Accueil maori et réception chaleureuse pour Sitiveni Rabuka à Wellington. Le Premier ministre des Iles Fidji a annoncé le réexamen et très probablement l'annulation, au moins partielle, d'un accord de coopération policière signé par son prédécesseur avec Pékin. Cet accord permet notamment à des policiers chinois d’être basés aux Fidji et comporterait même un volet militaire.
Coopérer avec les pays qui ont des valeurs « similaires aux nôtres »
Malgré la puissance financière de l’Empire du Milieu, Sitiveni Rabuka préfère coopérer avec des pays comme la Nouvelle-Zélande, qui ont les mêmes valeurs que le sien." Si nos valeurs et nos systèmes diffèrent, quelle coopération pouvons-nous obtenir d'eux (les Chinois)? Nous devons réexaminer cette question avant de décider si nous revenons à cet accord (avec la Chine) ou si nous reprenons la coopération, comme par le passé, avec ceux qui ont des valeurs et systèmes démocratiques, une législation et une application de la loi similaires aux nôtres, etc… "
Accord de défense et aide néo-zélandaise face au changement climatique
Bien que Pékin ait déclaré auparavant que les accords de sécurité avaient bénéficié aux Fidji et qu’elle espérait poursuivre la collaboration, la question semble tranchée dans un sens négatif. La Nouvelle-Zélande et les Fidji doivent même finaliser prochainement un accord de défense dont Sitiveni Rabuka a détaillé le contenu : " cet accord permettra aux personnels de la défense de s'engager dans différents domaines, notamment le renforcement des capacités et l'amélioration des compétences. L'exposition aux nouvelles technologies, l'interopérabilité et le soutien technique, entre autres. "
Chris Hipkins, le Premier ministre néo-zélandais a aussi annoncé une aide de 6,29 millions d’euros (752,46 millions de francs pacifique) pour aider les Fidji à s’adapter au changement climatique.
Un rapprochement préparé et attendu
Le rapprochement de Fidji avec la Nouvelle-Zélande, et donc plus généralement avec les Occidentaux, ainsi qu’avec leurs grands alliés régionaux, a été préparé. Récemment, la Corée du Sud, l’Inde et les USA ont tendu la main aux Etats insulaires comme l’a souligné Sitiveni Rabuka : " notre région a attiré beaucoup d'attention ces derniers temps et les deux réunions de haut niveau que nous venons de conclure récemment en Papouasie-Nouvelle-Guinée avec l'Inde et les États-Unis montrent clairement l'importance que nos partenaires accordent à cette question dans le Pacifique ".
Ce rapprochement était attendu aussi. La politique "Look North" de Frank Bainimarama, son prédécesseur, visait à resserrer les liens avec la Chine au détriment de ceux traditionnels avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Sitiveni Rabuka, lui, souhaitait faire machine arrière. Washington a d’ailleurs salué son arrivée au pouvoir en décembre dernier. Dans un communiqué, Joe Biden, le président américain, n’a pas caché pas son enthousiasme : " dans les années à venir j'ai hâte de continuer à renforcer les liens entre nos populations et à concrétiser notre vision partagée d'une région indo-pacifique paisible et prospère ".
Les Occidentaux et leurs alliés marquent un point mais Pékin garde des atouts
Avec la décision fidjienne, l'Occident semble avoir amélioré sa position face à l'Empire du Milieu sur l’échiquier indo-pacifique. Toutefois, les Chinois ont un atout important (mais pas moral) dans les relations internationales. Contrairement à celle des Occidentaux, leur aide n’est pas conditionnée par des exigences en matière de Droits de l’Homme ou de lutte contre la corruption. Dans de nombreux pays ces critères sont rédhibitoires. La bataille est donc très loin d’être terminée.