On les appelle les PVTistes. Ce sont les heureux détenteurs d'un permis vacances travail (PVT) qui leur permet d'explorer un pays étranger pendant un an. Le gouvernement et le consulat ont lancé ce programme pilote en 2022. Un deuxième pourrait suivre, vers l'Australie cette fois.
Mi-février, l'été est encore présent à Cromwell, une ville de la région d'Otago [Ōtākou en maori], dans l'île du Sud de la Nouvelle-Zélande [Aotearoa]. C'est l'un des vergers du pays : le long de la route, des échoppes proposent les fruits de saison. Chez Webb's fruit, les patrons et frères Simon et David ne font que de la vente directe, aux habitants et touristes. C'est dans leur exploitation que les jeunes Calédoniens travaillaient au moment de ce reportage. Pour les rejoindre, on emprunte une piste poussiéreuse.
A leur arrivée, les PVTistes des trois provinces ont commencé par les cerises, à la ferme 45 south. "La première semaine, tu voyais tout le monde avec la bouche rouge d'en avoir trop mangé !", se souvient Elaysha, 20 ans, de Poindimié.
"Au début c'était difficile avec le froid le soir, raconte Julie, 24 ans, venue d'Ouvéa. On avait des courbatures partout, mais maintenant ça va, on s'est adaptés. Aux cerises, ce qui était compliqué, c'est qu'il fallait les cueillir une par une ! En plus on devait marcher avec nos échelles, avec une demi-heure de pause par jour..." Ils vivent tous ensemble, travaillent de concert et profitent de leurs jours de congés pour visiter la région. "La timidité passée, on est comme une famille."
Nectarine, abricot, pomme, prune, mirabelle, pêche... C'est une découverte pour la plupart. "C'est trop bon," jubileJean-Baptiste, 23 ans. Je pourrais en prendre pour en planter à Ouvéa." C'est sa première fois à l'étranger. "Je crois que je vais rester un peu pour me balader dans le Nord. Je conseille à d'autres de venir, pour changer un peu de la tribu."
C'est l'occasion de rencontrer des saisonniers de différentes nationalités. Aux cerises, la joyeuse bande était composée de Maoris, d'Argentins, de Chinois, de Thaïlandais, de Québécois... Là les Kanak travaillent avec des Vanuatais. "Ceux qui maîtrisent moins l'Anglais, communiquent par gestes", avoue Julie. Pour les cerises, les saisonniers étaient payés au rendement - au bucket (seau) -, chez Webb's fruit, ils sont payés à l'heure.
Ashley vit à Païta. A 22 ans, elle est en manque de poisson mais se plaît en Nouvelle-Zélande, où elle avait déjà passé des vacances. "Je pensais que ça allait être plus dur physiquement de travailler dans les champs. L'hospitalité d'ici me rappelle celle du pays. On est bien entourés, on fait de nouvelles rencontres, les journées passent vite. Je pense que je vais rester après la cueillette, parce qu'il y a beaucoup de choses à voir ici, j'aimerais bien faire la route."
Julie a des projets qui l'attendent au pays, elle n'est pas sûre de rester pour les huit mois de PVT qui lui resteront après la cueillette. "Le gouvernement et le consulat nous proposent de faire fille au pair ou de chercher un job. J'aime être ici : je n'ai jamais vu un pays aussi propre. Et on ne nous dévisage pas comme en France quand on arrive quelque part."
Je suis contente de faire partie de ce projet. Quand tu sors du pays, tu as une autre vision des choses. C'est une belle aventure, je ne regrette pas d'être là.
Julie, originaire d'Ouvéa
Quels meilleurs ambassadeurs pour leur archipel ? Ces jeunes Calédoniens ont largement vanté la destination, à grand renfort de photos. Place maintenant à l'automne et aux vendanges, dans les vignobles les plus australs de Nouvelle-Zélande.
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