Eramet: des résultats semestriels sous tension du nickel, malgré une productivité améliorée en Nouvelle-Calédonie

L'usine de ferronickel SLN (ERAMET) de Doniambo en Nouvelle-Calédonie
Baisse des cours et de la demande, concurrence mondiale des producteurs à bas coût, crise du coronavirus, la Société Le Nickel, l’une des plus anciennes sociétés minières au monde se bat pour survivre. La productivité de la SLN s'est encore améliorée mais c'est insuffisant pour le marché. 
 
Les résultats semestriels d’Eramet ont été publiés à Paris. Le groupe métallurgique appelle à la mobilisation de ses partenaires pour sauver la SLN. Il ne reste que 74 millions d’euros non tirés sur les 525 millions d’euros de prêts consentis par Eramet et l’Etat français. Malgré une production minière en hausse et des gains de productivité importants, la SLN subit la crise du coronavirus, les tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis et la concurrence de producteurs sans contraintes sociétales et environnementales. Ce bel outil industriel, fondé en 1876, se bat donc avec une main attachée dans le dos. Mais il n'est pas sans soutiens ni ressources.

Transparence financière: lire le rapport d'Eramet qui comprend la SLN.

Résultats semestriels Eramet du 29/07/2020 avec la filiale SLN Le Nickel en Nouvelle-Calédonie


La SLN, berceau de l'industrie mondiale du nickel

Alors qu’elle avait enfin gagné de l’argent à l’automne 2019, après six années de perte, et semblait en plein redressement, la société minière calédonienne suscite de nouveau l’inquiétude. A l’origine des dernières turbulences, une hémorragie de cash qui pourrait la conduire à la faillite. Si la mobilisation des mineurs et des métallurgistes calédoniens a permis de réduire les pertes, malgré un coût de l’électricité industrielle parmi les plus élevés au monde, la SLN est frappée de plein fouet par la crise mondiale. Pour survivre, elle demande l’autorisation d’exporter six millions de tonnes de minerai, mais cela implique de retirer le verrou du code minier. Les indépendantistes calédoniens s’y opposent car ils considèrent le nickel comme une ressource stratégique qui doit être raffiné sur place. Le dossier est politiquement sensible à l’approche du prochain référendum sur la question de l’indépendance qui doit se tenir le 4 octobre prochain.
 

La SLN ne se bat pas à armes égales

Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, les prix mondiaux du nickel ont baissé de 10 % indique le rapport semestriel d’Eramet. Ils n’arrivent pas à reprendre de la hauteur. La SLN subit cette situation malgré une hausse des volumes de minerai produits de 12 % et de 120 % pour les minerais exportés. Mais, le marché de l’acier inoxydable est déprimé. Et c’est la part prépondérante : elle représente près de 90% de l’utilisation du nickel. La pandémie a fait s’effondrer la demande de couverts ou de cuisines dans la restauration. Elle a fait plonger la consommation d’inox dans l’aéronautique, le bâtiment ou les oléoducs.

D’un déficit de nickel en 2019, le marché est désormais passé en excédents qu’il pourrait traîner pendant plusieurs années. Cet excédent amène un dumping sur les prix dont sont victimes les producteurs et la demande a baissé de 13 %. L’alliage de nickel produit par la SLN se vend plus de 1000 dollars sous le cours du marché. Alors oui, la plus ancienne société minière au monde a encore perdu de l’argent, mais est-ce étonnant ? "Malgré de nouveaux gains de productivité de plus de 7 % réalisés par les métallurgistes calédoniens", souligne le communiqué d’Eramet.

Une bonne nouvelle pour la SLN ? Le dollar vacille et le cours officiel du nickel en profite, ce mercredi 29 juillet il approche du seuil des 14 000 dollars la tonne [13 910 $/t + 1,57 %].
 
Une mine de la SLN (ERAMET) en Nouvelle-Calédonie.