Foire de Bourail : la folie des concours agricoles

Même si la foire de Bourail se déroule sur deux jours cette année, elle n’empêche pas l’excellence agricole calédonienne de s’exprimer. Focus sur les concours qui rythment chaque année la foire. 
Oliver est le super champion de la foire : 694 kg à 24 mois. Du haut de ses 16 mois, Parfaite lui volerait presque la vedette avec ses 405 kilos… car c’est la super championne.
 

L’intérêt de ce concours est double, c’est d’abord de montrer au grand public l’élevage en Calédonie, ce qu’on fait sur le territoire en terme de races, en terme de sélections et bien sûr pour les éleveurs, c’est un moyen de mesurer l’évolution de la génétique, c’est une vitrine pour eux pour leurs échanges d’animaux.

- Adeline Lescane, directrice de l'UPRA Bovine


C’est la première fois que la race Brahmane est super championne à la fois pour un mâle et pour une femelle. « Ça montre bien l’évolution de la génétique sur cette race qui est particulièrement impressionnante » ajoute-t-elle.

Et pour le sélectionneur de ces bêtes, c’est une belle récompense. « Ça permet de justement valoriser notre élevage, le fait d’importer des bêtes au top. Il faut savoir que la race Brahmane n’avait pas une bonne réputation en Calédonie, on montre qu’on peut apporter des bêtes très dociles et qui sont capables de rivaliser avec toutes autres races » explique Tony Gilles, sélectionneur Brahmane. Originaire de Koné, Tony Gilles, propriétaire d'Oliver et Parfaite, n’est pas né de parents éleveurs. Sans aucun foncier au départ, il s’est lancé dans l’élevage, et plus récemment dans la sélection, avec son épouse. Le voilà aujourd’hui reconnu par ses pairs, et fier d’avoir apporté ses lettres de noblesse à la race Brahmane.
 

Des carcasses qui impressionnent 

Il y a des concours qui se jouent bien avant le jour J puisque mercredi dernier, les plus belles carcasses bovines étaient jugées, à l’abattoir de l’OCEF, à Bourail, par des éleveurs, des bouchers et des membres du personnel de l’OCEF…. Au total, 18 carcasses de bovins, 12 carcasses de veaux… les meilleurs produits du pays, puisqu’elles ont une « belle graisse ». « On voit que c’est des bêtes qui ont été préparées pour le concours, ce n’est pas une bête que l’éleveur a été cherché au hasard dans son pré; il a du l’identifier il y a un an déjà et il maximise le potentiel de son animal en le nourrissant »  indique Matthieu Ottogali, directeur adjoint de l'OCEF, section viande.

Pour noter les carcasses, le jury s’appuie sur plusieurs critères : la conformation de l’épaule et de la cuisse, le poids et l’état d’engraissement. Cette année, le jury est impressionné par la qualité de la viande.
 

Il y a vraiment une évolution depuis ces dernières années, avec tous les concours que l’on fait, les agriculteurs travaillent de plus en plus et ils font vraiment du bon boulot.
- Hans Biret, boucher.

 

Et la carcasse gagnante pèse 518 kilos, c’est un boeuf limousin et le plus impressionnant c’est le ratio entre le poids vif de l’animal et le poids carcasse de 69%.  « Ça met en avant le travail qui est fait tout au long de l’année par les équipes. Le boeuf vient de la station de Nassandou et donc ça met en avant la race limousine, que nous élevons depuis plusieurs centaines d’années et ça met en avant le travail de qualité qui va se retrouver dans l’assiette du consommateur » explique Nicolas Pebay, directeur "Agrical Ballande" 
 

Une oie parfaite

D’une tonne à la poule de 2 kilos, à la foire de Bourail, on peut découvrir les plus beaux animaux du pays. A Nekou par exemple, à la sortie Nord de Bourail, chez Christophe Puech, éleveur avicole, ses plus beaux produits sont des oies de Guinée. Cela fait 15 ans que ce passionné tente d’obtenir une oie parfaite, répondant aux critères des standards de la race et c’est loin d’être facile. « La force de sélection, sur deux générations, il sort des becs noirs et plus trop de défauts du coup il ne me reste plus qu’à travailler la bosse » explique l’éleveur. 

L’oie doit en effet avoir une bosse assez haute, ronde avec un liseré blanc autour du bec et la bonne couleur. Ses espoirs pour améliorer ses bêtes : la reproduction. Les oies ne pondent que six à huit oeufs par an et ne sont pas de très bonnes couveuses alors Christophe Puech met toutes ses chances de son côté. « La difficulté c’est de partir d’une oie qui est complètement croisée et la ramener à un standard de la race parce qu’on n’a pas de souche pure en Calédonie et c’est difficile de ramener à la génétique de base » indique-t-il.

C’est un véritable travail de passionné, indispensable à la préservation des palmipèdes. « Plus on va avoir à ramener la génétique à la sélection, plus on va avoir une race forte qui va rester » conclut Christophe Puech.

Retrouvez la page spéciale "Foire de Bourail" réalisée par Camille Mosnier, Gaël Detcheverry et Cédric Desbois.
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