Festival du cinéma : 8 courts-métrages calédoniens en compétition

Huit courts-métrages calédoniens sont en compétition pour 2023
Chaque année, le festival fait la part belle au cinéma local et donc à des réalisateurs et réalisatrices passionné(e)s. Ce vendredi soir, huit courts-métrages sont en compétition et présentés au public à Nouméa, après La Foa en début de semaine. Quatre prix seront décernés lors de la cérémonie de clôture ce samedi soir. Coup de projecteur sur ces créations.

Comédies, enquêtes, fictions… le cru 2023 des courts-métrages calédoniens présentés au Festival de La Foa traite tous les genres. De 15 min pour le plus court à 30 minutes pour le plus long, les réalisations poussent au questionnement, donnent des frissons, provoquent le rire et parfois même les larmes. Toutes sont présentées pour la première fois dans l’histoire du festival, en format cinéma, sur les écrans du Cinécity, à Nouméa. Le jury remettra demain soir, samedi 8 juillet, quatre nautiles.

  • Passagers, de Roland Rossero

Une production Lighting Starfish de 26’13 avec Mégane Paul, André Luserga, Israela Sanchez, Alain Camus, Gauthier Rigoulot, Simane Wenethem, Fanny Dorio. 

Roland Rossero, habitué du festival du cinéma de La Foa, signe ici son dernier court-métrage local. Depuis 1999, il concourt et compte déjà huit nautiles à son palmarès. Avec Passagers, une création " un peu atypique par rapport aux précédentes", il tire sa révérence calédonienne. 

Le vingt-six minutes a été tourné à Boulouparis, sur une propriété qui a inspiré le réalisateur pour son côté "décor de cinéma". Passagers, c’est l’histoire de cinq personnages, la réprésentation d’un microcosme local, des personnages emblématiques de la société calédonienne. A bord d'une voiture, ils embarquent pour une partie de chasse et l’histoire tourne mal. Dans ce 26 minutes, plusieurs thématiques dans l’air du temps sont abordés : l’environnement, la biodiversité, la violence… un court-métrage dans lequel le réalisateur a mis "toutes ses convictions et ses valeurs". Un tableau abstrait, guidé par les écrits d’Albert Camus. 

  • Privé de tout, d'Olivier Martin

Une production NK Prod de 13’19 avec Gabriel Daye, Benoit Nyikeine, Océane Hamin, Iouri Mroz, Wahopi Wadriako, Zacharie Hnawang, Benjamin Bourgeais.

Un court-métrage entre humour et enquête qui mène Edouard, un jeune cinéaste débutant et impulsif, à suivre un détective privé, en la personne de Martin. Il réalise un documentaire sur ce dernier, lorsqu’il disparait. Débute alors la recherche d’indices pour le retrouver… et le dénouement n’a rien d’habituel. 

  • Illusions, de Manuella Ginestre

Une production Techni Vidéo de 15’28 avec Marie Pluquin, Léanne Jemes, Jun Le Breton.

Manuella Ginestre est elle aussi, une habituée du festival ; avec plusieurs participations, entre clips et courts-métrages, elle a près d'une dizaine de nautiles. 

Cette dernière création, elle l’a imaginé et écrit pendant la période Covid, période difficile au cours de laquelle elle a perdu sa mère. Alors son échappatoire, c’était "l’écriture pour ne pas craquer". Le pitch : l’histoire d’une mère et sa fille Gaïa, sur une île abandonnée dans le Pacifique, réfugiées là depuis la naissance de la petite suite à des pandémies successives. Un jour, la jeune fille fait la rencontre d’un étrange adolescent, qui va bousculer leur quotidien. 

Une histoire à mi-chemin entre le fantastique et la réalité. "On crée des univers, ils existent dans nos têtes, alors c’est pour rendre hommage aux créateurs" explique la réalisatrice. Un hommage, donc, au pouvoir de l'imagination. Elle dédie aussi sa réalisation à sa mère. "J’aime qu’il y ait de la réfléxion. Souvent, il faut même un deuxième visionnage", confie Manuella Ginestre.

Les images embarquent le spectateur sur l’îlot Ange, au large de la baie de Tiaré, un petit paradis pour les yeux. 

  • Les enfants oubliés, de Jérôme Roumagne

Une production AV Com de 30 minutes avec Aldo Sipa, Adam Léal, Maïté Siwene, Goti Piepe, Sam Kagy, Macéo De Moor, Alice Leplat.

Le jeune réalisateur calédonien, habitué des tournages entre l’Hexagone et la Nouvelle-Calédonie, présente pour la première fois un court-métrage au festival du cinéma de La Foa. Et il a choisi un sujet sensible sur notre Caillou : les violences intra-familiales. "L’idée est née au moment du confinement, j’ai vu des chiffres sur ces violences en métropole et je me suis dit qu’il devait y avoir des enfants enfermés avec leurs parents", confie Jérome Roumagne. 

Ce court-métrage fait suite à son documentaire Mes bleus d’enfants, sur la même thématique. Le court raconte ici l’histoire de Loan, un jeune Kanak qui vit avec ses parents au squat de Nouville. Avec sa mère Nadège, ils subissent quotidiennement la violence de Daniel, le père. Elle décide alors de s’enfuir avec son fils, à l’occasion d’une sortie scolaire à l’Ile des Pins. Mais c’est finalement Daniel qui part avec son fils, après une nuit de violence. "C’était important pour moi d’aller à l’Île des Pins, déjà parce que c’est l’endroit que je préfère en Calédonie, mais aussi pour l’histoire, car c’était important pour les éloigner physiquement du père", explique le réalisateur. Un décor magnifique, comme à huis clos, pour traiter d’un sujet tristement d’actualité.

"Je pense qu’avec le documentaire ou la fiction, on peut sensibiliser les gens et montrer ce qu’il se passe derrière les portes fermées des maisons", explique Jérôme Roumagne. Le court-métrage a été présenté au dernier festival de Cannes. Le réalisateur travaille actuellement à l’écriture de son premier long-métrage, en écho à ce court, pour fin 2024. 

  • Pierrot Lenquette, de Maï Le Flochmoen

Une production Amborella Productions de 16’31 avec Stéphane Piochaud, Sam Kagy, Dominique Jean, Lucie Dorio, Juliana Bitton.

La réalisatrice calédonienne signe son retour dans le format court-métrage, 25 ans après avoir réalisé son tout premier. Pierrot Lenquette, c’est une comédie policière, l’histoire d’un détective un peu loufoque, joué par Stéphane Piochaud, qui mène une enquête à partir d’un fait divers qu’il a lu dans Les Nouvelles Calédoniennes.

De l’humour, un style un peu vintage à la Chaplin et une thématique centrale, chère au coeur de Maï : le nickel. "Je n’ai pas voulu rentrer dans la morale, mais montrer que le nickel est partout dans notre quotidien", explique-t-elle. L’histoire, la réalisatrice l’a écrite il y a plusieurs années mais ne l’a réalisée qu’aujourd’hui car selon elle, "aujourd’hui, on est plus prêts à entendre les problématiques environnementales qu’il y a dix ou vingt ans. Le nickel, c’est quelque chose de présent qu’il faut protéger", précise Maï. 

Ici, les dialogues sont peu présents mais le rythme est soutenu grâce à un procédé narratif particulier; en bref, une histoire très "orangée." 

  • After the Afterparty, de Nicolas Parent

Un court-métrage de 29’56 avec Nuraeni Ricaud, Emy Cleenwerck, Pierre Champoussin, Marius Xuma-Raffard, Estelle Attal, Audrey Terpereau, Teuhinui Revault, Clément Cerneaux.

C’est une plongée au coeur d’une jeunesse calédonienne, enivrée par la vie, l’alcool mais aussi l’argent. Le pitch : une bande de jeunes idéalistes volant des personnalités riches et corrompues pour mener une vie de débauche avec leur argent. Hélas, toute fête a une fin. Les choses tournent mal très rapidement, la bande est coupée dans son élan. 

Du haut de ses 19 ans, le réalisateur Nicolas Parent a voulu dresser le portrait d'une jeunesse insouciante qui parfois se laisse facilement influencer mais qui souhaite, par dessus tout, profiter de la vie avant que leurs chemins se séparent, pour les études ou autres. "Des Robins des bois égoïstes" comme il le dit, qui ont peur de l’avenir, peur de ne pas avoir de sécurité. Le Calédonien présente ici sa deuxième réalisation au festival de La Foa. Un court-métrage inspiré d’un long-métrage sur lequel il travaille en ce moment. 

  • Et que vive Porrima !, de Wénael Astier

Une production Techni Video de 27'33 avec Ryan Juliae et Alizée Bonnet.

C'est la troisième création de Wénael Astier, professeur de théâtre depuis plus de 18 ans, celle "qui lui ressemble le plus" dit-il.

Le pitch : dans une ambiance un peu post-apocalyptique, l'histoire de Théo et Katia, un jeune couple qui vient d'avoir un enfant, mort-né. Mais avant d'en arriver à ce tragique moment, concevoir un enfant est un sujet qui a fait son chemin dans leurs têtes, particulièrement dans un monde soumis à la menace du changement climatique.

"L'idée m'est venue en 2019, après discussion avec une amie. Elle voulait avoir un enfant et m'a expliqué cette peur de l'avenir", raconte le réalisateur. Nous sommes début 2020, au début du confinement et Wénael est interpellé par les puissants incendies qui touchent l'Australie à cette période. "Je suis impressionné par un tas de choses dans le monde à ce moment-là, et je me suis intéressé au concept de la solastalgie" explique-t-il, autrement dit, la conscience d'un futur qui serait supprimé et différent. "J'ai voulu montrer ce que pourraient être les interrogations d'un jeune couple aujourd'hui", conclut-il. 

  • L'abbé noir, de Stéphane Ducandas

Une production Ethnotracks de 27'33 avec Remy Hnaije, Juliana Bitton, Evan Waboula, Martin Carré, Maka Kilian, Ella Ducandas, Fantin Ducandas, Aurélie Ducandas.

L'histoire est celle d'un abbé noir qui décide de prendre un bain (dans une baignoire, vous aurez compris le jeu de mot) lorsque son corps commence à le démanger. Il s'endort et ouvre par inadvertance le robinet. L’eau déborde et la baignoire dérive... Il se réveille au milieu de l’océan, et aperçoit une île qu’il rejoint à la rame. L’abbé part en balade, sa baignoire sur le dos et va faire des rencontres.

Une comédie complètement décalée, avec des références à Chaplin et un style à la Mister Bean ; quelques inspirations du réalisateur Stéphane Ducandas. Pour son tout premier court-métrage, il a fait appel à un mime kanak en la personne de Remy Hnaije. "On a eu une connexion évidente", raconte-t-il. Remy est en France, et le réalisateur lui envoie son scénario. "Il a commencé à faire des tests, en visio et à la première vidéo, je me suis dit, c’est mon personnage. Mon film, qui était juste un fantasme, il était en train de prendre vie", confie Stéphane Ducandas. 

A travers ce personnage, le réalisateur fait aussi passer un message féministe, où il aborde la société coutumière kanak d'avant la colonisation religieuse, où le système était matriarcal puis est devenu patriarcal. "C'est le message que la femme doit prendre son destin en main", explique le réalisateur.

"Quand on a de l’émotion, joyeuse ou triste, des messages sont reçus plus facilement", précise Stéphane Ducandas. Et le message passe notamment par les textes écrits par le réalisateur, les paroles du personnage central qui prennent la forme d'un slam. 

Des courts-métrages à découvrir très prochainement sur NC La 1ère.