Manuel Valls aime à le rappeler : il connaît bien le dossier calédonien. Des connaissances acquises dès 1988 auprès de son mentor, Michel Rocard, alors Premier ministre. En qualité de collaborateur, Manuel Valls avait participé à l’élaboration des accords de Matignon. Puis, dix ans plus tard, à celle de l’Accord de Nouméa, auprès de Lionel Jospin.
C’est en tant que ministre des Outre-mer, qu’il est attendu ce samedi 22 février, pour une semaine. Il compte observer, écouter, aller au contact de la population, appliquant la méthode Rocard. Mais également avancer. Ouvrir des trilatérales si possible. Il assure qu’il viendra avec des propositions. Avec la volonté de prouver aux représentants politiques calédoniens qu’au-delà de leurs clivages, “les positions sont conciliables”. Il va également devoir désamorcer la colère d'une partie des non-indépendantistes, qui ont prévu une mobilisation.
Première visite en 2016
Son premier séjour en Nouvelle-Calédonie remonte à avril 2016. Manuel Valls était alors Premier ministre de François Hollande. Lors de cette visite de trois jours, il avait parcouru les trois provinces, enchaîné les visites et les rencontres et mis un point d’honneur à se rendre sur les tombes de Jean-Marie Tjibaou et de Jacques Lafleur. "L'exemple de Lafleur, de Tjibaou, les efforts que chacun a dû faire, du dialogue, pardonner, avancer, c’est très important”, avait-il déclaré.
L’objectif du voyage était de préparer le premier référendum d’autodétermination et de voler au secours de la SLN. Dans ses valises, un prêt de 24 milliards de francs pour le métallurgiste calédonien, notamment.
Tout discours d’exclusion conduit à l’affrontement.
Manuel Valls en 2018
Fort de ses connaissances, en octobre 2017, Manuel Valls est nommé président de la mission parlementaire d’informations sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie. En février 2018, quelques mois avant le premier référendum, dans l’hémicycle du Congrès, il répond aux questions des Calédoniens, les met en garde aussi : “C'est ensemble que vous allez construire l’avenir. Tout discours d’exclusion conduit à l’affrontement, tout discours d’affrontement conduit à ce que les plus faibles et les plus modestes soient les premières victimes.”
La méthode Valls ?
Six ans plus tard, l’histoire a semblé lui donner raison... Nommé ministre des Outre-mer le 23 décembre 2024, charge à lui de reprendre les discussions sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie dans un contexte marqué par les événements du 13 mai.
Pour cela, début février, à Paris, il a rencontré l’ensemble des groupes politiques du Congrès dans le cadre de bilatérales, mais aussi les maires calédoniens et les acteurs économiques, lors d’un grand forum à Bercy. S’il existe une méthode Valls, c’est peut-être celle-ci : donner la parole au plus grand nombre.