Des chefs d’entreprises kanak ont décidé de se regrouper au sein d’une association pour discuter des difficultés spécifiques qu’ils rencontrent dans le monde économique calédonien. Leur objectif : partager les expériences de chacun et accompagner le développement économique sur terre coutumière.
Brigitte Whaap (C.C.) •
Il y a trente ans, Jules Nekoeng créait Terre des verts, une société qui aménage et entretient aujourd’hui les espaces verts de la province des Iles et de la mairie de Lifou. Ce chef d’entreprise, qui est à la tête d’une vingtaine d’employés, est membre de la toute jeune association des entrepreneurs kanak. Cette instance nouvelle permet aux chefs d’entreprises d’échanger, notamment sur les particularités du développement économique en terre coutumière. « Je pense que les entreprises kanak vivent certaines réalités que ne vivent pas forcément les entreprises de Nouméa », estime Jules Nekoeng. Il s’agit bien souvent d’entreprises « très localisées, notamment en tribu », où « l’environnement est spécifique ».
Le jeune agriculteur Guillaume Vama a monté sa petite entreprise à l’Ile des Pins, il y a tout juste quelques mois. Il est spécialisé dans le domaine de l’agroforesterie et souhaite partager son expérience pour « donner l’exemple à d’autres jeunes qui sont en tribu, les inciter à créer leur entreprise et pouvoir en vivre ». Pour le jeune entrepreneur, l’intérêt est aussi de « pouvoir créer un réseau, savoir comment mettre en place un projet, se faire une place sur le marché… »
Les membres de l’association veulent ainsi peser sur les stratégies du développement économique. Ils ont déjà des idées comme le fait de trouver, par exemple, un cadre juridique qui permettrait aux entreprises kanak d’être prioritaires sur les appels d’offres dans l’intérieur et les îles.
Guillaume Vama a développé son activité d'agroforesterie à l'Ile des Pins. Le reportage de Brigitte Whaap et Gaël Detcheverry