Le Conseil provincial de prévention de la délinquance s’est penché, ce vendredi 5 novembre, à Nouméa, sur la délinquance des mineurs et les violences intrafamiliales. Deux phénomènes souvent liés, sur lesquels les institutions ont porté leurs efforts.
Trois faits de délinquance sur cinq imputables à des mineurs
Plus de huit jeunes sur dix contrôlés la nuit, entre 22 heures et 5 heures du matin, ont entre quinze et 17 ans. Et trois faits de délinquance sur cinq sont imputables à des mineurs, en Nouvelle-Calédonie. Les autorités ont donc choisi de mettre l’accent sur des actions de prévention, envers ces jeunes et leurs familles.
Notamment des séjours de rupture ou de "ré étayage", et la création d’un établissement médico-social a Néméara qui accueillera une cinquantaine de jeunes par an, à la mi-2022. "Ce sont des dispositifs de long terme", lance Sonia Backès, présidente de la province Sud.
"Quand on s’attaque à l’errance des mineurs, quand on regarde pourquoi les mineurs sont dans la rue entre 22 heures et 5 heures du matin, ce n'est pas forcément pour les sanctionner immédiatement. Mais c’est pour savoir ce qu’il se passe, dans leur foyer. Est-ce qu’il y a des violences intrafamiliales? Est-ce qu’il y a un abandon de l’autorité parentale? L’idée, c’est de prendre le problème depuis le départ et de régler les problématiques, petit à petit".
"Un milliard a été déversé cette année"
Liées à cette délinquance des mineurs, les violences intrafamiliales. Des appartements relai pour les victimes ont été mis en place en mars 2021. Huit familles y ont déjà été accueillies. Et 140 stages de citoyenneté payants ont été imposés aux auteurs.
Des actions qui ont un coût, pris en charge en grande partie par l’État. "Ne serait-ce que pour l’ensemble de la problématique de jeunesse et d’accompagnement social, c’est un milliard de francs CFP qui a été déversé cette année. 46% sont financés par l’État", précise Patrice Faure, haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie.
"Mettre de l’argent, ça ne suffit pas. L’idée, c’est de faire un constat à mi-chemin, pour voir si l’investissement humain, l’investissement qualitatif de formation des policiers, des gendarmes, pour par exemple la problématique des violences familiales, porte ses fruits", poursuit Patrice Faure.
Anticiper et réprimer
Mais rien ne peut se faire sans la coopération des différents acteurs de la lutte contre la délinquance. Une action coordonnée pour anticiper, autant que réprimer.
"L’idée de travailler avec les services de la province Sud, c’est de déclencher des processus d’accompagnement de ces mineurs et de leurs familles, le plus tôt possible. Pour éviter que ces jeunes ne basculent dans la délinquance avec des conduites addictives et des tentations de cambriolages dans des commerces ou des résidences. Pour aller chercher, bien souvent, une bouteille d’alcool", explique Yves Dupas, procureur de la République.
Autre chiffre révélateur : 40 % des mineurs délinquants subissent un environnement insécurisant, qu’ils seront probablement tentés de reproduire.
Le reportage de Laurence Pourtau et David Sigal :