"Je ne sais pas comment on va faire! "
Si des alternatives existent pour remplacer ces emballages plastiques, certains commerçant du marché de Nouméa vivent cette nouvelle réglementation comme une "douche froide" et ne voient pas quelle autre matière première serait aussi performante et économique que le plastique. Pour d'autres, la solution est de tout simplement facturer le prix de cette avancée écologique... aux clients.
On a découvert la réglementation en même temps que beaucoup de monde. Comme d'habitude, c'est une réglementation pour "faire joli" aux yeux du monde...mais ça pénalise les gens qui travaillent au marché parce que nous avons des produits humides, même mouillés, donc utiliser du papier c'est impossible. Je ne sais pas comment on va faire. On est à deux semaines de la mise en place de cette réglementation et on sait pas comment on va faire!
- Christophe Pierron, Président de la Fédération des pêcheurs professionnels de la Province Sud
Moi je vais me fournir auprès des fournisseurs, comme des grossistes en emballages, et le prix sera répercuté sur le client et puis c'est tout. Je vois pas où est le problème.
- Alex Feng, commerçant de fruits et légumes au marché de Nouméa
Des consommateurs pratiquent déjà le réemploi
Sensibilisés à la question écologique, de nombreux consommateurs n'ont pas attendu la mise en place de la réglementation pour utiliser des produits à usage multiple plutôt qu'à usage unique. Une motivation générée par l'ambition mondiale de réduire les impacts environnementaux liés à la productions et la distribution de ces sacs jetables.
"Quand j'achète mes fruits et légumes, les commerçants ont toujours des petites corbeilles donc on les met dedans, madame pèse et puis ensuite on met ça dans notre cabas et voilà." explique Claudette Madure. Même esprit d'adaptation chez Olivier Piton, "Pour ma part, j'essaye de garder chaque sac en papier le plus longtemps possible, je le faisais déjà avec les sacs plastiques mais au bout d'un moment ça s'endommage, là maintenant ça passe au papier donc je continue pour les réutiliser à chaque fois que je viens faire des courses".
Le reportage de Lizzie Carboni et Brigitte Whaap
Les industriels du papier-carton tirent leur épingle du jeu
Face à la vague anti-plastique, les industriels du papier-carton se frottent les mains. Et pour cause, le sac en papier est l'un des emballages les plus recyclés au monde. Si sa matière première est plus chère que le plastique, les arbres utilisés pour sa fabrication sont issus de forêts durablement gérées ce qui en fait un produit hautement responsable. Naturellement, depuis quelques semaines, les demandes de devis se multiplient dans les entreprises locales. C'est le cas de la société Ecobag qui fabrique entre 200 et 450 sacs à la minute et qui a vu sa production augmenter de 12%. "On a reformé des équipes on a commandé d'autres machines qui viennent d'arriver, et sur lesquelles on va passer en installation courant du mois. Ce qu'on démarre aujourd'hui ce sont les sacs à fond carré qui vont répondre à l'arrêt de l'usage du sac plastique à usage unique, c'est à dire que ces sacs seront distribués en petits commerces tout comme en grande distribution ou en pharmacie." explique Jean-Philippe Locker, gérant de la société.
Les ateliers de tressage en augmentation
La nature permet également de créer d'autres alternatives au plastique. Le sac tressé en feuille de cocotier en est un exemple. Ce sac végétal, véritable symbole de l'artisanat local, est de plus en plus répandu sur le Caillou. A Nouméa comme en tribus, les ateliers de tressage sont également en forte augmentation selon Anne-Marie Tamaï, présidente de la fédération des femmes de Thio. "On a entendu cette information selon laquelle les pochons plastiques vont disparaître. Alors on se met déjà au travail en proposant des petits sacs naturels dans lesquels placer les produits achetés. Depuis la nuit des temps, les mamans mélanésiennes avaient toujours ce sac."
L’arrêt des sacs plastiques à usage unique lance la première mesure d’une longue série. La prochaine interdiction concernera les cotons tiges, les pailles et la vaisselle, toujours en plastique.
Le reportage de Lizzie Carboni et Brigitte Whaap