Partis avant la tempête
+ Il y a quelques jours, les médias calédoniens recevaient un mail lapidaire annonçant la démission du président de l'OFC et vice-président de la FIFA, David Chung, pour "raisons personnelles". Au mois de décembre déjà, son secrétaire général, Tai Nicholas, s'était éclipsé pour le même motif. Deux abandons de postes dont on connaît désormais la raison, dévoilée par le New York Times.
+ Le très sérieux quotidien américain s'est procuré les résultats d'un audit commandé par la FIFA à PricewaterhouseCoopers (PwC) sur le projet de construction du quartier général de la Confédération océanienne de football. Un projet avoisinant les 20 millions de dollars et pour lequel la Fédération internationale (FIFA), alors dirigée par le Suisse Sepp Blatter, avait alloué un prêt de 10 millions de dollars.
Favoritisme
+ Sans faire d'appel d'offre, Chung et Nicholas se sont tournés vers une entreprise sans expérience dans le domaine, pour le design du complexe. Il prévoyait la construction de bureaux, de deux terrains, et d'autres infrastructures à Auckland, en Nouvelle-Zélande.
+ Par ailleurs, toutes les entreprises de conseil retenues pour la finalisation du projet ont été créées juste avant de signer leurs contrats, sans aucune trace de références passées. Elles sous-traitaient leurs missions à d'autres compagnies, selon le rapport de PwC. Une autre société montée par Chung "pourrait avoir eu des liens avec l'une de celles choisies pour travailler sur le projet du Q.G de l'OFC".
Réactions en Océanie
+ Sur la base de mails et de documents recoupés, le New York Times affirme que les 14 membres de l'OFC - informés de l'enquête de la FIFA - prévoyaient de suspendre David Chung lors de leur sommet annuel dimanche dernier.
Le journal avance que le président de la fédération tahitienne, Thierry Ariiotima, avait averti Chung par mail : "Je m'attends à ce que la FIFA vous suspende dans les plus brefs délais (...) En tant qu'ami, et président de la FTF, je crois sincèrement que la meilleure décision pour vous serait de démissionner immédiatement".
+ Les journalistes américains Tim Rhön et Tariq Panja évoquent également un message adressé par le président de la fédération néozélandaise de football, Deryck Shaw, à ses collègues de l'OFC.
"Beaucoup d'éléments tendent à montrer qu'il y a eu un système de corruption au plus haut niveau de l'OFC" explique t'il.
Le service néozélandais des fraudes aurait été destinataire du rapport de PwC.
Et maintenant ?
Conséquence directe de cette affaire, la FIFA a suspendu les 10 millions de dollars qu'elle verse annuellement à l'OFC. Les fédérations qui lui sont affiliées, dont la Nouvelle-Calédonie et Tahiti, devraient donc pâtir de la situation.L'agence de presse américaine (AP) a indiqué hier soir que l'OFC avait confié à un avocat indépendant une enquête sur le fonctionnement interne de la confédération océanienne et le montage financier du projet de Q.G. Aucun président ne sera élu avant la prochaine réunion du comité directeur au mois de juin, pendant la Coupe du Monde en Russie.