En quoi consiste la semaine d’hommage aux disparus de "La Monique" ?

"La Monique", ce caboteur disparu corps et biens auquel le Musée maritime consacre un aspect de son exposition permanente.
Dimanche 31 juillet marquera le 69e anniversaire d'un drame maritime que la Nouvelle-Calédonie n'a pas oublié. Et cette année, la disparition du caboteur "La Monique" est commémorée toute une semaine, d'un bout à l'autre du pays.

Après soixante-neuf ans de mystère, les victimes de La Monique ne sont pas tombées dans l’oubli. La Calédonie garde gravé en elle que dans la nuit du 31 juillet au 1er août 1953, le caboteur de la société des Îles Loyalty a disparu en mer entre Maré et Nouméa. On n’a jamais su le sort exact du navire. Il transportait 126 personnes : 108 passagers et dix-huit membres d’équipage, sans oublier 246 tonnes de chargement.

Un devoir de mémoire

Le navire a emporté avec lui 126 personnes.

De La Monique, on a à peine retrouvé une bouée, conservée au Musée maritime, ou un fût. Ce drame majeur de notre histoire maritime a endeuillé des familles à travers toute la Calédonie. Comme celle de l’historien Louis-José Barbançon, qui y a perdu son père. "C’est le reflet de la société de l’époque", décrit celui qui préside le comité pilotant les commémorations. "Vous trouvez à bord un Vietnamien, des métis d’origine japonaise, une famille de gendarmes, une infirmière protestante, des gens de Maré, de Lifou, d’Ouvéa, de la Grande terre, des fonctionnaires, des commerçants." 

Dans le sillage de 1978

Bouée de "La Monique", conservée au Musée maritime.

Les Loyauté y paient un lourd tribut : à bord de La Monique, il y avait 59 habitants originaires de Drehu, 34 de Iaai et douze de Nengone. Maré où le caboteur a été vu pour la dernière fois puisqu'il en est parti, il était 14 heures. C’est là qu’a eu lieu la première commémoration organisée, à proprement parler, en mémoire des disparus, le 2 décembre 1978, à Tadine. Une stèle a été alors érigée avec le nom des victimes. 

"En 1978, c’est un grand événement", se souvient Emile Lakoredine, premier adjoint au maire de Maré. "On avait les grands chefs de l’époque et beaucoup de témoignages, puisqu’il y a eu beaucoup de personnes qui ont travaillé pour quelques temps sur le caboteur. On avait aussi une famille de commerçants sur Maré dont une des filles est disparue dans La Monique et qui parvenait à nous raconter. C’était très important à l’époque. Mais ça perdure." 

Un événement pays

La Monique a sombré le 31 juillet 1953, entre Maré et Ouvéa.

Le programme de cette semaine mémorielle l’atteste, l’événement a été voulu à l’échelle du pays : 

  • lundi 25 juillet, à Nouméa : 16h30, ouverture au Musée maritime ; 18h30, soirée au Conservatoire de musique et de danse.
  • mardi 26 juillet, à Koné, 8h15 : représentations au centre culturel Pomémie, en collaboration avec le centre culturel Goa Ma Bwarhat de Hienghène. 
  • mercredi 27 juillet, à Bourail, 9h30 : projection du film La Monique, une blessure calédonienne réalisé par Vincent Perazio et conférence.
  • jeudi 28 juillet, à Ouvéa, 7h30 : dépôt de gerbes, témoignages, chants, danses, projection…
  • vendredi 29 juillet, à Tiga, 13 heures : présentation du projet aux autorités coutumières et projection du film. 
  • samedi 30 juillet, à Lifou, 8 heures : hommage, intervention musicale, poésie…, à Xepenehe.
  • dimanche 31 juillet, à Maré, 7 heures : dépôt de gerbes, chants, représentations musicales et danses, à Tadine.

La préfiguration du 70e anniversaire

Des témoignages, des spectacles, des danses et des chants qui s’inspirent du dernier trajet effectué par le caboteur avant de disparaître. Un mystère douloureux qui persiste pour de nombreuses familles, et qui "fêtera" l'an prochain son soixante-dixième anniversaire. La volonté perdure de garder vivant le souvenir des victimes de La Monique.