Faire de la pénurie de poulets de chair une opportunité économique

Les poulets de chair sont de moins en moins nombreux sur les étals de Nouvelle-Calédonie. La crise du Covid-19 et ses conséquences sur les liaisons aériennes ont désorganisé une filière basée sur l'import d'oeufs fécondés néo-zélandais. Peut-être une occasion de développer la production locale. 
 
Depuis quelques mois, les Calédoniens trouvent de moins en moins de poulets de chair sur les étals des boucheries. Dépendant de la production d'oeufs fécondés en Nouvelle-Zélande, l'approvisionnement de la filière locale est devenu aléatoire avec la crise sanitaire.

Et les bouchers ont du mal à se réapprovisionner. « Il y a moins de poulets qu'avant, confirme Albert Schoenengerger, boucher à Magenta. Quand on passe une commande, on nous dit : je te mets un petit peu de ci, un petit peu de ça et je te mettrai un peu plus la semaine prochaine... » 
 

Dépendance

Pour comprendre cette carence, il faut remonter la filière. Au couvoir de Koé à Dumbéa, là où transitent chaque année plus de 310 000 oeufs fécondés pour la production de poulets de chair, des oeufs fertilisés en Nouvelle-Zélande sont enfin arrivés. Un soulagement dans la mesure où, en la matière, le territoire dépend presque entièrement de nos voisins kiwis. 
 

Livraisons aléatoires

A la Ferme de Koé, Jean-Christophe Nusbaum, le cogérant, dénombre huit commandes qui n'ont jamais atteint le territoire. « Ces huit arrivages, ce sont huit semaines de production en moins, déplore-t-il. Si aujourd'hui les clients ne trouvent pas de production locale de poulets de chair, la réponse est là. » L'approvisionnement avec une escale à Sydney est en effet beaucoup plus aléatoire... 
 

Croissance rapide

Lorsque tout se passe bien et qu'une commande est réceptionnée, trois semaines plus tard, près de 90 % des oeufs kiwis ont éclos. Des poussins destinés à devenir des poulets calédoniens à croissance rapide. Ils sont achetés par les éleveurs qui en feront de la volaille bien dodue en l'espace de huit semaines. 
 

Développer la production locale

C'est cette catégorie de poulets qui manque sur les étals : 40 000 de moins depuis le mois de mai. Du coup, le professionnel calédonien parie sur la production locale de poulets à croissance moins rapide. « Ça fait déjà quelques années qu'on utilise une croissance intermédiaire sur le territoire et le Covid nous a démontré qu'il fallait qu'on soit autosuffisant. »
 

On envisage de faire de la reproduction sur place sur le territoire pour pouvoir pallier ce genre de souci.
- Jean-Christophe Nusbaum, cogérant de la Ferme de Koé.


La crise Covid-19 aura ainsi mis un peu plus en évidence notre grande dépendance alimentaire mais aussi notre capacité d'adaptation
Image d'illustration.

Le reportage d'Antoine Le Tenneur et Nicolas Fasquel : 
©nouvellecaledonie