Emeutes à Saint-Louis : de 2 à 8 ans de prison pour les prévenus

Hier, le tribunal correctionnel s'est penché une nouvelle fois sur les violences de Saint-Louis. Trois vagues d'émeutes sont intervenues suite à la mort de William Décoiré en octobre et novembre 2016, entraînant les blessures de plusieurs gendarmes.

   
Elle a lourdement pesé sur les débats : la mort de William Décoiré survenue le 29 octobre 2016. Pour les prévenus et leurs avocats, celle-ci explique tout. Notamment la colère des jeunes de la tribu qui réagissent ce jour là en installant des barrages et en attaquant violemment les gendarmes venus dégager la route. Les jets de pierre et les coups de feu provoquent six blessés parmi les gendarmes dont deux touchés grièvement. Mais la mort de William Décoiré expliquerait également ces autres affrontements à la mi novembre et ces nouveaux tirs sur les gendarmes, toujours pour obtenir des réponses sur le décès brutal du jeune évadé, tué par un gendarme lors du contrôle d'un véhicule volé et avec lequel il a foncé sur les forces de l'ordre. 

Pour les avocats de la défense, les prévenus ont laissé parler leurs émotions sans véritable concertation. Une thèse que réfute l'avocate des parties civiles, les sept gendarmes victimes de violences. "L'uniforme est une cible" a martelé Maître Lepape, "c'était une expédition punitive, ils voulaient faire la guerre et ils s'y sont préparés"

Pour le procureur, Alexis Bouroz, la mort de William Décoiré est une tragédie mais aussi un prétexte "parce que vous avez déjà tiré sur des gendarmes avant cela, bloqué la route et caillassé des voitures" dira-t-il aux prévenus. Et de rappeler que, lors des auditions, certains ont reconnu que le but était de tuer un gendarme pour venger la mort de leur ami, frère ou cousin. 

Le procureur requiert des peines lourdes, de 3 à 10 ans de prison, pour les 10 prévenus. Le tribunal les a condamnés à des peines allant de 2 à 8 ans de réclusion. 

Enfin, le procureur Alexis Bouroz a annoncé hier qu'il était désormais favorable à une reconstitution des faits qui ont mené au drame si, toutefois, les conditions de sécurité pour la réaliser sont garanties. Une instruction est actuellement en cours dans ce dossier. 


Le reportage de Bernard Lassauce, Natacha Cognard et Patrick Nicar 
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