Réunion sous tension ce mardi 25 octobre, pour le conseil d’administration d’Enercal. L’entreprise est dans une situation financière extrêmement compliquée. Au début du mois, l'élu du Congrès Philippe Michel, qui fait partie des administrateurs, avait alerté les conseillers du boulevard Vauban à ce sujet. Le président du Congrès disait s’attendre au déclenchement d’une procédure d’alerte, à l’issue de la réunion.
Un modèle déséquilibré
D’après Philippe Michel, le déficit cumulé d'Enercal serait de 17 milliards de francs à la fin de l’exercice 2022-2023. Pourtant, d’après le dernier rapport de la chambre territoriale des comptes, et l'expertise de la Commission de régulation de l’énergie, la société est correctement gérée.
Le problème est d'origine structurelle. Il est lié à la composante de stabilisation: une mesure financière prise par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, il y a 14 ans, pour financer les tarifs publics d’électricité. Depuis 2008, le modèle tarifaire a enregistré, chaque année, davantage de dépenses que de recettes. Car le tarif que payent les 110 000 consommateurs actuels ne couvre pas le coût total de la production, du transport et de la distribution d’électricité.
De nouvelles affectations fiscales ?
Auparavant, le gouvernement venait combler la différence. Mais ce n'est plus le cas depuis 2013, ce qui a contribué à creuser un peu plus le déficit. Enercal a supporté les conséquences de ce gel des tarifs publics. Il détient, de fait, une très lourde créance à l’encontre de la Nouvelle-Calédonie, actionnaire majoritaire à hauteur de 54,42 %.
Adolphe Digoué, le membre du gouvernement en charge des questions inhérentes à la production, au transport et à la règlementation de la distribution d’énergie électrique, devrait proposer d’ici décembre des affectations fiscales pour permettre à la Nouvelle Calédonie d’honorer sa part.
Hausse des tarifs en cascade
Pour l’heure, la feuille de route du gouvernement est appliquée : les tarifs publics ont été augmentés de 4% en avril dernier, de 3% début octobre et une nouvelle hausse de 3% est attendue, à la fin du premier trimestre 2023.
Sauf que l'entreprise ne fait plus seulement face à des problèmes structurels. La conjoncture actuelle, avec une forte augmentation du prix des combustibles depuis quelques mois, en raison notamment de la guerre en Ukraine, est très mauvaise, et fait exploser les coûts pour Enercal.