Epidémie de bronchiolites et déremboursement de la kiné respiratoire : y a-t-il un lien ?

Le cru 2020 du VRS est virulent. Dans ses formes sévères, le virus respiratoire syncytial peut provoquer des bronchiolites dangereuses chez les nourrissons. Elles sont nombreuses cette année. Les kinésithérapeutes pointent l’abandon du désencombrement bronchique.
Le VRS débute comme un rhume, puis gêne le souffle des bébés et inquiète les parents. Le virus respiratoire syncytial, bien connu des pédiatres, est en nette progression ces dernières semaines. Le médipôle dénombre 317 passages aux urgences et 87 hospitalisations en un seul mois. 
 

Boom inhabituel 

Actuellement, la majorité des nourrissons du médipole y sont soignés pour des détresses respiratoires causées par le VRS.
« C’est une situation atypique, reconnait le Dr Emilie Hugon, pédiatre au CHT. Nous avons tous les ans des épisodes de bronchiolite à VRS, mais nous observons ces dernières semaines une recrudescence des hospitalisations pour les tout petits. » 
 

Cette situation nous a amenés à instaurer une unité spécialisée de prise en charge des bronchiolites dans le service de pédiatrie et dans le service de néonatalogie.
- Emilie Hugon, pédiatre

 

Désencombrer 

Ce point de saturation, quelques kinésithérapeutes l’expliquent par la fin de la prise en charge de certains de leurs soins, notamment les actes de désencombrement des bronches des bébés pour les aider dès les premiers signes de la maladie. Suite aux recommandations de la HAS, la haute autorité de santé, ces actes ne sont plus remboursés par la CAFAT depuis novembre 2019. 
 

Curatif et préventif

Aux yeux de Nicolas Volk, président du syndicat des masseurs-kinésithérapeutes de Nouvelle-Calédonie, ce choix est regrettable et n’était « qu’une vision comptable de la chose » et « aujourd’hui, on voit le résultat ». Il souligne que « le kiné avait ce rôle curatif, on apprenait à moucher les bébés, on désemcombrait, et puis on appartenait à un réseau de soins ». 

Dès  que l’on voyait qu’un enfant n’allait pas bien, on rappelait le médecin et tout cela était bien fait.
- Nicolas Volk, président du syndicat des masseurs-kinésithérapeutes de Nouvelle-Calédonie.

 
 

Inefficacité

Du côté de la Cafat, on dit vouloir suivre les recommandations de la HAS. Dans un rapport publié en novembre dernier, elle déconseille la kinésithérapie respiratoire en raison d’un manque de preuves de son efficacité. « Les infections à VRS sont des maladies infectieuses comme le Covid ou la grippe », rappelle Anne-Marie Mestre, médecin-conseil coordinateur du contrôle médical unifié de la CAFAT.

Il n’y a aucun lien de causalité entre l’application des référentiels de la HAS disant que la kiné systématique dans les bronchiolites du nourrisson de moins d’un an est inutile, voire néfaste, et le fait que nous ayons cette épidémie de VRS actuellement. 
- Anne-Marie Mestre, médecin conseil à la CAFAT.

 

Prescription

Pour autant, pas d’inquiétude non plus, affirme la CAFAT, « si un pédiatre compétent nous prescrit de la kiné respiratoire de façon ponctuelle sur un épisode aigu d’infection à VRS il sera pris en charge à 40%, il est évident aussi qu’il faut se méfier des confusions, des interprétations abusives. » 
 

Gestes et hygiène

Pour prévenir cette maladie virale particulièrement contagieuse, les médecins recommandent aux parents d’adopter les mêmes gestes barrières que pour le Covid : notamment le lavage des mains associé à un mouchage régulier des bébés au sérum physiologique et une surveillance accrue du moindre signe d’aggravation. 

Le reportage de Loreleï Aubry et Lindsay Wamo : 
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