-pompiers pour les feux urbains, soixante militaires de la sécurité civile, "parce que l'un des problèmes que nous avons c'est le déblaiement des barrages" et douze spécialistes des interventions dans le milieu carcéral. "Vont encore arriver sur place quatre avions militaires et civils, et dans ces quatre avions, il y aura encore l’équivalent de six escadrons de gendarmerie, de CRS et ainsi qu'un certain nombre de personnel des personnel des Fanc."

Et de rappeler que c’est bien le ministère de l’intérieur qui assure le maintien de l’ordre public, et non pas l’armée.

Nous avons également proposé une protection à l'ensemble des élus calédoniens qu'ils soient indépendantiste ou non indépendantistes sur lesquels il existe des menaces graves.

Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur

Manque d'anticipation

Le ministère de l'intérieur a répondu aux critiques concernant un éventuel manque d'anticipation. "Il y avait 1700 policiers et gendarmes. J'ai pu entendre ici ou là qu'il y avait un manque d'anticipation. Il y avait sept escadrons de gendarmeries sur place [...] 1700 policiers et gendarmes sur une île de 250 000 habitants c'est vraiment beaucoup de monde. [...] Pour les référendums on était très en deça de ça." 

Un point sur les évacuations

Enfin Gérald Darmanin a confirmé que 84 personnes ont été évacuées, notamment des familles de gendarmes, qui ont été mis en sécurité. "Comme vous avez dû le voir, nous avons commencé les départs de la Nouvelle-Calédonie pour les touristes français et pour les touristes étrangers. [...] Se pose désormais la question des touristes calédoniens qui veulent rentrer en Nouvelle-Calédonie, sur laquelle nous travaillons aujord'hui."

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