Selon la communauté, l’origine géographique, les revenus et le genre, les comportements de vote des Calédoniens varient, lors des référendums. Pour en venir à cette conclusion, l’université de la Nouvelle-Calédonie (UNC), le Laboratoire de recherche juridique et économique (Larje) et le centre de recherches politiques de Sciences Po ont réalisé une enquête. La première a été menée à l’occasion de la consultation du 4 novembre 2018. La seconde, autour de celle du 4 octobre 2020. Et le rapport rendu en ce mois de décembre révèle quelques évolutions significatives.
Selon la communauté
Parmi les premières évolutions, on note le comportement de vote selon la communauté. A partir des données recueillies par l’enquête REFCA2020, lors du référendum de l'an dernier, les résultats des analyses soulignent le contraste fort entre les comportements électoraux des répondants kanak et non-kanak. Ainsi, la probabilité moyenne de voter Oui à l'indépendance parmi les Kanak de statut coutumier est de 75%. Elle n’est que de 6%, 7% et 5%, respectivement, parmi les répondants se déclarant membres des communautés européenne, calédonienne et asiatique.
Quant à la probabilité de voter Non, on apprend dans le rapport qu’elle s’élève, parmi les répondants des communautés européenne, calédonienne et asiatique, à 83%, 81% et 84%. Seulement 13% des répondants kanak auraient voté Non. Les répondants des autres communautés océaniennes (wallisienne et futunienne, tahitienne ou ni-vanuataise) ont également majoritairement voté Non.
Selon l’âge
En fonction du genre et de l’âge de chaque votant, le comportement référendaire évolue aussi. Les hommes kanak votant Oui sont par exemple âgés de vingt à 70 ans. Quant aux femmes, le comportement est différent selon l’âge. Les résultats montrent que les plus jeunes ont moins tendance à voter Non (12% à vingt ans) que leurs aînées (plus de 42% à 70 ans). À l'inverse, les plus jeunes d’entre elles sont davantage susceptibles de s’abstenir : 25% à 20 ans contre 8% à 70 ans.
Concernant les communautés non-kanak, le comportement évolue surtout chez les hommes. Les résultats montrent que les plus jeunes ont moins tendance à voter Non - (76% à 20 ans) que leurs aînés (plus de 89% à 70 ans) - et à l'inverse, à plus voter Oui : 12% à 20 ans et 2% à 70 ans.
Selon les revenus
Pour cette enquête, les recherches se sont également portées sur les revenus moyens des votants. L’étude révèle que chez les répondants dont le revenu mensuel du foyer est inférieur à 250 000 F, la probabilité de ne pas se prononcer lors des référendums est moins élevée, de neuf points, que parmi ceux dont le revenu du foyer est supérieur à 450 000 F.
Par ailleurs, “l’abstention entre 2018 et 2020 n’a pas reculé parmi les répondants dont le revenu du foyer est inférieur à 250 000 CFP, alors qu’elle a reculé dans les deux autres groupes. Et plus particulièrement parmi les répondants dont le revenu du foyer est respectivement compris entre 250 000 et 450 000 CFP", peut-on lire dans le rapport, "et cela au profit du vote Non”,
Ce qu’il faut retenir
Pour conclure, les grands points à retenir dans ce rapport sont :
- La progression du Oui en deux ans : elle est principalement due à un vote en ce sens plus important des Kanak, des Océaniens et de la population hors agglomération du Grand Nouméa.
- Les votes chez les femmes kanak : les femmes kanak plus âgées votent moins en faveur du Oui. Enfin, les autochtones qui résident dans le Grand Nouméa s’abstiennent plus, que ceux qui vivent en dehors de l’agglomération.
- Les votes chez les hommes non-kanak : chez les hommes, les plus âgés votent davantage en faveur du Non que les moins jeunes. Par ailleurs, la probabilité de voter Oui est plus élevée hors du Grand Nouméa.
L’enquête conclut encore que les prochains comportements référendaires, dans le cadre de la troisième consultation qui se déroulera ce 12 décembre 2021, devraient être nettement différents. La raison ? L’appel à la non-participation, notamment. ”Les comportements référendaires prendront, donc, sans aucun doute, des modalités nettement différenciées, probablement plus proches de celles observées lors du scrutin référendaire du 13 septembre 1987”, avance ce rapport.