Centre Nord, les débuts
Sur la terrasse de la maison familiale, Moka, survêtement d'entraîneur sur les épaules, étale des photos de son fils au bout de la table où il est installé. Un cliché, datant de plus de dix ans, montre déjà Dominique en train de porter les ballons d'entraînement de son équipe, dans un sac. Du plus loin qu'il se souvienne, le père du sélectionneur des U17, l'a toujours vu au service des autres, du groupe.
"Après les matchs du club de la tribu, Centre Nord, Dominique lavait les maillots, puis marchait dessus pour les faire dégorger. S'il fallait aider un voisin, il se rendait disponible, et revenait ensuite en faire de même à la maison".
Le gamin traînait toujours dans les jambes de son paternel, éducateur très investi sur l'île de Lifou. Mordus de ballon rond, l'un comme l'autre se dépensaient sans compter.
"Moka partait en pick-up et faisait du ramassage sportif dans toutes les tribus. Les enfants courraient derrière la benne pour pouvoir monter, et participer à l'entraînement.
Dominique, lui, continuait de courir, même après la séance. Il faisait des tours de terrain supplémentaires. Et parfois même, allait jusqu'à Wanaham. Il ne s'arrêtait jamais" témoigne un cousin.
Direction Tahiti, à 18 ans
Après avoir fait ses armes à Centre Nord puis Inter-Wetr, Dominique accepte de partir en Polynésie pour progresser. Il n'a que 18 ans lorsqu'il quitte le cocon familial et le territoire. Un pas que peu de joueurs calédoniens osent franchir.
Le milieu défensif joue d'abord pour l'AS Temanava sur l'île de Mooréa, puis l'AS Venus à Mahina. Sur le terrain, comme depuis son plus jeune âge, il s'affirme comme un "guerrier".
"Il n'a jamais peur. Ce n'est pas quelqu'un qui se laisse intimider. Sur, et en dehors des terrains. D'ailleurs à Tahiti, ses coéquipiers lui avaient réservé une petite fête pour son dixième carton rouge en championnat (rires), se souvient, hilare, son papa.
La CFA2 et la sélection cagoue
En 2002, le gamin de Hnacaöm passe un cap supplémentaire. Il part découvrir les championnats métropolitains, à l'autre bout du monde. D'abord la division d'honneur, pendant cinq ans au FC Déolois en tant que joueur, et coach des moins de 18 ans. Ensuite, le championnat de France amateur deuxième niveau, au Bourges 18 et au SNID. Conseillé par les plus anciens, il apprend à calmer sa fougue.
"Ils m'ont fait comprendre que mon agressivité et mes cartons pénalisaient le groupe. Avec un rouge, je laissais mes coéquipiers dans le dur, à dix contre onze".
Un caractère de battant qui sait aussi séduire. Le coach d'Imphy-Decize en avait fait sa priorité de recrutement en 2011. Il expliquait pourquoi au Journal du Centre :
"Lui, je le voulais vraiment. Il est rugueux dans les duels et sait mettre le pied quand il faut. Et il peut jouer long"
>> Gaston Diamé, coach du SNID
C'est à cette époque qu'il intègre la sélection sénior de Nouvelle-Calédonie. Un parcours crescendo qui lui permet de goûter aux joies internationales ... et aux déceptions. Celle de la Coupe des Nations 2012 va le marquer profondément.
Le mirage de la Coupe des Confédérations
Juin 2012 à Honiara, aux îles Salomons, où se déroule la Coupe des Nations d'Océanie. Le tournoi est qualificatif pour la Coupe des Confédérations de la FIFA qui rassemblera, un an plus tard au Brésil, les champions des différents continents. Une occasion fantastique de se mesurer aux meilleurs sélections du monde. Dans le groupe A, les Cagous dominent le Vanuatu 5-2, avant de perdre in extremis 4-3 face à Tahiti, et d'écraser Samoa 9-0, pour finalement prendre la 2e place du classement. Les coéquipiers de Dominique Wacalie, repositionné en latéral droit, accèdent à la demi-finale contre des Néozélandais qu'ils n'ont jamais battu. Ils réalisent l'exploit : l'emporter, avec la manière, 2-0 !
L'exploit, puis la désillusion
Coachés par l'ancien international français Alain Moizan, les séniors cagous paraissent alors favoris pour s'offrir le titre, et s'envoler pour le Brésil. Ils viennent de faire tomber la meilleure équipe d'Océanie. Reste à terminer le travail contre des Tahitiens qui se sont imposés face à eux en poule. La méfiance est de rigueur. Et elle s'avérera justifiée. Chong Hue marque l'unique but de la rencontre dès la 11e minute. Fin d'un rêve. C'est Tahiti qui aura la chance de se mesurer aux doubles champions d'Europe et champions du monde espagnols, et à l'Uruguay de Luis Suarez, au Brésil.
"Je n'ai jamais regardé la vidéo de la finale de la Coupe des Nations d'Océanie. Ce souvenir est trop douloureux. Il l'est encore plus pour moi (NDLR : Il estime n'avoir pas assez bien défendu sur l'action du but). C'est fondateur dans ma volonté de porter les U17 au plus haut niveau possible".
>> Dominique Wacalie
Prendre le destin en main
Il aurait pu s'arrêter là. Finir sa carrière de joueur amateur en métropole, et passer à autre chose. Mais ce n'est pas dans son ADN. Il est donc allé plus loin dans sa soif d'apprendre, et de comprendre le jeu. Avec dans sa tête, l'idée de revenir au pays pour contribuer au développement du ballon rond. Dominique Wacalie a passé ses diplômes d'entraîneur via la Fédération française de football (BEES2), et effectué son stage final à Saint-Pierre et Miquelon, où il a conduit l'Association Sportive de Saint-Pierre à un doublé Coupe de l'archipel/championnat.
Puis il a été nommé directeur technique de la Fédération calédonienne, avant de prendre en main la sélection des moins de 17 ans, en avril dernier. A 35 ans.
Parcours exemplaire de quelqu'un qui se donne les moyens de ses ambitions, en travaillant sans relâche, sans rien réclammer.
Son rêve désormais :
"Battre le Honduras et pourquoi pas accrocher le Japon. Aller en 8e de finale du Mondial, je crois qu'on peut le faire".
>> Dominique Wacalie