Gérald Darmanin : "On doit sortir de l'incertitude" et "garder la Calédonie dans la France puisque ça a été choisi comme ça par les Calédoniens"

Gérald Darmanin interrogé par NC La 1ère le dimanche 5 mars à la fin de sa visite, menée au pas de charge sur le Caillou
Le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, boucle ce dimanche ses trois jours de visite en Nouvelle-Calédonie. Un déplacement notamment pour renouer le dialogue avec les indépendantistes, mais aussi pour aborder plusieurs dossiers importants comme le dégel du corps électoral ou le nickel. Invité du journal de ce 5 mars, voici les temps forts de cet entretien.

Après un rapide passage au Vanuatu et une poignée d'heures avant son départ, Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, fait un premier bilan de son déplacement en Nouvelle-Calédonie. 

"Tendre la main"

Trois mois après sa dernière visite en décembre 2022, la reprise du dialogue avec les indépendantistes, notamment avec cette bilatérale au lendemain du congrès du FLNKS, faisait partie des priorités de ce déplacement. Selon Gérald Darmanin, l'Etat a "tendu la main lors de cette réunion, il a proposé un calendrier, une méthode de travail [...] Et je crois que cette main a été serrée." 

Le ministre invite d'ailleurs les représentants des deux camps à se rendre à Paris en avril pour discuter de l'avenir de la Nouvelle-Calédonie. "J'espère que nous pourrons tenir à Nouméa ou à Paris une trilatérale." Il annonce également qu'il reviendra début mai avec Jean-François Carenco, ministre délégué chargé des Outre-mer. Enfin, "le président de la République viendra en Nouvelle-Calédonie cet été", ajoute Gérald Darmanin. 

"Garder la Calédonie dans la France"

Selon le ministre, après trois référendums et 30 ans de discussions, les Calédoniens ont choisi de rester dans la France. "On doit sortir de l'incertitude. Garder la Calédonie dans la France puisque ça a été choisi comme ça par les Calédoniens. Et respecter la trajectoire qui avait été définie par l'Accord de Nouméa, avec une autonomie de plus en plus grande."

Pour le ministre, il faut réfléchir aux institutions et au projet à porter pour la Nouvelle-Calédonie. Il estime qu'il y a une fenêtre de tir : celle de la réforme constitutionnelle proposée par le président de la République en début d'année 2024. "Nous avons cinq mois pour travailler intensément."

Trouver un accord pour modifier le corps électoral

Autre dossier important : le corps électoral, qui va "forcément" être modifié, selon le ministre, "puisque cette séquence des trois référendums est finie". Gérald Darmanin rappelle lors de cet entretien que "c'est le droit constitutionnel et même le droit européen".

"Nous devons comprendre que désormais ce corps électoral doit être dégelé".

Avec cette précision :"Nous ne sommes pas favorables, a priori, à l'ouverture général du corps électoral, mais il faut discuter d'un accord politique." Faute de quoi, le gouvernement national prendra ses responsabilités, assure t-il. "Nous ne convoquerons pas les électeurs calédoniens aux provinciales avec un corps électoral restreint." 

"Nous tiendrons les élections à l'heure en mai 2024 avec un corps électoral qui sera modifié. Nous cherchons un accord, notamment avec les indépendantistes.

Gérald Darmanin : "Le corps électoral doit être dégelé

Une mission parisienne au chevet de l'industrie minière

Le nickel est l'autre gros dossier de cette visite. "Alors que tous les autres pays du monde arrivent à vivre du nickel, la Calédonie n'y arrive pas."  Un groupe technique sur le nickel a été organisé ce dimanche après-midi en présence de Paul Néaoutyine, président de la province Nord, et Sonia Backès, présidente de la province Sud. "L'Etat français a aussi dit qu'il ne pourrait pas continuer à verser de l'argent sans qu'on réfléchisse à une vraie stratégie", insiste le ministre.

Une mission parisienne arrive ce mercredi 8 mars pour aider la Calédonie pendant trois mois. Ses missions, établir un constat général et formuler des propositions de scenarii. "On doit se revoir rapidement pour étudier ces scenarii, à Paris, puis en Nouvelle-Calédonie."