Emmanuel Macron en Nouvelle-Calédonie : pourquoi l'UC n'a pas participé à la réunion avec le président

Séquence politique de la visite présidentielle, la "réunion de travail avec les parties prenantes aux négociations sur l'avenir institutionnel".
Plusieurs élus indépendantistes n'ont pas répondu à l'invitation du président de la République : ils ne sont pas venus, mercredi matin, à la "réunion de travail avec les parties prenantes aux négociations sur l'avenir institutionnel". C'est le cas de Gilbert Tyuienon ou Roch Wamytan, pour l'Union calédonienne. Ils expliquent, et réagissent au discours qui a suivi.

L'Union calédonienne a choisi de ne pas venir à cette réunion de travail. Le rendez-vous annoncé le plus politique de la visite, au haussariat, avec le chef de l'État et les autres "parties prenantes" du processus. Une absence remarquée. Qui a "blessé" le président, a dit celui-ci. Gilbert Tyuienon, premier vice-président de l'UC, explique que cette rencontre ne répondait pas aux attentes du parti indépendantiste. 

"Il faut savoir où on va" 

"Nous sommes engagés dans des conditions bilatérales avec l’État, argumente-t-il dans le journal radio de 17 heures sur NC la 1ère. Il faut que la présence du président de la République nous permette d’avancer. Il fallait qu’on commence à nous brosser le contour de ce futur accord global dont tout le monde parle". Avec des élements portant sur "les compétences de la Nouvelle-Calédonie, des institutions ou sur le corps électoral". Un travail qui n'a pas été fait, selon lui. 

En attendant la cour internationale

Roch Wamytan a d'autres arguments : “Nous attendons, avec impatience, le résultat de l’avis consultatif que nous avons demandé à la Cour internationale de justice concernant le troisième référendum."

Une fois que cette cour aura donné son avis sur la question posée - ‘est-ce que les conditions du troisième référendum respectent le droit des peuples à disposer d’eux mêmes’, et notamment le droit du peuple kanak - nous allons peut-être, on va dire ça comme ça, admettre le troisième référendum.

Roch Wamytan, Union calédonienne

"C’est pour cela que nous avons préféré, dans ce format-là, ne pas aller à la négociation, ajoute-t-il. Nous avons considéré, aussi, que c’était une réunion trilatérale. Pour le moment, comme nous avons perdu la confiance dans ce gouvernement, et au président de la République, on s’est abstenu.”

Sa réaction recueilli par Julie Straboni et Claude Lindor :

©nouvellecaledonie

"Un nouveau néocolonialiste du XXe siècle"

L'Union calédonienne participera-t-elle aux réunions trilatérales annoncées à Paris, en août ? La décision, répond Gilbert Tyuienon, serait prise lors du comité directeur qui aura lieu ce week-end. Le discours prononcé ce mercredi après-midi pèsera-t-il dans la balance ? La question reste entière. Une chose est sûre : l'allocution du président, à laquelle l'UC a appelé à ne pas se rendre, n'a pas été du goût de Gilbert Tyuienon. "On attendait un geste fort. On attendait le discours d’un libérateur pour notre pays. On a entendu le discours d’un nouveau néocolonialiste du XXe siècle".

Le vice-président de l'Union calédonienne se dit "déçu parce qu’on parle de consensus, de la volonté de construire ensemble l’avenir. Sauf qu'on ne cesse de répéter les points de départ qui sont divergents entre nous. Tant que l’État n’aura pas compris que nous n’accepterons pas, et que nous n’accepterons jamais, les résultats de la 3e consultation, on ne pourra pas aller plus loin."

"Pas d'accord pour le dégel du corps électoral"

Autre point de désaccord selon lui : le corps électoral restreint. "Le président de la République annonce que nous avons acté le dégel du corps électoral provincial. Je le répète. Nous avons donné notre accord pour engager un travail sur les listes électorales provinciales et de consultation. C’est tout. À l’issue de ce travail, le FLNKS donnera son avis sur la question.

Pour le moment, aucun des partis politiques n’a donné son accord pour le dégel du corps électoral. On veut avancer à marche forcée contrairement à ce qui a été dit. Il y a eu beaucoup d’orientations dans son discours, et beaucoup d’imprécisions.

Gilbert Tyuienon, Union calédonienne

Quant au chemin du pardon qu'Emmanuel Macron souhaite voir se dessiner, il pose d'après lui question. "Il faut le bâtir. On ne peut pas le faire seul dans son coin. On le bâtit sur un pied d’égalité, avec des échanges équilibrés entre nous et les autres. Pour le chemin de l’avenir, c’est pareil."

"La paix, c'est l'Etat impartial"

Et Roch Wamytan d'apporter son propre commentaire à ce fameux discours de Nouméa : “La paix, et les conditions de cette paix en Nouvelle-Calédonie, c’est que l’Etat soit impartial et au service de tous. Quand on regarde ce qu’a fait M. Macron depuis cinq ans, il [est] sorti de l’impartialité de l’Etat (…) puisqu’il a pris parti pour les catégories de populations, de responsables calédoniens, qui souhaitent garder la Calédonie dans la France.”