France-Australie : les deux nations de nouveau main dans la main

Lundi 4 et mardi 5 décembre, la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, était en visite officielle en Australie, à l'invitation de son homologue australienne, Penny Wong. Les deux pays souhaitent construire "un partenariat renouvelé et ambitieux". De quoi enterrer définitivement l'"affaire" des sous-marins.

Elle semble bien loin, la crise des sous-marins. Lorsqu'en septembre 2021, contre toute attente, Sydney annulait un contrat de 56 milliards d'euros (6 600 milliards CFP) pour la livraison de sous-marins français en faveur de bâtiments américains, dans le cadre d'une nouvelle alliance, un froid glacial s'abattait sur les relations franco-australiennes.

Paris rappelait dans la foulée son ambassadeur à Canberra pour demander des explications, et Emmanuel Macron, le président de la République, traitait même le Premier ministre australien de l'époque, Scott Morrisson, de "menteur". Il a fallu attendre, l'année suivante, l'arrivée au pouvoir en Australie d'un nouveau Premier ministre, Anthony Albanese, pour voir les relations entre les deux pays se réchauffer et évoquer une "feuille de route commune".

Un document autour de trois piliers

Ce partenariat se concrétise avec la visite à Canberra, les lundi 4 et mardi 5 décembre, de la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, à l'invitation de son homologue australienne, Penny Wong.

Les deux nations ont apposé leur signature à un document donnant un cap à une étroite collaboration articulée autour de "trois piliers : la défense et la sécurité ; la lutte contre le changement climatique ; l’éducation et la culture".

  • Centre d'excellence franco-australien

Concrètement, il consiste en la création d'un Centre d’excellence franco-australien pour la région indopacifique, qui renforcera les liens et la coopération des deux pays dans la région et permettra l'élaboration de projets stratégiques prioritaires. Il prendra notamment la forme d'échanges universitaires, de collaborations entre experts qui fournira des données aux décideurs.

La transition énergétique serait, selon les diplomates des deux pays, un des axes forts de cette collaboration. Les connaissances technologiques et universitaires dans ce domaine seraient mises en commun afin d'aider toutes les initiatives destinées à réduire les émissions de gaz à effet de serre. "La France et l’Australie s’engagent au niveau ministériel pour renforcer leur coopération dans la région du Pacifique dans le domaine du climat et de l’environnement, notamment dans le cadre de leur travail avec d’autres nations du Pacifique. Elles examinent les moyens de faire face aux changements climatiques et de soutenir l’utilisation durable, la gestion et la conservation des ressources terrestres, forestières et océaniques en fonction des priorités de la région du Pacifique", affirme le document.

  • Coopération concernant les minerais "critiques"

Les minerais critiques, ce sont notamment le lithium, le cuivre, le nickel, le cobalt et les terres rares. Ces ressources sont essentielles au développement des nouvelles technologies et leur chaîne d'approvisionnement est susceptible d'être perturbée. La France et l'Australie s'engagent à coopérer afin de sécuriser leur approvisionnement.

  • Renforcer les échanges dans le domaine de la défense

Ce volet de la coopération franco-australienne comprend notamment un accès mutuel aux installations militaires des deux pays dans la région. Objectif : permettre des actions conjointes plus complexes. La collaboration dans le domaine de l'industrie de défense est elle aussi renforcée.

Une collaboration qui prend corps au même moment, au travers du Sommet des ministres de la Défense du Pacifique Sud, qui se tient à Nouméa du 6 au 7 décembre 2023.

  • Coopération culturelle et historique

Une Fondation pour les échanges culturels franco-australiens en Australie et une Initiative culturelle australienne en France seront créées et donneront lieu à des résidences artistiques et des échanges.

Cette collaboration inclut une dimension historique, projetant notamment de numériser, de transcrire et de traduire les archives de l’expédition en Tasmanie de d’Entrecasteaux, à la fin du XVIIIe siècle, et la sensibilisation à ces archives, en consultation avec la communauté aborigène de Tasmanie. 

Les deux gouvernements envisagent également le rapatriement des restes humains des peuples aborigènes et des peuples insulaires du détroit de Torres se trouvant actuellement en France. Un comité d’experts sera chargé d’identifier l’origine des restes humains australiens présumés dans des collections publiques françaises. 

Les échanges de connaissances sur la diversité culturelle dans la région indopacifique devraient également être renforcés.

  • Coopération dans l’Antarctique et l’océan Austral

Ce partenariat concerne principalement les activités de recherche scientifique, notamment sur le climat afin de mieux comprendre les processus de changements climatiques et l'écosystème marin de la région.

  • Coopération spatiale

Les activités spatiales font également partie de cette feuille de route commune, afin de poursuivre les collaborations en termes d'observation de la planète et de partenariats commerciaux.

  • Collaboration sportive

Objectifs : échanger des savoir-faire dans les domaines de l'organisation de grands événements (infrastructures, sécurité, transport...). Ces échanges s'appuieront notamment sur l’organisation de la Coupe du monde de rugby et des Jeux olympiques et paralympiques par la France en 2023 et en 2024. L'Australie organisera les mêmes événements en 2027 et en 2032.

Retrouvez Marianne Murat, correspondante de NC la1ère en Australie 

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