Pour sa direction et ses salariés, la clinique Kuindo Magnin est indispensable au système de santé calédonien. Ils en veulent pour preuve la forte mobilisation du personnel pour proposer une continuité de soins ces cinq dernières semaines, dans un contexte d'extrême tension. Ses équipes ont maintenu une capacité maximale d’occupation dans le service d’oncologie qui accueille les patients atteints de cancer, tout en venant en aide dans d'autres domaines lorsque le besoin s'est fait ressentir.
La clinique a ainsi hébergé des patients dialysés suivis par l'unité de néphrologie de Nouvelle-Calédonie qui ne pouvaient plus se déplacer depuis le Mont-Dore et Dumbéa. Des personnes polyhandicapées provenant du Foyer Paul-Reznik, incommodées par les fumées des incendies déclenchés à proximité du site, ont également été prises en charge. “Quand les événements ont éclaté, on avait encore 150 patients hospitalisés sur le site de Nouville, Soit 80% de notre capacité, explique Céline Monnier, la directrice des soins. La continuité des soins a été assurée grâce aux équipes qui se sont relayées 24 heures sur 24.”
Un plan de sauvegarde en cours
Les équipes ont également assuré des missions de service public comme la maternité et les urgences " alors qu’elles ne sont pas financées et représentent 30 à 40% de ses pertes structurelles" indique Serge Magot, directeur général de la clinique. La perte d’exploitation enregistrée durant la crise se situerait entre 350 et 400 millions de francs.
Or, la clinique était déjà en grande difficulté. “Nous avons présenté un plan de sauvegarde au mois de février au tribunal qui a été rejeté en l'état et sur lequel on doit revenir, indique Serge Magot. Dans ce plan de sauvegarde, il était question d'une revalorisation tarifaire que l'on a eu qu'en partie et donc il nous faut absolument l'autre partie pour pouvoir pérenniser l’établissement.”
Même avec les paiements de la CAFAT, et le soutien de la DASS et du gouvernement pour les acheminements de médicaments, le contexte reste critique. L’attribution d’une subvention de 500 millions de francs a été officiellement demandée aux institutions, sans laquelle l’établissement pourrait fermer ses portes. Or, l’établissement “assure 60% de l’activité chirurgicale, si on disparaît, je ne sais pas comment ça va pouvoir être réparti”, s’interroge Marc Fermaut, chef de bloc de la clinique.
Autre problématique : la perspective de perdre une partie du personnel, dont certains spécialistes, en raison de la crise. La clinique se prépare à des départs.
Le reportage en images de Martin Charmasson et Christian Favennec :