L’engravement des rivières au coeur de deux études

Quels sont les impacts de l’activité minière sur les bassins versants et comment remédier au problème d’engravement ? Des questions auxquelles répondent deux nouvelles études menées par plusieurs organismes scientifiques, notamment par le CNRT, le centre de recherche technologique.
Les travaux qui ont débuté en 2015 sur le bassin versant de La Thio sont sur le point de s’achever.
Ces études sont étroitement liées. Elles s’intéressent au phénomène d’engravement des cours d’eau, c'est-à-dire le volume de débris accumulés par l’activité minière. 
 

Gestion du passif minier

La première étude nommée « Gestion du passif minier » a donné lieu à un guide méthodologique à destination des professionnels du secteur. En 80 pages, les scientifiques proposent plusieurs solutions pour réduire cet engravement, en lisant les avantages, les inconvénients et le coût de chaque mesure. 
L’étude tient compte également, et c’est une nouveauté, de l’aspect social et du ressenti de la population de Thio sur l’évolution de son environnement.
« Ce n’est pas un guide qui donne une solution clé en main » explique Manuel Grancin, coordinateur scientifique du Bureau de Recherche Géologique et Minière (BRGM), « c’est un guide qui aide à choisir les meilleures solutions en fonction de chaque contexte. Le problème du surengravement est assez complexe, aussi bien dans l’espace avec une grosse variabilité des situations selon l’endroit où l’on se trouve, selon les creeks concernés, et dans le temps aussi parce que c’est une situation qui évolue en fonction de la séquence météorologique des cyclones ou de l’évolution de la rivière. » 
 

Immila

La seconde étude appelée « Immila » caractérise les impacts des activités minières passées et actuelles. Pour cela, l’étude s’est attachée à qualifier et quantifier le flux de matériaux, et sa trajectoire, depuis la mine jusqu’à l’embouchure, sur ces 70 dernières années. Elle détermine par exemple, pour le bassin versant de la Thio, quelles sont les zones à risques ou comment vont évoluer les matériaux en transit. Les résultats obtenus par Immila sont en fait la première application concrète du guide méthodologique produit par la première étude, précise Michel Allenbach, coordinateur scientifique de l’UNC.
« Ces méthodes génériques, on les a testées sur le bassin de la Thio qui était un haut-lieu symbolique du surengravement. C’est un endroit où il y a pratiquement tous les cas que l’on peut avoir dans la nature qui sont présents. Donc c’était un chantier géographique école. »
Le programme démontre que la méthodologie peut être transposée à d’autres bassins versants miniers de Nouvelle-Calédonie. 
Notez que la restitution des travaux est prévue à la mi 2019 à Thio, se tiendra ensuite un séminaire scientifique adressé aux spécialistes.