Enfermer des demandeurs d’asile à Manus est illégal, tranche la justice de la Papouasie

Le centre de rétention australien situé à Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée
L'envoi par l'Australie de demandeurs d'asile dans le centre de rétention situé dans l'île de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, est illégal, selon la Haute cour de justice papoue. Le droit à la liberté individuelle est inscrit dans la constitution du pays, soulignent les juges.
Cette décision pourrait avoir de lourdes conséquences pour l'Australie. La Haute cour papoue demande ainsi aux gouvernements des deux pays de prendre immédiatement des mesures pour mettre fin à la détention de demandeurs d'asile en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
 
« C'est terminé », estime la sénatrice des Verts, Sarah Hanson-Young. « Le gouvernement n'a pas le choix, il doit faire venir ces personnes en Australie et leur permettre de faire une demande de visa australien.  [Les gens qui sont détenus à Manus] ont vu deux de leurs camarades mourir. Ils ont assez souffert », fait-elle valoir.
 
Le gouvernement de Malcolm Turnbull n'a pas réagi, pour le moment.
 
Depuis quelque temps, la Papouasie-Nouvelle-Guinée semble se préparer à la fermeture du centre : le Premier ministre, Peter O'Neill, a ainsi déclaré qu'on ne pouvait « pas retenir éternellement des réfugiés là-bas ». Il a aussi souligné que la situation ne donnait pas une bonne image de son pays.
 
Au début du mois, les autorités ont fini d'examiner les dossiers des 850 hommes détenus à Manus. La moitié d'entre eux ont obtenu le statut de réfugié et ont été poussés à rejoindre un centre de transit. Les autres demandeurs d'asile doivent retourner dans leur pays d'origine.
 
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Signalons aussi ce cas inhabituel à Manus : Behrouz Boochani, un Iranien, vient d'obtenir le statut de réfugié alors qu'il affirme ne pas avoir déposé de demande en ce sens. Ce journaliste kurde dit avoir été illégalement transféré en Papouasie-Nouvelle-Guinée par l'Australie et refuse, par conséquent, de reconnaître la légitimité de ce processus offshore. Pour se faire entendre, Behrouz Boochani a manifesté dimanche dernier, en passant 10 heures perché en haut d'un arbre. « C'était une action politique, nous sommes victimes de propagande politique et devrions être perçus comme des prisonniers politiques. L'Australie nous envoie dans un camp de prisonniers infernal », dénonce-t-il. Le journaliste kurde demande aux autorités papoues de réexaminer son dossier.